Easyjet veut de la croissance, certes, mais pas nécessairement à n’importe quel prix

La compagnie aérienne sait se vendre, mais dans les faits, sa logique opérationnelle montre des tentatives de concilier questions environnementales et hausse des revenus.
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Le mois dernier, Easyjet a pris livraison de son premier A321neo et en a profité pour le présenter dans le cadre du salon international de l’aéronautique de Farnborough (Royaume-Uni). Lors de la conférence de presse organisée en présence de Gaël Meheust, Président de CFM International (motorisation de l’appareil), Johan Lundgren, CEO d’Easyjet, et Tom Enders, CEO d’Airbus, les trois partenaires ont rappelé les mérites de ce nouvel appareil: moins bruyant, moins polluant, mais avec une capacité accrue (30% de sièges en plus que l’A320 et 50% de plus que l’A319).

QUI DIT APPAREIL PLUS GRAND, dit plus de confort? Pas nécessairement. La plus grande capacité de cet appareil permet à Easyjet d’avoir davantage de sièges, et certains participants à la présentation n’ont pas manqué de remarquer que les sièges semblaient moins spacieux que sur certains appareils. Pour la compagnie aérienne, l’autre avantage de cet avion réside dans son potentiel d’économie. Ses coûts sont en effet réduits de 9% par rapport à l’A320 et 21% par rapport à l’A319. Une performance découlant d’une consommation de carburant réduite de 15% par rapport à l’A320 en termes de passagers-kilomètres.

La grande capacité de l’A321neo en fait un appareil idéal pour les opérations au départ de Londres-Gatwick où certaines lignes sont très demandées, notamment sur l’Espagne continentale et sur ses îles.

LA FRANCE MONTRÉE DU DOIGT Les résultats de la période d’avril à juin 2018 sont jugés solides avec d’excellents revenus passagers et ancillaires. Mais les perturbations qui ont frappé l’Europe pèsent lourd. En effet, les coûts inhérents aux grèves des contrôleurs aériens en France et ceux découlant des intempéries ont connu une hausse de près de £25 millions (un peu moins de CHF 32,4 millions).

Trois partenaires: Gaël Meheust, Président CFM International, Johan Lundgren, CEO Easyjet, et Tom Enders, CEO Airbus.

En termes opérationnels, la compagnie dénombre 2606 vols qui ont été annulés, contre 314 pour la même période de 2017. Easyjet a dû réserver 70 000 chambres d’hôtels pour ses passagers durant cette période.

C’EST LA RAISON pour laquelle Easyjet s’est jointe à l’International Airlines Group (IAG), Ryanair et Wizz Air pour déposer une plainte auprès de la Commission européenne contre la France. Motif invoqué: les grèves des contrôleurs du trafic aérien limitent le principe fondamental de la libre circulation au sein de l’Union européenne (UE). Comme l’a indiqué Johan Lundgren lors de la conférence de presse du bilan, il n’est pas question de remettre en cause le droit de grève, mais d’assurer un service minimum qui ne pénalise pas les passagers en survol d’un territoire où un conflit social est en cours. À titre indicatif: Eurocontrol estime que plus de 2 millions de passagers ont été touchés par les grèves des CTA en juin.

«Nous avons engagé un dialogue constructif avec l’UE et le gouvernement français pour résoudre le problème des actions des CTA. Malheureusement, nos passagers ont peu ressenti l’impact des progrès effectués jusqu’ici, et c’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de passer à l’étape suivante, en particulier en raison de l’action industrielle soutenue qui a, à ce jour, duré 29 jours.»

Cédric Diserens