TPS est-elle une histoire à succès?

La coopérative TPS a tenu sa première assemblée générale ordinaire samedi dernier à Zurich.
Le comité actuel de TPS (de droite à gauche): Marcel Gehring (Let's go Tours), David Léchot (Indalo Space), la coprésidente Sonja Laborde (TPS Cully), Florence Inäbnit (Esprit du voyage), Roger Geissberger (Knecht), Koni Koelbl (Travel Solutions), le coprésident Kurt Eberhard (TPS Kloten) et le directeur de TPS Thomas Althaus. Manque Michael Mettler (Helbling Reisen), membre du comité directeur, en raison de son absence. ©TRAVEL INSIDE

La coopérative TPS (Travel Professionals Switzerland) a tenu sa première assemblée générale ordinaire samedi dernier à l’hôtel Five à Zurich, en présence d’environ 80 personnes. Environ 80 personnes, dont plus de 30 professionnels du tourisme de Suisse romande, ont aussi bien participé au dîner de la veille qu’à cette AG.

Les coprésidents Sonja Laborde et Kurt Eberhard ainsi que le directeur Thomas Althaus ont mené de main de maître l’ensemble de la manifestation répartie sur un jour et demi. Sur un total actuel de 195 membres, dont 151 coopérateurs et 44 entreprises affiliées, 91 voix étaient représentées à l’AG.

Construire une organisation de cette taille – TPS a été portée sur les fonts baptismaux le 11 juin 2022 dans le cadre de l’assemblée constitutive à Cully, après presque deux ans de travaux préparatoires – a demandé beaucoup de travail, se remémorent les deux coprésidents.


Les coprésidents de TPS remercient les membres démissionnaires du comité Stephan Roemer (à droite, Tourasia – il a été actif au sein du comité pendant 20 ans, TTS compris) et Alexandre Python (2e à partir de la gauche, Ad Gentes) pour leur engagement. ©TRAVEL INSIDE

Il a fallu créer une infrastructure qui fonctionne au minimum, convaincre les membres des organisations précédentes TPA, TTS et plus tard aussi TwD d’adhérer à TPS, gagner d’autres membres et convaincre les fournisseurs de notre idée. «Les efforts ont été récompensés et TPS est en passe de devenir une success story».

Au terme de son premier exercice, TPS boucle l’année sur une perte de CHF 24’091,60 pour un chiffre d’affaires de près de CHF 500’000. Celle-ci sera reportée sur les comptes annuels du prochain exercice. Pour 2024, TPS prévoit un budget de CHF 686’800, dont une part importante provient des cotisations annuelles des membres. Celles-ci demeurent inchangées et s’élèvent à:

  • CHF 1000.- pour les membres de la coopérative avec droit de vote et d’élection
  • CHF 200.- pour les filiales de membres de la coopérative sans droit de vote et d’éligibilité.

Les membres du comité directeur sont indemnisés de manière forfaitaire à hauteur de CHF 3000 par an. En outre, ils reçoivent pour leur travail dans les commissions CHF 70 de jetons de présence par heure – seul le temps de réunion effectif est compté, donc sans le temps de préparation – et une indemnité de transport équivalente à un billet de 1re classe sur la base d’un demi-tarif.

Les détaillants représentent la majeure partie des membres de TPS, parmi lesquels on trouve aussi bien des micro-entreprises employant un ou deux salariés que des entreprises moyennes ou grandes possédant leurs propres filiales. Des voyagistes spécialisés font également partie de la coopérative. TPS est présente dans les villes comme dans les campagnes et dans toutes les régions linguistiques de Suisse. Selon les coprésidents, cela est réellement représentatif des entreprises suisses de taille moyenne active dans le domaine du voyage:

  • 58 agences de voyages en Suisse romande (29,75%)
  • 87 agences de voyages en Suisse alémanique (44,62%
  • 6 agences de voyages au Tessin (3,08%)
  • 21 voyagistes en Suisse alémanique (10,77%)
  • 20 voyagistes en Suisse romande (10,26%)
  • 3 voyagistes au Tessin (1,54%)

Outre les membres, les fournisseurs et les partenaires prioritaires jouent un rôle décisif dans le modèle commercial de TPS, car les membres attendent en contrepartie des conditions préférentielles qu’ils n’auraient pas sans leur adhésion.

Thomas Althaus.

«Ces conditions préférentielles ne doivent pas nécessairement se présenter uniquement sous la forme de commissions plus élevées ou de montants en francs. Il peut aussi s’agir d’avantages non monétaires, comme l’accès à des informations ou à des manifestations exclusives», explique le directeur Thomas Althaus. Ainsi, des revenus supplémentaires ou des économies allant de CHF 10’000 à CHF 54’000 seraient garantis grâce à une adhésion à TPS.

Actuellement, TPS dispose de contrats-cadres avec un total de 58 partenaires prioritaires, ou Premium Partners. 42 de ces fournisseurs et partenaires prioritaires se trouvent dans le secteur du tourisme. Sept proviennent du segment Traveltech, six sont des entreprises de services et seules trois compagnies aériennes en font partie. Les Premium Partners se répartissent en:

  • Platin Partner (les 11 marques de TPS-Specialists Tour Operator).
  • Gold Partner (cotisation annuelle de CHF 2500)
  • Silver Partner (cotisation annuelle CHF 1500)
  • Bronze Partner (cotisation annuelle de CHF 1000)

Domaine GDS et aérien

Les membres de TPS présents attendaient avec impatience l’exposé de Roger Geissberger (Knecht), membre du comité de TPS et désormais vice-président. Il dirige la très importante commission GDS/vol. Une fonction que ce fin connaisseur de la matière exerce également au sein de la Fédération suisse du voyage (FSV).

Roger Geissberger ©TRAVEL INSIDE

Pour les spécialistes de la réservation et de la billetterie qui n’ont pas les mêmes affinités, il s’agit ici de ristournes de la part des GDS et de certaines compagnies aériennes. C’est ce que l’on appelle communément le «kick-back» dans le secteur. Pour des raisons juridiques, TRAVEL INSIDE a dû s’engager auprès de TPS à ne pas divulguer dans son compte-rendu les montants présentés.

Il s’agit des ristournes convenues dans des contrats-cadres pluriannuels – dans ce cas, de la part des GDS – en fonction du nombre de segments de réservation effectués. Il s’agit notamment des GDS les plus utilisés, Galileo/Travelport (80 contrats TPS) et Amadeus (30 contrats TPS). Les rémunérations – elles sont très substantielles – sont directement reversées aux entreprises de réservation, tandis que la coopérative TPS en conserve une petite partie pour la facturation et les logiciels. Dans le budget annuel de TPS, cela représente CHF 23’500.

En ce qui concerne l’émission des billets, Roger Geissberger a expliqué qu’il n’était pas important de savoir où, comment ou auprès de qui les membres de TPS faisaient émettre leurs billets d’avion. Les fichiers de réservation peuvent être «copiés» par n’importe quel bureau, qu’il s’agisse d’un logiciel de billetterie, d’un tour-opérateur, d’un ticketshop ou d’un broker. Au sein de TPS, il existe au total 71 bureaux au bénéfice d’une licence IATA.

Roger Geissberger a également abordé le thème de la NDC, qui progresse de plus en plus et qui, malgré d’importants désaccords, est également en train de gagner du terrain chez les GDS. Le groupe LH, avec l’important acteur Swiss pour notre pays, est déjà à utiliser Amadeus et Travelport en Allemagne et en Autriche depuis septembre, et il s’attend à ce que cette étape soit franchie en Suisse en décembre ou janvier 2024. Chaque entreprise de TPS doit toutefois s’inscrire directement auprès de la compagnie aérienne concernée pour le contrat NDC.

Roland Zeller en Keynote Speaker

Au terme de l’AG ordinaire de TPS et avant l’excursion commune sur la célèbre montagne dominant Zurich, l’Uetliberg, avec déjeuner à l’UTO Kulm, le Keynote Speaker 2023 a disposé d’une demi-heure pour présenter son exposé: la durabilité dans la branche des voyages. Roland Zeller (Travelfuture) a pu faire part d’une proposition intéressante.

Le célèbre entrepreneur touristique – fondateur de la première entreprise de voyage basée sur Internet (travel.ch) et de Business Angel – reconnaît, comme la plupart des professionnels du tourisme, la nécessité de préserver l’environnement. Mais le tourisme est justement à l’origine d’une grande partie des émissions et des conséquences dommageables dans le monde.

Roland Zeller.

Une culture de l’interdiction n’est pas le but de l’amélioration et il ne considère pas non plus les soi-disant compensations climatiques comme une solution. Cela vise par exemple la célèbre organisation Myclimate. Selon Roland Zeller, il serait préférable d’investir de l’argent dans de nouvelles technologies et start-ups ciblées, qui seraient plus utiles à l’environnement. Il ne fait surtout pas confiance, selon lui, aux institutions dirigées, soutenues ou contrôlées par des politiciens.

Lors de l’AG de TPS, Roland Zeller a lancé son idée de «Travelfuture Foundation»: un fonds de CHF 100 millions dans un premier temps – alimenté par les contributions volontaires des voyageurs – et avec des investissements ciblés dans divers projets. 25% de cette somme seraient mis à disposition à fonds perdu, c’est-à-dire pour le lancement de projets intéressants mais sans garantie. D’autres 25% seraient utilisés comme aides financières et 50% de la fortune de la fondation seraient investis dans des start-ups de la branche.

Pour alimenter le capital de la fondation, les bureaux de réservation doivent encaisser cinq francs par passager pour les voyages en Europe et dix francs pour les long-courriers en dehors de l’Europe. Roland Zeller voit ici un potentiel d’environ CHF 10 millions de francs par an, mais tous les prestataires de services tels que les hôtels, les compagnies de croisières et autres devraient être impliqués dans l’encaissement. Les contributions devraient être mentionnées sur la facture respective, et si le client le refuse, la facture devrait être révisée en conséquence.

Il conçoit la fondation avec une administration peu coûteuse et un conseil de fondation composé de 7 à 9 membres issus de tous les segments du tourisme. Pour l’instant, il est prévu de le faire en Suisse, mais une extension au niveau DACH est également envisageable.

Roland Zeller est pleinement conscient du fait que le capital visé et sa réalisation n’ont que peu d’impact au niveau mondial, c’est pourquoi il a lancé l’idée lors de l’AG de TPS et a également soumis son idée au vote: deux tiers des votants dans la salle trouvent l’idée positive.

Angelo Heuberger, adaptation: Dominique Sudan