
Le Groupement des agences de voyages de Genève (GAVG) a tenu il y a quelques jours sa 87e assemblée générale dans les locaux de la FER en présence de quelque trente-cinq membres. Des assises annuelles qui ont permis d’apporter tous les éclaircissements sur un dossier qui a alimenté de nombreuses rumeurs depuis plusieurs mois: les finances.
Dans son message de bienvenue, le président Olivier Emch a rappelé que la vie de l’industrie des voyages n’a jamais été un long fleuve tranquille: «Notre activité est de nouveau impactée par la situation géopolitique et cette dernière influence directement le comportement des voyageurs. Après l’Ukraine et la Russie, Israël et la Palestine c’est maintenant au tour des Etats-Unis de chambouler nos vies avec des pratiques et menaces qui influencent les comportements et même les bourses mondiales. Il en ressort un climat d’incertitude voir de rejet qui ne rassure pas notre aimable clientèle. Et il n’est donc pas étonnant de constater des réservations en baisse pour les Etats-Unis ainsi qu’un léger frein sur certaines destinations.»
Le poids des partenaires et fournisseurs
Dans un autre registre, Olivier Emch n’a pas manqué de souligner le fait que certains partenaires et fournisseurs des agences de voyages «évoluent» d’année en année et imposent de nouvelles règles contraignantes. Malheureusement, les agences doivent accepter ces changements sans vouloir forcément aller contre mais en cherchant à compenser les inconvénients qu’ils provoquent.
«Je suis personnellement convaincu que le nouvel environnement NDC imposé par les airlines offrira également de nouvelles opportunités. À nous de trouver les moyens de rester efficients rapides en faisant, à notre tour, appel à la technologie pour simplifier le ‘day to day’ de nos vendeurs lors des réservations. Lorsqu’il y a de vraies complications, cela provoque une opportunité pour inventer d’autres outils informatiques et nous voyons déjà arriver des produits sur le marché qui vont dans ce sens comme Airgateway, pour ne citer qu’un exemple. Et surtout cela obligera les GDS qui ne voulaient pas s’adapter aux nouveaux souhaits de distribution des airlines aériennes à le faire, certes très, trop tardivement.»
Miser sur la qualité de service
L’évolution permanente du secteur des voyages rend aussi la tâche des intermédiaires toujours plus difficile. Le rôle de ces derniers s’avère toujours plus difficile à justifier selon le président du GAVG.
«Mais si nous offrons des services de qualité, il y aura toujours une clientèle qui voudra en bénéficier. Et le temps qui nous est si cher à tous peut s’avérer l’une de nos véritables valeurs ajoutées: en déléguant leurs voyages aux professionnels, nos clients gagnent du temps tout en s’épargnant bien des énervements et incertitudes. Nous avons tous des amis clients qui nous contactent pour de l’aide alors qu’ils ont fait leurs réservations sur Internet; c’est une véritable opportunité de leur rappeler au combien il est agréable de pouvoir joindre un professionnel du voyage pour trouver une solution. Même les nouvelles générations très orientées sur les nouvelles technologies apprécieront notre aide quand ils se retrouveront face à des vols annulés ou des changements d’horaires sans avoir reçu d’informations préalables accompagnés de nouvelles propositions.»
Briser un tabou
Tout travail méritant salaire, le service a aussi un certain coût. Pour Olivier Emch, il convient aussi de briser un tabou en parlant ouvertement du coût des services des agences de voyages.
«Trop souvent nous voulons prétendre avoir des prix plus attractifs ou identiques aux offres Internet. C’est souvent vrai, comme il est évident que pouvoir joindre un professionnel est un service qui mérite une rémunération. Or, la nôtre est tellement raisonnable qu’il ne faut plus en avoir peur, au contraire. Oui, tu vas bénéficier de notre expertise et oui cela te coûtera un petit quelque chose mais ton retour sur investissement sera largement compensé par nos prix spéciaux, nos idées, ton gain de temps et surtout ton plaisir de voyager te sachant bien accompagné!»
Triste «affaire Fert»
Parmi les points formels à l’ordre du jour de ces assises annuelles, le rapport du trésorier était attendu par tous.
Depuis plusieurs mois, le «dossier Fert» alimentait en effet de nombreuses rumeurs non seulement à Genève, mais aussi dans le reste de la Suisse romande. Et comme les rumeurs transpirent très vite, cette fameuse «affaire» était presque devenue un secret de polichinelle. Face à cet épineux dossier, le comité du GAVG a multiplié les efforts en amont afin de défendre les intérêts de ses propres membres et de ne pas écorner l’image de l’ensemble de la branche des voyages.
Il n’est pas question ici de la déconfiture de Fert & Cie – l’entreprise n’est plus membre du GAVG ni de l’AVP – qui a malheureusement laissé de nombreux collaborateurs sur le carreau, mais des finances du GAVG gérées depuis des lustres par Jean-Claude Fert. Un trésorier en qui tous les précédents présidents avaient eu une confiance aveugle.
Ces dernières années, le comité du GAVG avait vainement suggéré au trésorier de passer la main après un si long engagement. Mais lorsque l’entreprise Fert a vacillé, le comité a cherché à accéder aux comptes du GAVG, chose qui ne fut faite qu’après des semaines de relance.
Avec une surprise de taille: Jean-Claude Fert a précisé «s’être octroyé un prêt» de CHF 173’500 dans le courant de l’année passée. Un tel «emprunt fait au GAVG» relevant du pénal, le comité a mandaté un avocat, en l’occurrence Me Lévy, pour représenter ses intérêts et tenter de récupérer le montant perçu de manière illicite.
Après une multitude de réunions, courriers et autres E-mails, cette triste affaire a été résolue à 95%: Jean Claude Fert a remboursé CHF 167’300.- au début avril 2025. Et le GAVG a très bon espoir de récupérer dans un proche avenir les CHF 6200 restants.
«Je salue ici la spontanéité de notre vice-président, Guillaume Winterstein, qui a accepté d’assurer la fonction de trésorier (…). Je voudrais aussi remercier sincèrement le comité pour sa disponibilité face à cette situation de crise qui m’a personnellement affecté», relève Olivier Emch.
Une affaire qui se répercute bien entendu sur les comptes du GAVG clôturés au 31 décembre 2024, soit plus de trois mois avant le remboursement: le bénéfice se montait alors à CHF 7916,60 et le bilan à CHF 3084,66.
Au final, l’assemblée a accepté les comptes qui lui ont été soumis et donné décharge au comité. Cette «affaire Fert» a aussi deux conséquences concrètes: les signatures collectives ont remplacé la signature individuelle et une enveloppe d’environ CHF 2000 a été acceptée par l’assemblée pour qu’une fiduciaire professionnelle traite la clôture des comptes et supervise les décomptes avec l’administration fiscale.
Dans la foulée, l’assemblée a réélu à l’unanimité le président et les quatre membres du comité pour un nouveau mandat de trois ans. Et Olivier Emch d’encourager quiconque le souhaiterait à rejoindre ledit comité qui, selon les statuts, peut être composé de cinq personnes.
Fonds de garantie et formation
Sans entrer dans le bilan 2024 du Fonds de garantie dont les détails sont accessibles via ce lien, il convient de préciser que la déconfiture de l’entreprise Fert n’a entraîné aucun cas douloureux. Dixit Claude Luterbacher, membre du Conseil de fondation et du comité du GAVG. En revanche, le Fonds de garantie a traité 254 dossiers liés à la faillite de FTI Touristik pour un montant total de CHF 810’000. Les réserves ayant pu être augmentées de CHF 3,8 millions supplémentaires, les participants au Fonds de garantie percevront une ristourne de 20% sur les frais payés.
Pour ce qui est de la formation, le GAVG est à la peine: on ne compte actuellement qu’un apprenti de 2e année au bout du lac et un seul nouveau contrat (ndlr: Charter Voyages) pour la rentrée de septembre 2025. «C’est très peu! Je suis parfaitement consciente que la situation est compliquée, mais la relève est très importante. D’autant que le GAVG compte douze entreprises formatrices, qu’il accorde une prime de CHF 2500 pour l’engagement d’un apprentie et que l’agence, pour autant qu’elle soit domiciliée sur le territoire de la Ville de Genève, perçoit en plus une subvention supplémentaire de CHF 3000», a rappelé Sophie Felber, en charge de la formation.
Le mot de la fin à Gaël Poget

Fidèle à la tradition, cette assemblée générale statutaire a été marquée par l’intervention finale d’un invité, en l’occurrence Gaël Poget, Délégué du directeur général de Genève Aéroport, en charge des affaires extérieures.
Revenant brièvement sur le bilan annuel 2024 de l’aéroport et sur les prévisions pour l’été prochain en termes de trafic aérien, Gaël Poget a rappelé que chaque Directeur général de l’aéroport se voit attribuer un mandat politique de la part de l’autorité de tutelle, soit l’Etat de Genève. Pour Gilles Rufenacht, il s’agit d’accompagner l’expérience du passager qui se concrétisera par le projet Cap 2030.
Dominique Sudan