Opinion: Non Monsieur Lüscher, l’agent de voyage n’est pas obsolète!

La radio RTS a consacré un épisode de son émission Quinze Minutes au «Blues des agents de voyage».

Depuis quelques semaines, la branche des voyages se fait (enfin) entendre dans les médias grands publics de Suisse romande, qu’il s’agisse de la presse écrite, de la radio ou de la télévision. Si à force de travail, tant en coulisse que sur scène, les efforts laissent entrevoir une lueur d’espoir avec une aide d’urgence ou de cas de rigueur qui doit être discutée cette semaine pour plusieurs secteurs, dont celui des agences de voyages et tour-opérateurs.

Samedi 5 septembre dernier, la radio RTS diffusait un épisode de son émission Quinze Minutes qui a merveilleusement mis en lumière l’absurdité de la situation des agences: aucune recette, mais une masse de travail considérable entre les gestions d’annulations et de report. Un service «après-vente» totalement gratuit que mettent en lumière Yves Degallier et Sandra Poget de L’Atelier du Voyage. Mais le sujet a également révélé le manque de connaissance de cette réalité par certains politiciens, à l’instar de Christian Lüscher, Conseiller national et président de la Commission de l’économie.

Interrogé dans le cadre de l’émission Quinze Minutes, il déclare que le métier va devoir changer et que le marché se fera certainement «de plus en plus petit». Il tente même une comparaison avec le métier de maréchal-ferrant au début du 20e siècle. Cette déclaration n’a pas manqué de faire bondir plus d’un professionnel. Sur Facebook, certains n’ont pas manqué de réagir, à l’instar de Valbone Hoxha qui relève très justement: «Notre métier, comme beaucoup d’autres, a changé, évolué et cela bien avant le covid. Aussi, nous n’avons aucun doute sur notre capacité à nous adapter à l’après covid

Elle ajoute: «Nous n’avons donc pas besoin de nos politiques pour nous expliquer notre métier et nous dire s’il a de l’avenir ou non… Nous avons besoin de nos politiques pour nous trouver des solutions afin de tenir et passer au travers de cette crise que nous subissons de plein fouet.» Par ailleurs, la comparaison à un métier devenu obsolète ne s’applique absolument pas ici, les voyages étaient sur la pente ascendante en début d’année.

Cette déclaration totalement déplacée de Christian Lüscher fait écho à une autre remarque, celle de Hans Stöckli, Président du Conseil des États, qui s’était déplacé en Valais en compagnie d’Isabelle Moret, Présidente du Conseil National. Lors de la rencontre avec Dominique Evéquoz (président du GVAV et Discovery 2.0), François Buchard et Nicolas Emery (Buchard Voyages), Hans Stöckli avait alors demandé s’il n’était pas temps d’assainir la branche du voyage en Suisse.

Si ces déclarations sont ponctuelles, elles montrent à quel point le métier manque d’une visibilité concrète hors de la branche. Il sera aussi urgent de repenser le métier et de «valoriser», monétairement parlant, la «valeur ajoutée» tellement promue depuis des années. On dit que «tout travail mérite salaire», l’adage ne semble pourtant pas s’appliquer dans le cas des agences.