Opinion: La profession d’agents de voyages est-elle encore «sexy»?

Recul du nombre de nouveaux apprentis
Dominique Sudan, rédacteur en chef de TRAVEL INSIDE (français).

Pour la première fois, le nombre de nouveaux contrats d’apprentissage dans la branche est inférieur à 100, soit la moitié de celui d’il y a cinq ans! La fermeture du réseau des agences de voyages CFF en 2015 constitue l’une des raisons de l’érosion observée dans les années qui ont suivi: en 2014, Login formait encore 23 jeunes du réseau CFF, et même davantage les années d’avant.

En Suisse romande comme au plan national, la situation est identique. Lors des trois derniers cycles, le nombre de nouveaux apprentis a oscillé entre 27 et 22. Les ruptures de contrat en cours de formation ont aussi eu des répercussions directes sur le nombre de jeunes se présentant aux examens finaux. Et actuellement, la Suisse romande ne compte que dix-huit nouveaux contrats d’apprentissage. D’où la question cardinale: la profession est-elle encore «sexy»? Il est clair que la professionnalisation du suivi de l’apprenti et l’investissement des entreprises formatrices peuvent s’avérer chronophages. Mais les agences ne doivent pas non plus perdre de l’esprit qu’elles ont un rôle crucial à jouer dans la formation de la relève. À ce titre, le peu ou l’absence totale d’engagement dont font preuve des réseaux comme Kuoni, TUI et TPA ne manque pas de surprendre. En renonçant à former, les agences, souvent confrontées à un problème de succession, ne scient-elles pas la branche sur laquelle elles sont assises?

On constate aussi – et ce n’est pas nouveau – que la gent féminine représente environ 80% du nombre total d’apprentis au niveau suisse. Même si l’on est encore très loin du niveau salarial de nos voisins français (un salaire médian de 2000 euros pour un agent formé!), l’aspect pécuniaire n’est pas à négliger non plus. Sans occuper un poste à responsabilité, un agent de sexe masculin, dans la réalité économique d’aujourd’hui, connaîtra d’évidentes difficultés à joindre les deux bouts. Que la profession se digitalise est une réalité depuis plusieurs années et constitue un développement qui ne saurait effrayer une génération née avec les outils technologiques. Mais l’argent demeure le nerf de la guerre et les nouvelles générations ont un train de vie nettement supérieur à celui de leurs collègues d’il y a 20 ans. Repenser la formation passe aussi par là.

Vers l’article de Cédric Diserens