Lourd bilan pour Swiss en 2020

Si la perte a pu être maintenue «dans des limites raisonnables» grâce aux mesures d’économie, Swiss perd environ deux millions de francs chaque jour.

En raison de la pandémie et de l’effondrement corollaire des voyages internationaux, Swiss International Air Lines (LX) a dû faire face à une baisse massive de ses réservations et de ses recettes au cours de l’année 2020. Pour la première fois depuis quinze ans, elle a ainsi clôturé son exercice sur un résultat négatif. Le chiffre d’affaires 2020 s’élève à 1,85 milliard de francs, soit une baisse de 65,2% par rapport à l’année précédente (2019: + 5,30 milliards de francs). Il est assorti d’une perte d’exploitation de 654 millions de francs (2019: + 578 millions de francs). Compte tenu de la forte demande de médicaments et de fournitures médicales, notamment, Swiss World Cargo a largement contribué aux recettes.

Lourd poids du dernier trimestre

Comme prévu, la perte de Swiss au quatrième trimestre s’est encore accentuée du fait de l’aggravation de la situation épidémiologique. Le chiffre d’affaires n’a atteint que 311 millions de francs, soit une baisse de près de 75,7% par rapport à l’année précédente (2019: 1,28 milliard de francs). La perte d’exploitation s’est élevée à 239 millions de CHF (2019: +89 millions de francs).

«La pandémie de coronavirus et les restrictions de voyage qu’elle a entraînées nous ont mis à rude épreuve», commente Dieter Vranckx, CEO. «La crise nous a par ailleurs frappés beaucoup plus durement que d’autres secteurs en raison de la forte proportion de coûts fixes caractéristique du transport aérien. Nous avons radicalement réduit nos coûts pour préserver nos liquidités et assurer notre viabilité.»

Près de deux millions de francs perdus chaque jour

Dès le début de la pandémie, la compagnie aérienne a pris de nombreuses mesures de renforcement des liquidités et de réduction des coûts. Elle a instauré le chômage partiel dans toute l’entreprise et suspendu jusqu’à nouvel ordre tous les projets et investissements non essentiels. Markus Binkert, CFO: «Grâce aux mesures draconiennes de réduction des coûts que nous avons immédiatement mises en place et à la forte contribution de Swiss World Cargo, nous sommes parvenus à maintenir la perte dans des limites raisonnables. Nous nous attendions à ce résultat et en avons tenu compte dans notre planification financière et la gestion de nos liquidités. Mais contrairement à nos espérances, la situation s’est aggravée depuis le début de l’année 2021. Nous continuons à perdre environ deux millions de francs par jour et devons donc intensifier nos mesures d’économie.»

Une série de mesures a déjà été négociée avec les partenaires sociaux du personnel de cabine et du personnel au sol. Les négociations avec le syndicat des pilotes Aeropers sur une nouvelle convention collective de travail adaptée à la crise et porteuse d’avenir n’ont pas encore abouti.

Par ailleurs, la fluctuation naturelle, les départs en retraite anticipée et le travail à temps partiel devraient permettre de supprimer environ 1000 postes à temps plein d’ici fin 2021. Dans cette même logique, le nombre de collaborateurs des niveaux d’encadrement supérieur a également été réduit de 20%. Swiss condense également sa direction générale à trois membres au lieu de quatre. Thomas Frick (61 ans), actuel COO quittera son poste comme prévu à la fin du mois de mars 2021 tout en continuant à travailler dans le cadre de divers projets. Comme il y a quelques années, la fonction de COO sera assumée par le CEO en sus de ses propres attributions.

Nouvelles mesures de restructuration en vue

Ce mois de mars, Swiss propose encore en moyenne environ 25% de son offre de 2019 – à Genève, le programme minimum de vols a dû être prolongé jusqu’à la fin du mois. Dieter Vranckx: «La situation s’est extrêmement détériorée depuis le début de l’année. Le fait que l’ensemble du secteur aérien s’apprête à subir des changements structurels est de plus en plus manifeste. Swiss devra, elle aussi, envisager un redimensionnement plus important que ce qui a été projeté jusqu’à présent. Toute réduction de la flotte aurait également un impact sur le réseau de lignes ainsi que sur la structure des coûts et de l’organisation. Aucune décision n’a encore été prise à ce sujet.»

Baisse massive du nombre de passagers

La pandémie a entraîné une chute massive du nombre de passagers. En 2020, la compagnie a transporté un total de 4’790’372 passagers (-74,5%) et effectué un total de 48’069 vols (-68,2%). Sur l’ensemble de son réseau, L’offre (sièges-kilomètres offerts – SKO) a été réduite de 66,4% pour un trafic (passagers-kilomètres transportés – PKT) en baisse de 76,8 %. Le coefficient d’occupation des sièges a atteint 57,9% en moyenne (-26,1 points). Sans réelle surprise, il s’est montré sensiblement plus élevé sur les liaisons européennes que sur les lignes intercontinentales.

Pas de reprise avant le milieu de l’été

La reprise espérée au cours du premier trimestre de cette année ne s’est malheureusement pas concrétisée. Comme les vaccinations progressent et que la demande est reportée, Swiss estime pouvoir proposer à nouveau environ 65% des capacités de 2019 au cours du troisième trimestre. Le segment des voyages privés devrait se rétablir plus rapidement que celui des voyages d’affaires. Dieter Vranckx: «Nous sommes persuadés que nous continuerons à pouvoir relier la Suisse au monde entier – tant en termes de passagers que de fret – par un grand nombre de lignes directes. À cet égard, nous sommes toutefois tributaires d’un cadre propice à la mobilité et aussi harmonisé que possible, ce qui pour nous inclut également l’égalité de traitement de tous les moyens et itinéraires de transport.»

(CD)