L’aide fédérale à Swiss menacée par l’aide allemande à Lufthansa

L’assemblée des actionnaires de Lufthansa s’annonce déjà houleuse.
© Lufthansa Group

Si l’aide de l’Etat allemand en faveur de Lufthansa échoue, cela affectera également l’aide gouvernementale suisse en faveur de Swiss. Les prêts garantis par le gouvernement fédéral n’ont pas pu être débloqués et aucun argent n’a encore été versé. Swiss se trouverait alors confrontée à un problème de liquidités. La compagnie et la Confédération préparent actuellement un plan B au cas où le projet d’aide à Lufthansa exploserait lors de l’assemblée des actionnaires de jeudi prochain. «Nous nous préparons intensivement à différentes options», indique le Tages Anzeiger, citant l’administration fédérale.

Cette situation s’explique par la menace du milliardaire allemand et important actionnaire de Lufthansa, Heinz Hermann Thiele, de faire exploser le plan de sauvetage de la compagnie allemande. Il est en effet strictement opposé à une participation financière de l’État, qui diluerait sa part, et à une représentation de l’État dans le groupe aérien.

Risque de concurrence déloyale

Le plan de sauvetage de Lufthansa présenté à la fin mai a rapidement été contesté par Bruxelles. La Commission européenne, par la voix de Margrethe Vestager, vice-présidente en charge des questions de concurrence, estimait alors que ledit plan faisait la part trop belle à Lufthansa et que les risques de concurrence déloyale ne faisaient pas de doute. Le plan de sauvetage s’articule en trois points, détaille le quotidien La Liberté:

  • L’Etat allemand va prendre une participation de 20% dans Lufthansa, via l’acquisition d’actions d’une valeur nominale de 2,56 euros, pour un montant total d’environ 300 millions d’euros.
  • Si tout va bien, l’Etat se dessaisira des actions d’ici à 2023. Outre ces 300 millions, Lufthansa recevra jusqu’à 5,7 milliards d’euros via une participation silencieuse, dont un milliard d’euros d’obligations convertibles représentant 5% des actions.
  • Enfin, la banque KfW et un groupe de banques privées assureront un prêt à hauteur de 3 milliards d’euros sur trois ans.

Cette aide est assortie de l’interdiction de verser des dividendes, de payer des bonus aux dirigeants et de «renouveler la flotte pour réduire les émissions de CO2». Berlin pourrait aussi augmenter sa participation à 25%. L’Etat obtient enfin deux sièges au Conseil de surveillance de Lufthansa, mais renonce à son droit de vote aux assemblées générales, sauf en cas d’offre d’achat. Et c’est là que le bât rsique de blesser jeudi. (DS)