Bali va-t-il imposer des quotas pour les touristes étrangers?

C’est une rumeur persistante dans le monde du tourisme, d’autant que les Balinais se plaignent de plus en plus du tourisme de masse. 
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L’iconique île de Bali va-t-elle se fermer en partie aux touristes, sur le modèle de Venise, des temples d’Angkor ou encore de Maya Bay en Thaïlande? L’île des Dieux recevait avant la crise du Covid-19 6,3 millions de touristes. Elle en a accueilli l’an dernier 2,1 millions, soit donc le tiers des chiffres d’avant la pandémie. Et pourtant, les voix se multiplient sur l’île pour désormais contrôler les flux de voyageurs.

En fait, Bali réalise désormais les «pour» et les «contre» d’un développement massif autour du secteur touristique. Le tourisme est la principale ressource de la province. Le tourisme balinais générait avant crise 10 milliards de dollars US de recettes, soit la moitié de toutes les recettes touristiques de l’Indonésie. Selon le ministre du Tourisme et de l’Economie créative, Sandiaga Salahuddin Uno, Bali est même la deuxième source de devises étrangères pour l’Indonésie, après le pétrole et le gaz.

La crise sanitaire a fait plongé l’économie de l’île avec l’explosion du chômage et de la pauvreté. Le PIB a chuté de près de 10% en 2020 même s’il a de nouveau progressé au total de près de 7% en 2021 et 2022. Compte tenu du rôle important de Bali dans le tourisme indonésien, le gouvernement a accordé la priorité à Bali pour la relance du tourisme à Bali.

Dégradation de l’environnement

Sauf que les Balinais se plaignent de plus en plus d’un tourisme bas de gamme, qui peu à peu détruit les fondements même de la société balinaise. Le tourisme de masse, tel que Bali le connaît depuis 20 ans, a déjà conduit à la dégradation de l’environnement, comme la pollution plastique sur les plages ou des embouteillages endémiques dans le sud de l’île, populaire auprès des touristes.

Mais depuis la réouverture, les incidents se multiplient avec des touristes peu soucieux des populations locales. Accidents de moto, insultes, non-respect des lieux sacrés ont fini par excéder les Balinais. De telle sorte que le Gouverneur de la Province a même demandé à ce que le gouvernement révoque le visa à l’arrivée pour les Russes et Ukrainiens, qui sembleraient être la source de nombreux problèmes de comportement.

Sans stigmatiser une population particulière, le gouvernement provincial prépare désormais un règlement régional sur l’imposition d’un quota pour les arrivées de touristes étrangers. Selon le gouverneur de Bali, Wayan Koster, le contrôle du tourisme visera à empêcher le tourisme de masse. Et aussi, en augmentant soit le prix du visa (actuellement de CHF 32), soit en imposant une taxe de séjour élevé, promouvoir Bali pour des touristes de qualité.

Inscription un an à l’avance

Le système de quotas, tel qu’envisagé pour les touristes étrangers, demanderait de s’inscrire jusqu’à un an à l’avance et obtenir un numéro d’autorisation pour se rendre dans l’île. Un montant minimum de fonds sur un compte serait également demandé aux touristes étrangers qui souhaiteraient venir à Bali.

Ce projet de quota de touristes étrangers à Bali a déjà réçu le soutien du ministère du Droit et des Droits de l’homme dans la province de Bali. Le ministère a déjà pris des mesures plus strictes contre les touristes étrangers créant des nuisances. Depuis que Bali a rouvert ses portes aux touristes internationaux de mai 2022 à décembre 2022, 194 ressortissants étrangers ont été expulsés. Entre janvier à avril 2023, le bureau de l’immigration de Bali a expulsé 101 ressortissants étrangers supplémentaires. Le plus grand nombre étant d’ailleurs des touristes russes.

(Luc Citrinot, Bangkok)