
Plus inclusive en intégrant les communautés locales et en créant une balance entre la population et les visiteurs, plus tournée vers l’écologie avec moins de saisonnalité, voici comment la ville de Marseille souhaite promouvoir son tourisme.
«On a conscience qu’il faut changer notre façon de concevoir le tourisme dans notre ville. Il nous faut décongestionner les mois de fréquentation les plus élevés en diversifiant notre offre et en démontrant que Marseille est une destination touristique toute l’année. Le climat y joue un rôle important. Avec 2858 heures d’ensoleillement par an, nous sommes une véritable destination méditerranéenne et l’une des villes les plus ensoleillées de France», décrit Jean-Pierre Cochet, adjoint au maire de Marseille et notamment en charge de l’attractivité économique, du tourisme durable et des congrès.
Plus de 14 millions de nuitées en 2024
Marseille est depuis quelques années une ville à la mode. La cité phocéenne a enregistré l’an dernier 14,6 millions de nuitées l’an dernier, une hausse de 4% par rapport à l’année précédente. Sur ce chiffre 70% provenaient de visiteurs étrangers. Le taux d’occupation dans l’hôtellerie marseillaise a ainsi atteint 70% l’an dernier.
Le trafic aérien est en plein boom et l’aéroport est redevenu le second aéroport le plus important hors de Paris, juste après Nice. L’an dernier, Marseille-Provence a accueilli 11,7 millions de passagers, une hausse de 3,5% par rapport à 2023. Avec la Suisse n’existe qu’un seul vol quotidien de Swiss depuis Zurich. Mais il existe neuf relations ferroviaires quotidiennes au départ de Genève, via Lyon avec un temps moyen de voyage de 4 heures.
En 2023 (dernières données statistiques détaillées de l’office de tourisme), le nombre de nuitées suisses atteignaient 145’000.
Réorientation touristique
La ville a de fait pour son tourisme un discours aux antipodes de nombreuses destinations. «On veut être une destination durable mais surtout on souhaite rester une destination populaire et accessible à tous», raconte Jean-Pierre Cochet. Avec néanmoins plusieurs (ré)orientations. Comme tourner – partiellement – le dos au littoral et au port. «Ce que l’on veut c’est éviter le surtourisme. C’est le cas pour la zone autour du port historique de Marseille ainsi que les Calanques. On ne fait plus de promotion pour ces dernières car le tourisme a provoqué trop de dégâts écologiques», précise Maxime Tissot, directeur général de l’Office de tourisme de Marseille.
Le Parc National des Calanques reste certes accessible aux visiteurs mais uniquement sur réservation. Et avec une limite de 400 personnes par jour contre 2500 auparavant.

Désormais, le marketing touristique de la ville s’appuie sur ‘Marseille en toutes saisons’ et ‘Tout Marseille’ qui met en valeur tous les quartiers de la ville et une grande diversité culturelle. «On met en valeur certains quartiers moins connus, la gastronomie, la créativité, les arts et l’artisanat, et des festivals qui se déroulent dans toute la ville. En fait tout ce qui fait le tissu social et économique de Marseille», précise encore Jean Pierre Cochet.
La ville souhaite en fait mieux intégrer les communautés à l’activité touristique. «C’est à la fois un facteur d’intégration en apportant des emplois y compris à des populations plus défavorisées tout en faisant prendre conscience du patrimoine qu’offre Marseille», explique le maire-adjoint.
Budget promotionnel doublé en 3 ans
Parmi les initiatives figurent Marseille aux 111 visages mettant en valeur 111 villages et quartiers de la ville, 115 expériences telles que des balades en bateau, visites guidées, la découverte du ‘street art’, des ‘food tours’ ou virées à vélo. La gastronomie est également à l’honneur à travers des lieux insolites comme un restaurant au cœur de la prison des Baumettes, des restaurants éphémères en bord de mer ou le festival Kous Kous qui rend hommage à l’Afrique du Nord.
L’attrait de Marseille durant l’été se joue à travers une demi-douzaine de festivals, des séances de cinéma en plein air, de grandes expositions d’art dans les musées, des concerts dans le stade vélodrome ou encore des événements sportifs. Tout cela dans une optique de durabilité. La ville favorise les transports publics et l’usage du vélo/vélo électrique en ville.
Elle est aussi la ville de France la plus labellisée «Clé Verte» en proportion de son parc hôtelier. Plus de 50 hôtels possèdent cet écolabel impliquant un comportement vertueux. Côté gastronomie, 29 restaurants possèdent une norme similaire baptisée ‘Ecotable’. «On a tout ce qui faut pour des touristes souhaitant passer un week-end ou plus à Marseille, y compris hors haute saison», soutient Jean-Pierre Cochet. Et avec un budget de promotion conséquent, qui a doublé en trois ans à 3,6 millions d’euros.
Luc Citrinot, Paris