Comme le veut la tradition, les hôtes portugais et les représentants touristiques insulaires ont souhaité la plus cordiale bienvenue aux décisionnaires de l’industrie touristique suisse, réunis à Madère pour l’AG 2024 de la FSV.
Madère est en effet en plein essor sur le marché suisse grâce aux liaisons aériennes au départ de Genève, Bâle et Zurich. Cette île unique au monde par ses conditions climatiques et la beauté de ses paysages séduit toujours davantage de personnes à la recherche d’une réelle plus-value lors de leurs voyages ou de leurs vacances.
Filipe Silva, directeur de Visit Portugal à Lisbonne, n’a d’ailleurs pas manqué de relever l’importance du marché helvétique que chapeaute avec succès la représentante du tourisme portugais basée à Berlin, Sandra Lorenz.
Construire les perspectives de demain
«C’est avec une immense joie que nous vous souhaitons bienvenue à cette assemblée générale qui se déroule dans ce cadre enchanteur, Madère, véritable écrin multi-facettes. Nous vous remercions chaleureusement d’avoir répondu présent aujourd’hui. Votre participation est une belle démonstration de votre engagement envers votre Fédération et l’avenir du secteur du voyage en Suisse. Votre motivation et votre dynamisme enrichissent notre collectif et font de la FSV un véritable espace d’échanges, dans une dynamique de collaboration fructueuse. Nous sommes ici pour partager nos idées, nos expériences et construire ensemble les perspectives de demain. Un merci tout particulier à nos membres romands, dont la forte présence est particulièrement appréciée. Nous avons, comme vous le savez pertinemment, la chance d’évoluer dans un milieu passionnant et chaque voix compte pour faire avancer nos projets communs. Ensemble, faisons de cette assemblée générale un moment fort, intelligent et inspirant», a souligne Stéphane Jayet, vice-président de la FSV, en ouverture de ces assises annuelles 2024.
Conditions très volatiles
«Notre secteur a été confronté à des défi s de taille au cours de l’exercice écoulé. Comme déjà évoqué l’an dernier, la situation politique internationale s’est dégradée avec des incidences non seulement sur notre société, mais également sur l’économie touristique. Les tensions géopolitiques créées par les conflits armés en Ukraine et au Proche-Orient ont
radicalement modifié le contexte mondial. À cela s’ajoute la pression croissante sur la politique climatique et migratoire en Europe, un facteur qui polarise encore plus la société. Mais malgré ce contexte, les conditions demeurent relativement stables dans notre pays où, d’un point de vue purement commercial, la branche a su faire face avec un réel succès si l’on analyse les résultats de l’année, marqués par un volume outgoing de CHF 2,5 milliards», a souligné le président Martin Wittwer.
Il y eut ensuite le choc Migros/Hotelplan. Là, Martin Wittwer ne mâche pas ses mots: les grands consultants et analystes extérieurs ont eu une influence directe et négative sur la direction de Migros, qui a décidé de se séparer du dernier grand généraliste suisse portant géré de manière très professionnelle. Puis il eut la faillite de FTI, intervenue à la veille des vacances d’été. Là, la branche peut être fière de son professionnalisme pour surmonter cette crise. Grâce à la garantie des fonds de la clientèle, aucun client n’a subi de dommages financiers et le public ainsi que la presse ont réagi de manière modérée. Ce qui démontre une fois de plus l’importance de cette garantie.
«Autre sujet à la une des médias, le surtourisme qui s’impose de plus en plus dans l’opinion publique. Même si les agences de voyages n’ont pas forcément accordé une attention primordiale à cette problématique, nous ne devons pas l’occulter. Le tourisme est certes essentiel pour l’économie de nombreuses destinations, mais les fruits de la prospérité doivent être répartis équitablement et les inquiétudes de la population locale sont à prendre au sérieux. Les clientes et clients suisses ont toujours autant envie de voyager et nous sommes en mesure de réaliser leurs rêves de vacances. La tendance à privilégier des offres de voyage individualisées conçues sur mesure reste forte et nos clients sont prêts à payer davantage pour la qualité et la tranquillité – même s’ils sont plus sensibles au facteur prix. Les voyages en avion devraient continuer d’augmenter, tandis que la hausse des températures influencera le choix des destinations et des périodes de vacances», poursuit Martin Wittwer.
Mieux mettre en avant la garantie des fonds des clients
«Cette année aussi, nous avons axé nos réflexions et projets sur la volonté d’offrir une valeur ajoutée à nos membres. Je tiens dès lors à exprimer mes sincères remerciements aux différents groupes de travail, réunissant des personnes engagées issues du cercle de nos membres, qui s’investissent en faveur de cette valeur ajoutée. Le comité s’est lui aussi investi sans compter en faveur de la branche en développant de nouveaux projets et thématiques. Il me tient à cœur que nous pratiquions une communication proactive dans le but, entre autres, que les médias se fassent l’écho des sujets importants pour notre secteur. Lors des diverses interviews que nous avons données, nous avons toujours essayé de souligner les aspects positifs des réservations effectuées via les différents canaux de la branche des voyages ainsi que les avantages de la garantie des fonds de la clientèle et de l’importance de réserver via des agences couvertes. Le nouveau service juridique de Sophie Winkler, avocate chez FlyingLawyers, introduit l’an dernier a aussi été fortement sollicité. Je me réjouis que nos membres profitent d’une réelle valeur ajoutée par le biais de ce point de conseil en matière juridique», souligne de son côté Andrea Beffa, directrice de la FSV.
Outre l’importance évidente de la formation professionnelle duale par le biais de l’apprentissage (Nicole Pfammatter) et de la durabilité dans le secteur (Sonja Laborde), les chefs de ressorts ont également passé l’année en revue, notamment au plan politique (André Lüthi). Ce dernier a rappelé aux membres que la branche a touché lors du Covid quelque CHF 261 millions à fonds perdu, sans obligation de remboursement, les enquêtes récentes du Seco auprès de certaines agences ne portant pas sur cette aide au secteur des voyages.
Quant à la révision de la loi fédérale sur les voyages à forfait, et malgré les contacts établis par la FSV avec le Conseil fédéral, il conviendra aussi d’attendre la mouture que le Parlement européen proposera avant d’étudier une reprise de tout ou partie de la loi européenne ou la voie solitaire suisse qui, après quelques ajustements, pourrait convenir.
Points formels et bilan 2023/24
Sans surprise, les points purement formels figurant à l’ordre du jour ont tous été acceptés ce matin à Madère, y compris le bilan 2023/24 faisant état d’un résultat final de CHF 4133,74 alors que le budget initial prévoyait CHF 793,50 pour des actifs de CHF 938’206,10. Quant au budget 2024/25, il prévoit un résultat positif de l’ordre de CHF 2286 et a été lui aussi accepté, tout comme les cotisations des membres pour le prochain exercice.
Martin Wittwer réélu à la présidence
Ces assises 2024 en plein Atlantique devaient également réélire un seul membre du comité et des moindres puisqu’il s’agit du président Martin Wittwer, élu lors de l’AG 2021 à Ras Al Khaimah. Un Martin Wittwer qui a piloté la nouvelle orientation stratégique de la FSV et qui s’est porté candidat pour nouveau mandat ce matin à Madère.
«Martin a pris ses fonctions de président avec pour mission de faire avancer la recommandation du groupe de travail FSV 2022 concernant l’orientation stratégique de la FSV. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que Martin a mis en œuvre cette nouvelle orientation de manière conséquente, ciblée et réussie. Sa mission correspondait également à son ambition personnelle de former et de mettre en place une ‘association faîtière’ d’une seule voix pour notre branche. Pour Martin, il est essentiel de générer une valeur ajoutée pour les membres. C’est pourquoi il essaie de donner de nouvelles impulsions en impliquant et en interagissant avec la base, et de prendre en compte et de représenter les besoins des membres, romands et alémaniques. Mais avant tout, Martin est un président qui ne se contente pas de définir et de déléguer, mais qui s’engage activement, apporte sa grande expertise du secteur et joue le rôle de médiateur en temps de crise et mène de nombreuses discussions, comme récemment lors de la faillite de FTI. Pour lui, le bien-être de l’ensemble du secteur est primordial et il s’y engage fermement. Le comité directeur recommande donc à l’unanimité sa réélection», a expliqué Stéphane Jayet, vice-président, avant la réélection du président.
Une réélection attendue et qui n’a fait l’objet d’aucune discussion, à une abstention près. L’organe de révision, la fiduciaire RVS AG à Schaffhouse, a lui aussi été reconduit dans ses fonctions pour une nouvelle année.
Deux à un pour les propositions Wohlfahrt
Propriétaire de Reisecocktail Sàrl, Barbara Wohlfahrt a soumis deux propositions à la Fédération suisse du voyage (FSV), soumises au vote aujourd’hui à Madère.
Dans le premier cas, il s’agit de l’introduction du vote anonyme lorsqu’il s’agit des finances de la FSV et des indemnités du comité, dans le second de la limitation du mandat des membres du comité à trois fois 3 ans.
Pour ce qui est de la première proposition, les professionnels romands ayant participé au sondage online de TRAVEL INSIDE sont favorables à 64,2% à l’introduction du vote anonyme. Quant à la seconde proposition, elle est aussi acceptée par 77,4% des participants.
Il n’en demeure pas moins que la FSV est opposée aux deux objets. Dans sa prise de position, la FSV rappelle que les membres du comité touchent uniquement un jeton de présence et une indemnité de frais de CHF 250.- par séance – en règle générale, le comité siège quatre fois par exercice. Le montant des jetons de présence est inchangé depuis des années. Le comité estime toutefois judicieux que les futures augmentations des indemnités du comité soient approuvées par l’assemblée générale. La proposition de soumettre à l’assemblée les éventuelles augmentations des indemnités est toutefois acceptée par l’AG.
La FSV s’oppose aussi au vote anonyme et privilégie une culture de communication ouverte encourageant les échanges, même contradictoires, et laissant le champ libre à la formulation de critiques. Une vision qui s’inscrit dans l’esprit de la démocratie suisse. Chacun doit pouvoir assumer ouvertement son opinion et ne pas être obligé de l’exprimer de manière anonyme. Et si un membre juge nécessaire ou judicieux de demander un vote à bulletin secret dans certains cas, les statuts en vigueur lui offrent la possibilité de le faire à tout moment. Si Barbara Wohlfahrt a soumis cette proposition, c’est qu’elle avait été confrontée à un tel cas de figure lors de l’AG de TPS en septembre à Berne.
Mais Marcel Gehring (Let’s go Tours) a tenu à pimenter les débats en demandant de se prononcer à bulletin secret sur cette proposition! Après deux tentatives, l’AG a refusé le recours au bulletin secret et, dans la foulée, refusé aussi la proposition Wohlfahrt portant sur le vote anonyme.
Quant à la limitation de la durée des mandats des membres du comité, elle n’est pas non plus souhaitée par la FSV: les membres du comité sont élus démocratiquement tous les trois ans et les statuts stipulent, à l’article 23.2, que chaque membre actif a le droit de proposer des candidats pour le comité. Il est dans l’intérêt de la branche des voyages que le comité regroupe les CEO des plus grands tour-opérateurs, des TO de taille moyenne ainsi que des propriétaires d’agences de voyages indépendantes de manière à nous permettre de parler d’une seule voix au nom de toute la branche estime le comité. Là, cette proposition est elle aussi refusée par l’AG de Madère.
AG au fil de l’eau en 2025
Après plusieurs années durant lesquelles la destination de la prochaine AG n’a été communiquée que lors du salon Fespo Zurich de janvier, la FSV a cette année annoncé la couleur: l’AG 2025 se déroulera du 18 au 20 novembre à bord de deux bateaux Excellence du groupe Twerenbold.
Dominique Sudan, Funchal