Agences de voyages: «Retour à une nouvelle normalité»

Olivier Emch, président du Groupement des agences de voyages de Genève (GAVG), procède à un état des lieux au sortir de la crise sanitaire.
Olivier Emch, directeur d'Executive Travel, président du GAVG et membre du comité de la FSV. © màd

Quatre secteurs qui reviennent de loin: tel est le titre du dossier consacré par la Fédération des entreprises romandes (FER) aux secteurs durement touchés par la crise de Covid-19. Parmi ces anciens cas de rigueur traités dans le bimensuel Entreprise romande, l’événementiel, le transport des personnes, la restauration et les agences de voyages.

Si le secteur des voyages n’a pas encore retrouvé son chiffre d’affaires de 2019, il est en bonne voie de le faire. «Nous sommes en pleine croissance, mais il faut dire que nous sommes partis de très bas», remarque Olivier Emch, directeur d’Executive Travel, président du GAVG et membre du comité de la Fédération suisse du voyage (FSV).

Si peu d’agences de voyages ont fait faillite, c’est parce qu’elles sortaient de très bonnes années, pendant lesquelles elles ont constitué des réserves, et que les aides publiques leur ont permis de tenir le coup, malgré la quasi disparition des recettes pendant de longs mois. Elles n’ont cependant pas échappé à une restructuration – le personnel a été réduit d’environ 15%.

La phase aiguë de la crise a pris fin en 2022 et les activités ont repris très fort pendant l’été dernier. «L’année s’est soldée par une baisse d’environ 30% par rapport à 2019, ce qui est déjà extraordinaire au vu de ce que nous avons traversé», poursuit Olivier Emch dans le bimensuel. «En 2023, nous comptons sur une baisse de 10%, toujours par rapport à 2019. Je pense que nous retrouverons les niveaux d’avant la pandémie en 2024.»

Entreprises plus prudentes

Si le tourisme individuel poursuit sa progression, le marché a évolué. Et des politiques restrictives ont été mises en place, notamment dans les entreprises. «Les entreprises ne veulent pas se trouver dans la situation où elles auraient poussé leurs collaborateurs à voyager vers des destinations à risque et que l’un d’eux tombe malade à cette occasion», remarque Olivier Emch.

Les entreprises sont aussi plus attentives au prix des billets d’avion et à leurs émissions de CO2. «C’est une politique que nous soutenons. Nous avons suffisamment de travail pour ne pas vouloir organiser de voyages inutiles. Nous poussons nos clients à privilégier les vols directs, même s’ils sont un peu plus chers, afin de limiter leurs émissions de CO2, et nous établissons des bilans carbone. Pour certaines entreprises, la visioconférence était indispensable pendant la période de pandémie. Elle reste une option, mais ne remplace pas le contact humain.»

Reconversion dans la branche: nouvelle formation

La reprise est bienvenue pour le secteur, mais cause cependant un souci: les collaborateurs licenciés pendant la crise se sont reconvertis et il est difficile de trouver du personnel qualifié.

Pour palier la pénurie, une formation a été lancée par l’IST Zurich. «Cela fait vingt ans que nous proposons un cours de reconversion dans la branche des voyages», explique Peter Limacher, responsable formation à l’IST. «Nous l’avons remanié en collaboration avec la FSV.»

D’une durée de six ou sept mois à temps partiel, il donne droit au titre de Travel Advisor, reconnu par la FSV, poursuit le bimensuel. La première volée d’une quinzaine de personnes a commencé le cours le 20 mars dernier et trois autres volées sont prévues cette année. «Nous aimerions adopter cette formation en Suisse romande», conclut Olivier Emch.

(DS)