«Le meilleur exercice de tous les temps pour Croisi Europe en 2023»

Depuis l’année dernière, la première compagnie européenne de croisières fluviales, qui dispose d’une antenne pour la Suisse à Lausanne, navigue de nouveau dans des eaux très favorables. Le point avec Michel Grimm, Directeur Commercial International.
Michel Grimm, Directeur Commercial International de Croisi Europe: «L’expansion est dans l’ADN de la compagnie.» © màd

Michel Grimm, quel bilan tirez-vous du marché dans son ensemble en 2023?

La reprise est très forte après les années Covid – 2020 et 2021. L’an dernier a constitué une phase de reconstruction et l’exercice en cours  est extrêmement réjouissant. Ce sera le meilleur en termes de chiffre d’affaires de l’existence de la compagnie, toutes prestations confondues et même en tenant compte du fait que l’hiver dernier est resté compliqué pour nos destinations lointaines, Asie et Afrique. Nous dépasserons donc les 163,2 millions d’euros de 2022 pour 148’274 passagers, dont la moitié de répétiteurs.

Et à propos du marché suisse?

Notre progression, en 2023, comparativement à 2022, est de plus 23% de clients et plus 20% de chiffre d’affaires jusqu’à présent. Ce dynamisme se ressent également chez nos partenaires tour-opérateurs, réseaux d’agences et autocaristes. Cela s’explique par la disparition des contraintes sanitaires. La normalisation annoncée du virus est une réalité, qui tend à devenir aussi banal qu’une grippe.

Dans cette phase ascendante, l’aérien parvient-il à suivre?

Le manque de capacité tend progressivement à se résorber. Ça va clairement mieux en octobre 2023 que lors du mois correspondant de l’an passé.

Qu’en est-il du recrutement, un sérieux problème régulièrement soulevé par les pros du tourisme, notamment hôteliers et restaurateurs?

C’est vrai qu’en 2022 on avait l’impression que tout le personnel affecté à ces secteurs-là avait disparu! Beaucoup de compétences manquaient à l’appel. Même si la situation n’est pas complètement revenue à la normale, elle s’est toutefois à peu près stabilisée.

Constat général: les clients ont envie de voyager comme jamais!

Absolument. Et cela concerne tous les marchés. On sent clairement qu’ils ont été bridés par le manque de possibilités de partir – près ou loin – et qu’il y a donc une véritable appétence pour les vacances et profiter tant qu’on peut. Sait-on jamais… Pour prendre un exemple, le séjour envisagé depuis longtemps n’est plus repoussé, mais planifié et réservé. Cela contribue, globalement, au retour au premier plan des acteurs des loisirs.

Quelles perspectives pour la fin de l’année et 2024?

Les derniers mois de 2023 s’annoncent excellents. Idem pour les premiers de l’an prochain si l’on s’en réfère aux pré-réservations et carnets de commandes/affrètements pour les groupes chez nos partenaires sur l’ensemble des marchés, Suisse comprise. Nous sommes clairement sur la bonne voie.

Un bémol, cependant: la situation au Moyen-Orient, qui pourrait toucher le Nil et la mer Rouge, où nous sommes actifs.

Les croisières qui marchent actuellement le mieux sont-elles les mêmes qu’avant la pandémie?

Clairement. Le Douro, en raison de ses qualités naturelles, sur lequel nous avons 6 bateaux, reste largement plébiscité. Idem pour la Seine et la Garonne, notamment, pour la France.

Et je ne pense pas que ce soit lié à des événements tels la récente Coupe du monde de rugby ou la médiatisation relative aux prochains Jeux olympiques. Car ce type de manifestations peut autant attirer les touristes que les rebuter. Le Rhin et le Danube, avec leur réputation de classiques, sont, de même, en première ligne.

Et les canaux?

Ils connaissent un fort développement. À ce propos, un nouveau programme est prévu sur le canal de l’Oise entre le nord de Paris et Pont-l’Evêque. Il accompagnera les festivités liées au 150e anniversaire de l’Impressionnisme l’an prochain, qui feront notamment la part belle à Van Gogh.

La construction de nouveaux bateaux est-elle à l’ordre du jour?

Tout projet d’essor est plutôt remis à 2025, même si plusieurs sont déjà à l’étude. Après deux années et demie de crise, nous sommes prioritairement et logiquement en phase de consolidation/croissance. Ce qui prend plutôt une belle tournure, comme indiqué.

C’est ainsi que nos deux bateaux basés en Afrique australe, qui possèdent chacun 8 cabines, affichent complet jusqu’à fin 2023. Sur le Mékong, nos cinq unités ont recommencé à opérer grâce au travail d’approche effectué en Australie, ainsi que sur les marchés nord-américain et européen, qui y envoient leurs ressortissants.

Dans ces conditions favorables, nous parlons de nouveau, à l’interne, de projets d’expansion des destinations fluviales et des péniches à moyen terme. L’essor est dans l’ADN de la compagnie.

Quid de l’écoresponsabilité qui n’est pas une nouveauté chez Croisi Europe?

Non, en effet. Nous avons toujours été sensibles à cette thématique. Cela fait longtemps que nous avons installé un système de retraitement des eaux usées à bord. Idem pour le tri des déchets. Désormais, les bouteilles en plastique ont disparu de nos bateaux et les pailles sont en carton.

Plus important encore, le carburant utilisé est du gaz naturel liquéfié à la place du fioul lourd. Notre recherche est permanente pour contribuer tous azimuts à la diminution de la pollution.

(Didier Walzer, Strasbourg)