Swiss perd plus de 200 millions au premier trimestre

Le chiffre d’affaires recule de 67,5% par rapport à 2020. La demande de fret n’a que légèrement compensé.
Swiss Airbus A220-300. © Swiss

Malgré de vastes mesures d’économie, Swiss International Air Lines (LX) a clôturé le premier trimestre 2021 sur une perte de 201 millions de francs (2020: -84,1 millions de francs). La persistance des restrictions sévères sur les voyages a fait chuter le chiffre d’affaires de 67,5% s’établir à 299,6 millions de francs.

1’000 emplois supprimés d’ici fin 2021

La demande soutenue de fret n’a que légèrement compensé cet affaissement. Malgré cette perte importante, la liquidité de l’entreprise est assurée. Des projets non essentiels ont notamment été interrompus, des dépenses d’investissement reportées et la mise en service de nouveaux avions retardée. Le nombre de collaborateurs des niveaux d’encadrement supérieur a par ailleurs été réduit de 20% et un taux élevé d’activité partielle a été assuré dans l’ensemble de l’entreprise. Un millier d’emplois auront en outre été supprimés d’ici à la fin de 2021 par des mesures volontaires et par la fluctuation naturelle.

Markus Binkert

À Genève, Swiss a dû réduire ses dessertes aériennes à un minimum absolu de trois destinations. Elle a cependant pu continuer à relier la Suisse romande aux aéroports mondiaux par l’intermédiaire des hubs du groupe Lufthansa à Zurich et à Francfort. Markus Binkert, CFO: «Dans cette situation de marché extrêmement difficile depuis le début de l’année, le résultat est à la hauteur de nos attentes. La reprise considérablement différée aura de nouveau pour effet une perte importante cette année». Swiss indique encore que jusqu’à présent, elle a eu recours à bien moins de la moitié de l’emprunt bancaire de 1,5 milliard de francs suisses garanti à 85% par la Confédération.

Passagers au plus bas niveau

La pénurie de passagers reflète clairement l’effet des restrictions de voyage persistantes. Au premier trimestre 2021, Swiss (sans Edelweiss Air) a transporté environ 290’000 passagers, soit 90,4% de moins que l’année précédente. La compagnie a effectué un total de 4’429 vols, soit une baisse de 83,8% en comparaison annuelle. Sur l’ensemble de son réseau, Swiss a réduit son offre (sièges-kilomètres offerts – SKO) de 72,8% au premier trimestre 2021 pour un trafic (passagers-kilomètres transportés – PKT) en chute de 89,8%. Le coefficient d’occupation des sièges, en baisse de 45,9 points en comparaison annuelle, a atteint en moyenne 27,5%. Il s’est de nouveau montré sensiblement plus élevé sur les liaisons européennes que sur les lignes intercontinentales.

Un horizon encore éloigné
Dieter Vranckx

La demande ne retrouvera pas son niveau pré-pandémique à moyen terme. En outre, la part des voyages d’affaires devrait simultanément diminuer d’au moins 20%. Compte tenu de son modèle économique, Swiss en est particulièrement affectée. Dieter Vranckx, CEO: «En raison de l’échec de la reprise jusqu’à présent et d’un redémarrage qui se fait attendre, même la plus grande discipline en matière de coûts ne suffit plus à garantir la compétitivité future de Swiss. Nous sommes contraints d’envisager un redimensionnement important de notre entreprise».

Toute réduction de la flotte aurait également un impact sur le réseau de lignes, les coûts et la structure organisationnelle. L’analyse qui a été initiée au sujet de la taille future de la compagnie aérienne n’est pas encore achevée. De plus amples détails seront annoncés dans les semaines à venir.

50 à 55 au lieu de 65% cet été

En moyenne, Swiss ne propose toujours pas plus de 25% de sa capacité de 2019. La reprise se voyant encore différée, les prévisions de services aériens pour l’été ont dû être revues. Contrairement à son ambition récente, elle n’offrira pas 65% de son ancienne capacité en plein été mais seulement 50 à 55%. Son objectif reste d’offrir un programme de vol aussi étendu que possible répondant à la demande du marché.

«Nous sommes parfaitement conscients de l’envie des gens de renouer avec le voyage», poursuit Dieter Vranckx. «Nous y sommes également prêts. Mais il ne peut y avoir de reprise dans les circonstances actuelles. Pour pouvoir continuer à remplir notre mission consistant à relier la Suisse au monde, nous réclamons l’instauration d’un cadre stable, cohérent et favorisant la mobilité».

 

(CD)