Voyageurs insatisfaits en Amérique du Nord

Une nouvelle enquête dévoile des préoccupations liées notamment aux perturbations, à la santé mentale et à la sécurité.
© Oliver Rossi/Corbis

L’enquête Opinium a été commandée par World Travel Protection (WTP), l’une des principales organisations mondiales de gestion des risques liés aux voyages. Menée auprès de voyageurs d’affaires révèle les principales préoccupations des voyageurs d’affaires américains et canadiens en matière de sécurité dans «le monde d’après».

Parmi les principales conclusions, il ressort qu’un tiers seulement des voyageurs d’affaires en Amérique du Nord se disent heureux de voyager à nouveau pour le travail (Canada 36% ; USA 33%). Ils sont encore moins nombreux à penser que les voyages sont «essentiels» pour leur travail aujourd’hui (USA 31% ; Canada 23%).

30% des voyageurs d’affaires américains et 25% des Canadiens se disent plus préoccupés par leur santé et leur bien-être lorsqu’ils voyagent aujourd’hui qu’avant la pandémie – beaucoup déclarent se sentir stressés, épuisés, avoir le mal du pays et être anxieux.

Seule une petite majorité de voyageurs d’affaires pense que leur organisation serait en mesure de les aider en cas d’urgence (60% des voyageurs d’affaires américains et 54% des Canadiens) lorsqu’ils voyagent à l’étranger.

Les retards et les perturbations sont la principale source d’inquiétude (USA 82% ; Canada 78%), de même que le fait de contracter la Covid-19 et de devoir s’isoler (USA 70% ; Canada 70%) et de perdre un téléphone ou un ordinateur portable (USA 69% ; Canada 69%).

Parmi les autres préoccupations, citons le piratage à l’aide d’un réseau Wi-Fi non sécurisé (USA 76% ; Canada 63%), le fait d’être victime d’un crime (USA 72% ; Canada 66%) et les menaces géopolitiques (USA 69% ; Canada 63%).

La santé mentale au cœur des préoccupations

Près d’un tiers des voyageurs d’affaires américains (30%) et un quart des Canadiens (25%) se disent plus préoccupés par leur santé et leur bien-être lorsqu’ils voyagent qu’avant la pandémie. Lorsqu’ils voyagent pour le travail, beaucoup déclarent se sentir stressés (41% aux USA, 30% au Canada), épuisés (38% aux USA, 30% au Canada), avoir le mal du pays (32% aux USA, 28% au Canada) et être anxieux (31% aux USA, 27% au Canada).

Le mal du pays et la détérioration de la santé mentale sont de plus en plus prononcés chez les voyageurs depuis la pandémie, déclare le Dr Joel Lockwood, médecin en chef, Canada, World Travel Protection.

«Le stress lié au voyage et à l’éloignement des réseaux de soutien traditionnels est un défi pour de nombreuses personnes, et cette situation est aggravée par l’épuisement créé par la pandémie. La gravité des épisodes et la brièveté de leur apparition sont certainement des éléments clés à surveiller.»

La sécurité préoccupe plus les femmes

Près de 7 voyageurs d’affaires sur 10 reconnaissent que voyager pour le travail en tant que femme est moins sûr que voyager en tant qu’homme (USA 67% ; Canada 67%).

Environ un quart des personnes interrogées préfèrent ne pas se rendre dans des pays où les droits des femmes ne sont pas protégés (USA 25% ; Canada 27%), mais les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à partager ce sentiment (USA 31% de femmes contre 20% d’hommes ; Canada 44% de femmes contre 12% d’hommes).

Une majorité de voyageurs d’affaires déclarent qu’ils aimeraient que leur employeur vérifie plus souvent s’ils sont en déplacement (USA 61% ; Canada 50%). Notamment, trois quarts d’entre eux déclarent qu’ils refuseraient un voyage d’affaires s’ils n’étaient pas convaincus que leur employeur accorde la priorité à leur sécurité (USA 78 % ; Canada 74 %).

Méfiance vis-à-vis de l’employeur

Seule une petite majorité de voyageurs d’affaires pensent que leur entreprise serait en mesure de les aider en cas d’urgence (USA 60% ; Canada 54%) ou d’assistance médicale (USA 57% ; Canada 50%) lors d’un voyage à l’étranger. Encore moins de voyageurs d’affaires pensent que leur entreprise les aiderait s’ils perdaient leur passeport et/ou leur argent (USA 49% ; Canada 40%), en cas d’événement météorologique majeur ou de catastrophe naturelle (USA 44% ; Canada 40%), ou en cas d’incident domestique (USA 41% ; Canada 31%).

Nombreux sont ceux qui prennent eux-mêmes certaines mesures de sécurité. Les voyageurs d’affaires déclarent toujours s’assurer que leur famille ou leur travail sait où ils se trouvent à tout moment (USA 46% ; Canada 42%), ne pas voyager ou sortir seuls la nuit (USA 24% ; Canada 27%) et veiller à porter une alliance, même si elle est fausse, pour éviter toute attention indésirable (USA 23% ; Canada 15%).

Certains admettent également qu’ils placent un obstacle contre la porte de leur chambre d’hôtel pour arrêter les intrus (USA 22% ; Canada 12%). Un chiffre qui, aux USA, est bien supérieur à la moyenne observée dans une enquête également commandée par la WTP, peu avant la Journée internationale de la femme, le 8 mars dernier (disponible ici).

Entreprises peu formatrices

Alors qu’une majorité de voyageurs d’affaires déclarent que leur employeur se préoccupe de leur bien-être lorsqu’ils voyagent (USA 78% ; Canada 70%), moins de 3 sur 10 disent qu’ils reçoivent des conseils pratiques avant le voyage, comme un numéro à appeler en cas de problème (USA 29% ; Canada 24%), un briefing complet sur la destination (USA 28% ; Canada 22%), ou des informations sur ce qu’il faut faire en cas d’accident (USA 28% ; Canada 21%).

«Ce que certains employeurs ne comprennent peut-être pas, c’est qu’ils ont un devoir de diligence, ou une obligation légale, de prévenir leurs employés des risques raisonnablement prévisibles», déclare Grace Patenall, directrice juridique mondiale de World Travel Protection.

«Cela implique la mise en place d’une politique de gestion des risques liés aux voyages (TRM), avec des étapes stratégiques solides qui reflètent les réalités du paysage changeant et protègent le bien-être de leurs employés qui voyagent.»

Elle poursuit: «Les organisations qui n’ont pas de stratégie de gestion des risques liés aux voyages ou qui n’en font pas part à leurs employés en déplacement avant leur départ mettent en danger non seulement leurs voyageurs, mais aussi la réputation de l’organisation.»
Perceptions erronées des voyageurs

Il est inquiétant de constater qu’en cas d’urgence lors d’un voyage, les voyageurs d’affaires nord-américains sont mal informés sur ce qu’ils peuvent attendre de leur ambassade et de leur gouvernement. Alors que près de trois quarts d’entre eux pensent que leur ambassade les aidera à obtenir un traitement médical en cas de besoin (USA 73% ; Canada 70%) et qu’une majorité pense que leur gouvernement paiera pour les ramener chez eux (USA 62% ; Canada 55%), ce n’est pas toujours le cas.

«Il peut y avoir des idées fausses sur le type de soutien apporté par les ambassades et les gouvernements», déclare Frank Harrison, directeur régional de la sécurité pour l’Amérique du Nord chez World Travel Protection. «Malheureusement, si les ambassades et les gouvernements peuvent fournir certains services, comme une liste de médecins et d’hôpitaux, ils ne prennent généralement pas de décisions concernant les soins médicaux d’un voyageur et ne paient pas pour son évacuation.»

Applications efficaces, mais peu utilisées

Si sept voyageurs d’affaires sur dix déclarent que leur entreprise leur fournit une application d’assistance aux voyageurs (USA 79% ; Canada 69%), très peu indiquent qu’ils sont tenus de l’utiliser (USA 11% ; Canada 7%). En outre, même lorsque leur entreprise les encourage à télécharger une application d’assistance aux voyageurs, seul un faible pourcentage de voyageurs déclare l’avoir fait (USA 21% ; Canada 21%).

Frank Harrison: «Les organisations et leurs voyageurs doivent savoir qu’il existe désormais une technologie qui leur permet d’adopter une approche beaucoup plus proactive pour protéger les voyageurs et les aider à comprendre exactement à quoi s’attendre à leur destination et s’il y a des risques.»

Les avantages sont considérables, ajoute-t-il. «Grâce à une application de voyage sécurisée téléchargée sur le téléphone d’un voyageur, les organisations peuvent être en contact avec les voyageurs immédiatement, où qu’ils soient, et réagir en temps réel pour localiser, communiquer, assister et éventuellement extraire des personnes au-delà des frontières, des fuseaux horaires et des gouvernements.»

La principale raison pour laquelle les voyageurs d’affaires n’utilisent pas l’application d’assistance fournie par leur entreprise est leur propre confiance en leurs connaissances de la destination (USA 32% ; Canada 25%), suivie par le fait qu’ils ne pensent pas en avoir besoin étant donné qu’ils ne voyagent que dans des zones qu’ils considèrent comme «sûres» (USA 27% ; Canada 24%) et qu’ils voyagent toujours en groupe (USA 22% ; Canada 14%).

Parmi les autres raisons pour lesquelles les voyageurs n’utilisent pas d’applications d’assistance, citons les inquiétudes concernant la confidentialité des données et la crainte d’un risque de cybersécurité (USA 21% ; Canada 16%), le fait de ne pas vouloir partager des données avec une entreprise extérieure (USA 20% ; Canada 19%) et le fait de ne pas vouloir que leur entreprise sache où ils se trouvent lorsqu’ils sont en voyage d’affaires (USA 19% ; Canada 14%) ou lorsqu’ils prennent du temps ou des jours personnels (USA 18% ; Canada 14%).

Pour Frank Harrison, l’environnement dans lequel évoluent les voyageurs est plus risqué que jamais. Des lieux autrefois «sûrs» ne sont pas à l’abri d’événements climatiques imprévisibles, de troubles liés à l’instabilité économique, d’une augmentation de la criminalité, et bien d’autres choses encore. «Les applications d’assistance aux voyageurs sont un moyen d’assurer la sécurité des voyageurs et de les aider en cas d’urgence.»

(Business Traveltip)