
Portée sur les fonts baptismaux en novembre 1998, Air Tahiti Nui est rapidement devenue incontournable entre l’Europe et la Polynésie française – ‘Nui’ signifie grand en tahitien et permet à la compagnie de se distinguer d’Air Tahiti qui, elle, assure les liaisons domestiques dans l’archipel.
De compagnie régionale pacifique (au sens large du terme si l’on tient compte des immenses distances à couvrir) desservant dans un premier temps Tokyo, Los Angeles puis Auckland, Air Tahiti Nui ouvrait Paris quatre ans plus tard, soit en 2002.
Jean-Marc Hastings, aujourd’hui Directeur France & Europe, rejoignait la compagnie au tiaré en octobre 2003 avec pour mission d’ouvrir un bureau dans la capitale française, de faire connaître ce nouvel acteur international et de le développer.
En ouvrant Paris, Air Tahiti Nui entrait aussi sur le terrain de jeu d’Air France. Dans un premier temps, un accord de codeshare était conclu avec Air France, une collaboration qui se transformait ensuite en coopération commerciale en Europe puis en coopération transpacifique portant sur un vol vers Los Angeles.
‘Expérience Tahiti’ de A à Z
Où Air Tahiti Nui se distingue de la concurrence, c’est dans son approche et son produit: «En embarquant à bord de nos avions, le passager vit déjà le rêve polynésien et ce que nous appelons ‘l’expérience Tahiti’. Tout est pensé pour que le séjour commence à bord: le tiaré Tahiti, l’équipage entièrement tahitien, la langue, le contenu vidéo et la dénomination des classes (la Business Class Poerava; la Moana Premium et la Moana Economy) traduisent cette volonté de faire vivre Tahiti avant l’arrivée à Papeete», explique Jean-Marc Hastings.
Cette ‘expérience Tahiti’, on peut la vivre lors des vols quotidiens opérés durant la saison IATA d’été et des quatre à cinq vols hebdomadaires assurés durant l’hiver au départ de Paris CDG, via Los Angeles. En revanche, Air Tahiti a renoncé au début janvier à l’axe Paris-Seattle et réorganisé ses capacités à Los Angeles: Seattle avait été ouvert en sortie de Covid pour disposer d’un deuxième point d’entrée aux USA et non pour améliorer la desserte de Paris CDG.
En termes de flotte, toutes les opérations internationales (Auckland, Los Angeles, Paris, Seattle et Tokyo) sont assurées par quatre Boeing 787-9 Dreamliner présentant l’avantage d’être moins gourmands en fuel (moins 25%) et d’offrir un gain de temps de 90 minutes entre Paris et la Polynésie – en période post-Covid, avec aussi des prêts étatiques à rembourser, l’heure est à la consolidation et la compagnie n’envisage pas pour l’instant l’acquisition d’appareils supplémentaires.
Relations très fortes avec les agences suisses
Au fil des ans, Air Tahiti Nui est donc devenu un interlocuteur privilégié des tour-opérateurs suisses spécialisés sur la Polynésie française. «Nous détenons aujourd’hui 40% du marché suisse à destination de Tahiti. La grande majorité de nos clients suisses proviennent de Paris ou de Los Angeles, qu’ils rejoignent avec un autre transporteur. Contrairement à d’autres marchés émetteurs, la Suisse se distingue aussi par le fait que la Polynésie constitue la destination finale des clients et non l’extension d’un voyage dans une autre région», ajoute Jean-Marc Hastings.
«Globalement, nous sommes sur du ‘loisirs premium’ en Suisse, avec une part des ventes réalisée par les TOs spécialisés et un intéressant volume généré par des agences de voyages actives dans le micro-touroperating. A cela s’ajoutent de beaux voyages de groupes mis en place sur le marché suisse, lequel apprécie l’authenticité de la destination et de la population, l’accueil tahitien légendaire et les multiples facettes de la Polynésie, parfaitement taillée pour les aspirations actuelles de la clientèle, notamment cet attrait pour le ‘slow travel’.» Car Tahiti constitue aussi une expérience humaine unique que la compagnie aérienne accompagne avant et pendant le vol.
«Nous entretenons des relations très fortes avec les TOs et les agences suisses qui ne sont pas insensibles au fait qu’Air Tahiti Nui leur garantisse un produit complet où repas et bagages sont systématiquement inclus. Ce n’est pas le cas partout. Nous soignons ce relationnel afin que les professionnels nous vendent en toute confiance», poursuit le Directeur France & Europe en visite à Genève lors du récent roadshow d’Aviareps, GSA de la compagie en Suisse.
Le fait qu’aucune coopération ne lie Air Tahiti à Air France pour les vols d’apport vers Paris depuis que la compagnie française a dénoncé en 2024 l’accord SPA (Special Prorate Agreement) portant uniquement sur les vols depuis Zurich, ne porte donc pas à conséquence.
De même, l’appartenance à une alliance mondiale n’entre pas dans le modèle commercial d’Air Tahiti Nui. Tout simplement parce qu’il s’agit d’une compagnie de niche desservant un réseau mondial avec une flotte de taille restreinte. L’adhésion à une alliance pourrait aussi s’avérer contre-productive, Air Tahiti Nui collaborant commercialement dans la zone Pacifique avec plusieurs airlines (Japan Airlines, Air New Zealand, Alaska Airlines, etc.), elles-mêmes membres d’alliances différentes.
Dominique Sudan