Une paix fragile qui inquiète

L’entreprise A3M attire l’attention sur les menaces de conflit dans les Balkans, du côté de Taïwan et en Corée du Nord.
© Mohamed Hassan / Pixabay

Alors que le secteur se remet peu à peu de la pandémie et que le monde s’est pratiquement rouvert aux voyages, professionnels ou d’agrément, certains foyers couvent. C’est du moins ce que relève l’entreprise A3M, spécialisée dans l’alerte de crise. Alarmisme ou analyse pertinente? Seul l’avenir pourra nous le dire.

Après de nombreux problèmes tels que des grèves et des annulations de vols en juin et juillet, la situation s’est stabilisée en août. Malgré la guerre en Ukraine, la plupart des voyageurs peuvent planifier leur voyage. Les menaces de conflits dans les Balkans, à Taïwan et en Corée du Nord pourraient toutefois avoir des répercussions sur le monde du voyage dans un avenir proche ou moyen.

«Depuis le début de la pandémie, nous sommes confrontés à d’énormes défis pour le monde», explique Samed Kizgin, Head of Travel Security Analyst Team chez A3M. «Les conséquences de la Covid-19 et du réchauffement climatique entraînent une confusion et une vulnérabilité qui font que les conflits s’enflamment dangereusement dans certaines régions. La guerre de la Russie contre l’Ukraine en est l’exemple le plus connu, mais il est loin d’être le seul.»

Inquiétude dans les Balkans

L’équipe d’experts s’inquiète par exemple de la situation dans les Balkans, où l’on observe actuellement des tensions accrues entre la Serbie et le Kosovo. Celles-ci sont principalement dues au conflit interne entre la majorité albanaise au Kosovo et la minorité ethnique des Serbes dans le pays, qui représentent environ cinq pour cent de la population. Depuis la fin de la guerre dans les années 90, la Serbie ne reconnaît pas son voisin en tant que nation et les deux pays s’accusent constamment de ne pas respecter les accords politiques.

La situation est également tendue en Bosnie. Des Bosniaques ainsi que des citoyens d’origine serbe et croate y vivent. Les représentants politiques de ces deux derniers groupes ethniques font pression pour un remodelage du pays avec des revendications territoriales correspondantes. Dans le cas du Kosovo comme de la Bosnie, le président russe est, comme on pouvait s’y attendre, favorable à ces projets, car il y voit une opportunité de déstabilisation.

Tensions en Méditerranée orientale

Il existe en outre un potentiel de conflit entre la Turquie et la Grèce. L’une des raisons est la recherche de gisements de gaz en Méditerranée orientale. La Grèce s’est vue provoquée à plusieurs reprises par des explorations menées par des navires battant pavillon turc. Les revendications territoriales des deux pays se concentrent notamment sur les zones situées entre la côte turque et les îles grecques.

Cette querelle est également liée à la Russie. Dans un contexte de réduction des livraisons de gaz, la Méditerranée orientale prend de plus en plus d’importance, que l’extraction dans cette région soit rentable ou non. De son côté, la Turquie se sent provoquée dans le conflit par le stationnement de troupes et d’armes sur certaines des îles grecques situées à proximité immédiate de la côte.

Sources de conflit en Extrême-Orient

A3M voit également des tensions inquiétantes en Asie, en particulier autour de Taïwan. La visite de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des USA a fortement déplu à la Chine qui, depuis, mène des manœuvres militaires à grande échelle au large des côtes de Taïwan. Une situation «normale» pour la Chine puisqu’elle ne reconnaît pas l’indépendance de l’île du Pacifique.

Enfin, le ton de la Corée du Nord à l’égard de la Corée du Sud s’est récemment durci. Le dirigeant Kim Jong-un avait récemment contracté la Covid-19. Sa sœur avait alors rendu le pays voisin responsable de la dernière épidémie de pandémie dans le pays et avait laissé entendre qu’il avait envoyé des ballons remplis de virus de l’autre côté de la frontière.

«La paix dans certaines régions du monde est actuellement extrêmement fragile», résume Samed Kizgin. «Il reste à espérer que les conflits mentionnés en restent pour l’instant à des paroles marquantes. Mais le monde ne devrait en aucun cas sous-estimer les signes avant-coureurs.»

(Business Traveltip)