Taxe de solidarité: Air France adapte ses tarifs et suscite la colère des pros

En France, le ministre des Transports estime que l’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion représentera 9,5 euros par billet pour les vols intra-européen.
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Air France a déjà anticipé cette hausse en augmentant le prix de ses billets d’avions, indique L’Echo touristique. En effet, la compagnie applique déjà des hausses de tarifs pour compenser l’application d’une taxe qui n’est pas encore votée. De quoi provoquer la fureur des professionnels du tourisme.

9,5 euros pour les vols en Europe, 120 euros sur un Paris-New York en Business Class: le ministre des Transports, François Durovray, estime que l’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion est «absorbable», dans une interview à La Tribune. «Je ne pense pas que, pour les vols en Europe, une taxe à 9,50 euros remette en cause les équilibres. De même que 120 euros sur un Paris-New York en Business Class, proposé à plusieurs milliers d’euros », selon le ministre.

Selon lui, en comparant le prix du billet de train et de certains billets d’avions, «beaucoup de Français ne comprennent pas pourquoi le premier est plus cher que le second dans le cas d’un certain nombre de compagnies low cost». «Ce surcoût de 9,50 euros restera absorbable par rapport au prix du billet.

Air France: des augmentations déjà appliquées 

Du côté des compagnies aériennes justement, passé la colère, le temps est à l’anticipation et aux mesures commerciales, certaines ayant déjà augmenté en machine le prix de leurs billets. C’est le cas d’Air France, qui a décidé de répercuter dès à présent cette hausse sur les billets vendus pour des voyages à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, comme l’a repéré Tourmag, «et ce sans attendre l’adoption définitive du projet de loi finances», fait savoir la compagnie tricolore.

Pour l’ensemble des vols des compagnies Air France, KLM et Transavia France, les modalités mises en œuvre depuis mercredi 23 octobre sont les suivantes: pour les vols domestiques (y compris les Départements d’Outre-Mer), les vols intra-UE et au sein de l’EEA, le barème passera ainsi de 2,63 euros à 9,5 euros pour les cabines Economy et Premium et de 20,27 euros à 30 euros en Business Class.

Pour les autres vols de moins de 5500 km, le barème passera de 7,51 euros à 15 euros pour les cabines Economy et Premium et de 63,07 euros à 80 euros pour les cabines Business et First Class. Pour l’ensemble des vols au-delà de 5500 km, le barème passera de 7,51 euros à 40 euros pour les cabines Economy et Premium et de 63,07 euros à 120 euros pour la Business et la First.

«Cette mesure est prévue par les dispositions IATA. Son application s’explique par l’ampleur inédite de l’augmentation de la taxe de solidarité et l’impact financier significatif pour Air France-KLM si le Groupe devait verser à l’Etat des taxes non collectées», indique la direction d’Air France, regrettant que cette taxation fasse supporter aux seules compagnies aériennes «la charge de la collecte et le risque financier associé».

Précision d’importance: si l’amendement venait à être modifié ou abandonné, «les compagnies du Groupe procèderont à une régularisation pour que le montant collecté soit égal au montant effectivement dû au titre de la taxe de solidarité», précise la direction d’Air France.

Les voyagistes français en colère

Ayant remarqué ces hausses dans tous les dossiers Air France non émis depuis le 24 octobre, les voyagistes français ont immédiatement fait part de leur colère à la compagnie nationale.

«Nous nous étonnons de cette mise en œuvre sans aucune information préalable auprès de ceux que vous qualifiez de ‘partenaires’! Il est également choquant de voir le groupe Air France-KLM appliquer une taxe non encore votée quand dans le même temps vous vous insurgez contre son instauration», indique un courrier signé par Valérie Boned, présidente des Entreprises du voyage (EDV) et René-Marc Chikli, président du Syndicat des entreprises du Tour Operating (Seto), et adressé à Henri Hourcade, directeur général France chez Air France.

«Il eut été préférable de travailler avec nous sur une proposition d’amendement garantissant une prise d’effet de cette hausse de taxe pour les seules réservations effectuées à partir du 1ᵉʳ janvier 2025», poursuit le courrier transmis à l’Echo touristique et qui conclut: «Nous nous étonnons que vous anticipiez ainsi une possible augmentation de taxe sur la seule base d’un projet d’amendement et nous vous mettons en demeure d’interrompre immédiatement l’application de cette surcharge en l’absence de vote d’une hausse du tarif de solidarité de la taxe sur le transport aérien de passagers (TTAP) quelle que soit la nature des clientèles (loisirs comme affaires)». (TI)