Surprise à l’AG de Ras Al Khaimah: les cotisations maintenues à plein!

La salle de bal Jasmine du Double Tree by Hilton Resort & Spa de Ras Al Khaimah a abrité ce matin l’assemblée générale 2021 de la Fédération suisse du voyage (FSV).
Max E. Katz a vécu sa dernière assemblée générale en qualité de président de la FSV.

Ouvertes par Iyad Rasbey (CEO de Ras Al Khaimah Tourism Development Authority) qui a saisi cette occasion pour rappeler la volonté de l’Emirat de se profiler sur la scène touristique internationale en concrétisant de nombreux projets mettant en valeur le désert, la plage et l’héritage historique de la destination la plus au nord des EAU, les 94e assises annuelles de la FSV ont aussi été les dernières à être présidées par le charismatique Max E. Katz, qui a décidé de tirer la révérence après neuf ans de bons et loyaux services.

Dans son introduction, le CEO de l’autorité touristique a clairement évoqué les deux objectifs définis: développer un tourisme durable et soucieux de l’environnement et atteindre 20 millions de visiteurs étrangers à l’horizon 2030.

2020, annus horribilis

Si la branche des voyages a déjà traversé par le passé des perturbations très fortes, jamais elle n’avait été confrontée à une crise d’une telle importance depuis le début de la pandémie de coronavirus. Max E. Katz n’a pas manqué de le rappeler, insistant sur le fait que la liberté de voyager au niveau mondial a presque été retirée du jour au lendemain.

Trois étapes ont suivi pour la branche des voyages: la phase opérationnelle que chaque acteur connaît parfaitement (rapatriements, annulations, remboursements, semi-confinement, chômage partiel, etc.). Puis celle qui a permis à la branche de figurer parmi les “cas de rigueur”. Là, les cantons, en particulier en Suisse romande où le maintien des Groupements s’est avéré extrêmement précieux, ont amené leur pierre à l’édifice en mettant en place leur propre “task force”. Au niveau national aussi, les professionnels ont activé leur réseau politique pour rendre consciente la Berne fédérale des difficultés auxquelles la branche étaient confrontée.

En multipliant les rencontres avec certains conseillers fédéraux, dont bien sûr le Fribourgeois Alain Berset, le comité de la FSV et la “task force” de la branche suisse des voyages ont aussi accompli un travail considérable, qui a permis au final à la branche des voyages d’obtenir CHF 276 millions à fonds perdu, montant qui est le quatrième plus élevé par secteur comparable en Suisse (la restauration et l’hébergement). La troisième phase a été celle du “restart business”. Là aussi, la délégation de la FSV a obtenu le 22 avril du conseiller fédéral Alain Berset la levée de la fameuse liste des pays à risque et les tests PCR à l’arrivée en Suisse. Mais il ne faut pas se leurrer: il faudra encore compter avec quelques années de difficultés et des volumes d’affaires qui, en fonction de la structure des entreprises, restent encore inférieurs de 40 à 50% par rapport à 2019. Dixit Max E. Katz.

Jetant un regard sur ses années de présidence, Max E. Katz a rappelé, en vrac, l’adoption du nouveau nom et du nouveau logo de la Fédération, le lancement de la “motion Markwalder” qui traîne encore dans les tiroirs du Parlement, l’introduction de l’alerte SMS pour les clients en cas d’urgence, l’engagement au niveau de la durabilité mis quelque peu entre parenthèse en raison de la pandémie. Et le président sortant de cibler quatre problématiques pour le futur: la politique, la digitalisation, le manque de forces vives et le changement climatique/durabilité.

Aspects formels acceptés sans difficulté

Conformément à ce qu’il était loisible de supposer en amont, les points formels présentés par Walter Kunz, directeur de la FSV, n’ont fait l’objet d’aucune remarque particulière ce matin sur bord du golfe Persique. Le procès-verbal de l’assemblée 2020 qui se déroula par correspondance a été accepté à l’unanimité par l’assemblée au même titre que le rapport annuel 2020/2021, les comptes annuels de l’exercice écoulé (perte de CHF 112’000.-) et le budget 2022 (manque à gagner de CHF 176’000.-). Décharge a également été accordée à l’unanimité au comité et au directeur, lequel a vivement remercié l’ensemble du secrétariat central pour l’immense engagement des derniers mois.

Réunion en haut lieu

Dans des circonstances aussi dramatiques, c’est en haut lieu qu’il convient d’être le plus présent possible. Dans ce domaine, Walter Kunz a rappelé le très fort engagement du vice-président Stéphane Jayet en Suisse romande. Un Stéphane Jayet qui a en effet multiplié les interventions ciblées en ayant recours à tous les canaux médiatiques (radios, TV, quotidiens, etc.) et qui n’a pas non plus ménagé ses efforts au niveau politique, domaine dans lequel il s’appuie également sur un vaste réseau.

Au niveau national, c’est bien entendu le domaine Politique dirigé par André Lüthi qui a été placé sur le devant de la scène du jour au lendemain. Mettant à profit son dense réseau au niveau politique, le Bernois a multiplié les engagements pour expliquer au niveau fédéral ce qui se passe vraiment dans la branche des voyages. Un message guère évident à faire passer puisque les spécificités de l’industrie touristique étaient totalement méconnues à Berne en période de vaches grasses. Là, André Lüthi rappelle que la branche doit faire front pour exercer un (nouveau) lobbying efficace. Et sans revenir sur l’énergie déployée à Berne, le chef du domaine Politique dit tout simplement “merci, car il n’est pas naturel d’obtenir de telles sommes en urgence”.

Dans le domaine Formation et perfectionnement, on rappellera qu’un petit nombre de nouveaux apprentis a pu se lancer dans la branche en août dernier, en particulier grâce au soutien des trois grands TOs et de l’IST. En revanche, la Suisse romande a malheureusement été contrainte d’y renoncer cette année. En remplaçant Daniel Bauer absent cette année, Ramona Stutz, en charge de la formation au secrétariat central, s’est aussi félicitée du succès de l’opération Young Talents 2021, où la Romande Laura Tosoni (VT Vacances) figure parmi les quatre lauréats présents à Ras Al Khaimah – en qualité de partenaire média exclusif, TRAVEL INSIDE a déjà consacré plusieurs sujets à ce thème de manière online et dans l’édition imprimée du journal.

Sempiternel problème aérien

Pourquoi avons-nous été confrontés à la NDC, au Direct Connect et aux Ancillaries? Sans entrer dans de pures spéculations sur l’évolution des tarifs aériens dans les prochaines années, Christian Kiser, chef du domaine Trafic aérien, a enfoncé des portes ouvertes en revenant sur l’érosion de la marge dans le domaine de l’aviation. Sans service supplémentaire, pas de profit pour les compagnies aériennes dont le bénéfice par passager tourne autour des 6 dollars US en Europe! Ces fameux services additionnels chez certaines airlines représentent plus de 50% des recettes alors que les tarifs de base sont en recul.

Si, dans un passé pas si éloigné, les GDS jouaient un rôle central comme intermédiaires entre les airlines et les agences en termes de distribution, ces dernières doivent désormais tenir compte des nouveaux outils qu’on leur propose, ou plutôt qui leur sont imposés. Impossible de faire machine-arrière et de ne pas tenir compte, par exemple, du Direct Connect pour rester à jour, ce qui implique bien évidemment des investissements de la part des agences.

Cotisations: la surprise!

Malgré la crise et le budget négatif pour l’exercice 2021/2022, la FSV a proposé la réduction à 80% des cotisations annuelles pour membres actifs et le statu quo pour les membres passifs, contribution de solidarité en sus. Barbara Wohlfarth (Reisecocktail) a estimé au contraire qu’il convient de maintenir à 100% les cotisations annuelles en raison des effets de la crise sur le budget de la FSV. Soumise au vote, le décompte final a donné lieu à une scénario kafkaïen, obligeant l’assemblée a revoté sur la proposition de Barbara Wohlfahrt. Au second vote, la proposition a été acceptée par 46 voix et les cotisations demeureront donc à 100% pour le prochain exercice.

(Dominique Sudan, Ras Al Khaimah)