Le rail suisse bientôt ouvert à l’international?

L’idée fait son chemin mais la saturation du réseau pourrait être un obstacle de taille à un tel développement.
© Trenitalia

Depuis un an, les chemins de fer italiens Trenitalia proposent des liaisons ferroviaires entre Paris et Lyon ainsi qu’entre Turin et Milan, en concurrence directe avec les liaisons existantes des chemins de fer français SNCF. Et le succès est au rendez-vous. Cet engouement n’a pas échappé à Peter Füglistaler, le directeur de l’Office fédéral des transports (OFT). «La Suisse a encore du mal à s’ouvrir au trafic voyageur international», écrivait-il fin janvier sur le portail LinkedIn, rapporte la Schweiz am Wochenende.

Cette déclaration surprend puisque jusqu’à présent, la Confédération prônait le modèle de la coopération: la compagnie qui veut faire circuler un train international en Suisse ne peut le faire qu’en collaboration avec les CFF (comme c’est le cas pour le TGV Lyria par exemple), écrivent 20 minutes online et plusieurs quotidiens d’aujourd’hui. Mais la situation évolue, comme l’indique le porte-parole de l’OFT Andreas Windlinger. Car l’Union européenne fait pression. Avec l’accord sur les transports terrestres conclu en 1999, la Suisse s’est engagée à reprendre les règles de l’UE et à ouvrir le marché.

Attentes autrichiennes et allemandes

Des projets sont déjà envisagés. Ainsi, la compagnie autrichienne Westbahn indiquait dans la NZZ qu’elle aimerait prolonger ses trains de Vienne à Munich jusqu’à Zurich. L’opérateur allemand de trains à bas prix Flixtrain est également intéressé, comme le confirme son porte-parole Sebastian Meyer.

Les CFF ne prennent pas les choses à la légère, mais ils ne croient pas à une concurrence accrue. Le Conseil fédéral a refusé l’ouverture du marché en 2021, explique la porte-parole Sabrina Schellenberg. Pour l’heure, «la stratégie de coopération fait ses preuves».

Ouverture, mais sous certaines conditions

Il reste toutefois des questions pratiques qui ne sont pas réglées, comme trouver des créneaux (sillons dans le jargon ferroviaire) pour ces trains. Par ailleurs, une telle ouverture pourrait être contrôlée. Les transporteurs étrangers pourraient par exemple être obligés de demander une autorisation et d’accepter les billets et les abonnements des transports publics locaux tels que l’abonnement général ou le demi-tarif. Et si deux compagnies souhaitent utiliser le même sillon, la priorité pourrait être donnée à celui qui propose un train circulant selon le système de cadence helvétique. La décision incombera au Parlement et au Conseil fédéral. (TI)