AG de la FSV: «Professionnel du voyage – plus qu’un simple job»

Barbara Rigassi a abordé la thématique «pénurie de personnel qualifié» en compagnie de Nicole Pfammatter, Silvia Cornel, Dominic Eckert et d’anciennes Young Talents.
Barbara Rigassi, BHP Brugger & Partner.

Avec trois workshops et autant de thèmes d’actualité pour la FSV, l’après-midi qui a suivi l’AG 2022 s’est voulue studieuse à Séville.

Après les exposés «Voyager en tenant compte du climat» et «WEB 3.0. comme opportunité», Barbara Rigassi (BHP – Brugger und Partner) a clôturé l’après-midi par une table ronde sur le thème de la «pénurie de personnel qualifié» en compagnie de Nicole Pfammatter (CEO d’Hotelplan Suisse), Silvia Cornel (Cornels Reisebar), Dominic Eckert (Dreamtime Travel) et d’anciens Young Talents.

Environ 6000 employés pour quelque 1300 agences de voyages, une proportion de femmes de 83%, 309 apprentis et 3,4 EPT par agence – tels sont les chiffres officiels de la branche suisse du voyage selon la FSV. Le point positif: la branche du voyage est à nouveau en croissance. Malgré cela, ou justement pour cette raison, il est plus important que jamais de savoir ce qui doit être fait pour continuer à trouver du bon personnel et, en fin de compte, pouvoir l’embaucher.

«La branche des voyages dispose d’un énorme potentiel d’apprentis qu’elle doit absolument exploiter», explique Barbara Rigassi. Avant la crise, le nombre d’apprentis employés de commerce CFC de la branche était de 103 au début de la formation. Pendant la crise, ce nombre est tombé à 38 apprentis. Cette année, ils sont de nouveau 76, ce qui est encore nettement insuffisant, selon Barbara Rigassi.

Elargir le rayon de recherche et améliorer les méthodes

Mais comment trouver du nouveau personnel et comment l’attirer dans l’entreprise? Barbara Rigassi est d’avis qu’il faut élargir le rayon de recherche et améliorer les méthodes de recherche de candidats potentiels. «Les annonces d’emploi seules ne suffisent plus – aujourd’hui, l’employeur doit quasiment postuler auprès des employés».

Barbara Rigassi (à gauche) avec Silvia Cornel (Cornels), Dominick Eckert (Dreamtime) et Nicole Pfammatter (Hotelplan Suisse).

Pour pouvoir garder le personnel dans sa propre entreprise, les collaborateurs doivent voir un impact, selon Barbara Rigassi. Il faut une base de valeurs commune, plus de flexibilité et des modèles de conditions de travail adaptées, comme la possibilité de travailler à temps partiel ou à l’année.

Que peut faire la Fédération?

Le secteur peut fixer le cadre pour les membres, mais c’est à l’entreprise de rechercher et d’engager des forces vives.

  • Réseau actif et participation à l’élaboration des conditions-cadres deviennent plus importants (écart entre la politique et l’économie).
  • Soutenir la gestion des talents et des professionnels: membres Peer-to-Peer, par exemple concept pour le thème central des personnes en reconversion professionnelle.
  • Formation de base: développer et proposer des offres du secteur
  • Façonner l’image du secteur

A quoi les entreprises peuvent-elles être attentives?

  • «employer branding»
  • Les agences de voyages ne sont pas seulement en concurrence dans leur branche, mais aussi avec de nombreuses autres secteurs qui ont besoin de compétences.
  • Les annonces d’emploi ne suffisent plus. Push des postes via JobCloud et d’autres plates-formes; recommandations des collaborateurs.
  • La gestion du personnel et des talents devient un thème d’investissement de plus en plus important.

Qu’en disent les professionnels?

A la question de savoir ce qui rend si difficile le fait de trouver de bonnes personnes dans la branche des voyages, Silvia Cornel, gérante de Cornels Reisebar, a une réponse simple. «Le secteur des voyages fait appel à de nombreuses composantes différentes, ce qui le rend complexe». Dominic Eckert, propriétaire de Dreamtime Travel, est d’avis que les salaires plutôt bas, malgré la grande responsabilité, pourraient en être la raison.

Nicole Pfammatter, CEO d’Hotelplan Suisse, a le sentiment qu’il faut rendre la branche à nouveau plus intéressante vis-à-vis de l’extérieur. «Si nous rendons le tourisme à nouveau plus intéressant, nous pourrons accomplir de grands pas».

Ces dernières années, les choses ont beaucoup évolué en ce qui concerne la recherche de personnel. «En fait, nous avons tout changé. Nos collaborateurs sont encouragés à partager nos postes de manière proactive». Dominic Eckert le confirme également et va encore plus loin: «Les nouveaux collaborateurs viennent par le biais des collaborateurs existants. En outre, nous nous adressons aussi à nos clients. Nous n’utilisons plus les annonces d’emploi typiques.»

Chez Hotelplan Suisse également, les annonces d’emploi ne sont plus utilisées que comme mesure de soutien, tandis que chez Cornels Reisebar, on mise davantage sur les médias sociaux ou le groupe Facebook de la branche du voyage pour partager les annonces. Les annonces d’emploi normales sont toutefois encore publiées.

Davantage qu’un simple job

De nos jours, les entreprises doivent vanter leurs mérites auprès des candidats. Dominic Eckert partage cet avis: «Les candidats regardent l’entreprise plus en profondeur. Un entretien d’embauche n’est plus une simple conversation, il s’agit de faire connaissance. La manière d’aborder le thème de la durabilité au sein d’une entreprise devient également de plus en plus importante.»

«Nous avons réduit les heures de travail par jour à six heures. Nous pouvons ainsi offrir plus de flexibilité à nos collaborateurs», explique Silvia Cornel. Chez Hotelplan, il y a la possibilité de travailler en «workation». Cela donne des ailes aux gens; ce n’est certes pas un outil pour recruter des collaborateurs, mais cela motive en tout cas», explique Nicole Pfammatter.

Selon Silvia Cornel, motiver les collaborateurs existants est un bon mot d’ordre. «Nous aussi, avec les heures de travail flexibles, nous avons trouvé un moyen de motiver nos collaborateurs sans que cela ait une influence négative sur les affaires courantes». Dominic Eckert est du même avis et confirme qu’aujourd’hui, un employeur doit être hautement flexible. «Nous adaptons les horaires de travail à nos collaborateurs et non l’inverse», explique le propriétaire de Dreamtime.

Les anciennes Young Talents parlent de leurs expériences professionnelles (de gauche à droite) : Franziska Jud (YT 2018, maintenant Hôpital de la ville de Zurich), Zoe Scherrer (YT 2019, DER Touristik Suisse) et Melanie Sommer (YT 2015, maintenant BLS Reisezentrum).

 

Trois anciennes Young Talents (Melanie Sommer, Franziska Jud et Zoe Scherrer) ont également appelées à participer à la discussion. Toutes trois ont fait des expériences différentes dans le secteur du voyage, soit en étant parties, soit en étant revenues, soit en travaillant dans le secteur du voyage depuis le début de leur carrière.

Néanmoins, leur opinion sur la pénurie de personnel qualifié et sur la situation générale dans le secteur ne diffère que très peu. Pour accepter un emploi, tous ont également des idées similaires: la flexibilité, la diversité, l’ambiance de travail et le salaire jouent également un rôle non négligeable – bien qu’un travail plaisant soit plus important que de gagner beaucoup d’argent. Les trois jeunes femmes sont d’accord sur ce point. «Je ne travaille pas dans le tourisme pour le salaire, mais parce que c’est plus qu’une simple profession, déclare par exemple Melanie Sommer.

Bien que l’on se trouve dans la classe salariale inférieure dans le secteur des voyages, elles voient d’autres incitations qui parlent en faveur de ce secteur. «En échange, j’ai pu voyager beaucoup, parfois même gratuitement», estime Zoe Scherrer.

Yannick Suter / Angelo Heuberger / Dominique Sudan