
Les prévisions d’Airbus, de Boeing et de l’IATA sont sans appel: si leurs scénarios de croissance se poursuivent, le trafic aérien mondial aura doublé d’ici à 2050, rappelle L’Echo touristique. Une expansion qui s’accompagnera d’une augmentation de près de 60% de la consommation de carburant par rapport à 2019.
En conséquence, d’après une étude de l’organisation Transport et Environnement (T&E), les efforts climatiques des compagnies aériennes et des constructeurs seraient anéantis. Alors que l’industrie entière et l’Union européenne se sont donnés pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, T&E estime que les émissions du secteur aérien européen ne baisseront que de 3% à la même échéance, « si le scénario de l’industrie se réalise».
Si l’industrie mise sur les carburants alternatifs, notamment le SAF (sustainable aviation fuel), leur impact reste encore très limité. Même avec 42% de SAF dans les réservoirs en 2049, le secteur brûlera encore autant de kérosène fossile qu’en 2023, avec l’augmentation prévue du trafic, estime le rapport de T&E.
Les biocarburants, souvent issus de matières premières peu durables comme l’huile de palme, représentent une solution discutable, pour l’organisation. «En ce qui concerne les biocarburants, l’analyse de T&E montre que l’aviation européenne prévoit d’en consommer 24,2 millions de tonnes en 2050. Mais 80% de ce volume risquerait alors de provenir de matières premières qui ne sont pas durables, comme les dérivés de l’exploitation de l’huile de palme», indique le communiqué de T&E. Quant aux carburants de synthèse, leur production nécessiterait une quantité d’énergie électrique supérieure à la consommation annuelle de l’Allemagne en 2023.
Mesures drastiques préconisées
Même avec une croissance du trafic plus modérée, estimée à 1,4 % par an, T&E estime que les émissions atteindraient encore 79 millions de tonnes de CO₂ en 2050. L’organisation appelle ainsi à des mesures structurelles visant à maîtriser la croissance du trafic: stopper l’extension des aéroports, réduire de moitié les voyages d’affaires par rapport à 2019, mieux encadrer les déplacements des grands voyageurs et renforcer la fiscalité sur l’aviation.
Pour 2025, l’IATA prévoit un trafic mondial record de 5,2 milliards de passagers transportés. (TI)