Le trafic aérien chinois n’a pas retrouvé son niveau de fréquentation de l’avant Covid. Si les compagnies aériennes chinoises ont fortement augmenté le nombre de leurs vols, avec une capacité en sièges supérieure de 13% à 2019 sur l’axe Chine-Europe de l’Ouest, le nombre de fréquences des compagnies européennes est pour sa part en forte baisse.
L’interdiction de l’espace aérien russe aux transporteurs européens y est pour quelque chose. Mais aussi, une situation économique défavorable en Chine qui rend les voyageurs chinois frileux pour des voyages long-courrier, devenus très chers.
Consommation de kérosène en hausse
Ainsi, les deux principales compagnies aériennes britanniques à l’intercontinental, British Airways et Virgin Atlantic ont coup sur coup annoncé réduire leurs fréquences sur la Chine. Virgin a annoncé en juillet qu’elle cessera la desserte de Shanghai le 25 octobre prochain, après 25 ans de service.
A peine un an après avoir relancé la ligne Londres Heathrow-Pékin, British Airways arrêtera à la même date sa ligne sur Pékin. Les deux compagnies citent en effet la difficulté d’équilibrer économiquement leurs liaisons. Comparée au Londres-Pékin de China Southern, la liaison par British Airways dure deux heures et quart de plus, sans le survol de la Russie, ce qui se traduit par une consommation de 15% supplémentaire en kérosène.
Un tel résultat explique que peu de compagnies européennes retrouvent donc leur réseau d’avant Covid vers la Chine. Par exemple, Lufthansa ne dessert plus que Pékin et Shanghai. La compagnie allemande a néanmoins la plus grosse offre européenne avec quatre vols quotidiens, depuis Francfort et Munich. Mais elle n’a toujours pas repris ses vols sur Canton ou Chengdu. La compagnie est ainsi à 70% de ses capacités d’avant pandémie.
Swiss n’est pour le moment présente qu’à Shanghai à raison d’un vol quotidien, repris ce printemps dernier. Même chose chez Air France ou Finnair, spécialiste de l’Asie avant son interdiction de survol de la Russie. Air France n’a que deux vols quotidiens depuis Paris CDG vers Pékin et Shanghai. Finnair a réduit son réseau en Chine à une unique liaison sur Shanghai, à raison de trois vols/semaine.
Les airlines chinoises retrouvent 90% de leur capacité
En revanche, les compagnies chinoises sont passées cet été à l’offensive. Les capacités sur l’Europe de l’Ouest sont en hausse de 72% par rapport à l’été 2023, soit plus de 11’300 sièges cet été contre 6’600 l’an dernier. Avec une multiplication des vols vers des aéroports non-hub comme par exemple Genève qui a retrouvé cinq vols hebdomadaires sur Pékin, exploités par Air China.
Au total, les compagnies chinoises ont retrouvé cet 90% de leurs capacités internationales. Contre 60% pour les autres compagnies aériennes. Une situation qui a peu de chance d’évoluer aussi longtemps que le conflit Russie-Ukraine se poursuit.
Luc Citrinot, Bangkok