Suspension de l’exemption Schengen pour les USA et le Canada?

Cette mesure a été demandée en mesure de rétorsion à un manque de réciprocité envers certains Etats membres de l’UE.

La Commission européenne a adopté une politique de communication sur la manière d’agir quant à la non-réciprocité vis-à-vis de certains pays de l’UE. En effet, les USA exigent des visas pour les Bulgares, les Croates, les Chypriotes, les Polonais et les Roumains. La Commission européenne se considère obligée d’exiger un régime de réciprocité pour les citoyens US qui se rendent en Europe. En conséquence, le 12 avril dernier le Conseil et le Parlement européen ont été saisis pour qu’une suspension de l’exemption de visa Schengen soit mise en place pour les citoyens des USA et du Canada.

Cette demande fait suite à une première notification il y a deux ans, envoyée au Département d’Etat des USA. La Commission européenne demandait alors une reconsidération de la position des USA vis-à-vis des cinq Etats membres concernés. Le délai étant écoulé, la question est donc transmise désormais au Conseil et au Parlement. Le problème se pose à un moment où la cohésion européenne –et la zone de voyage sans frontière- est mise sous pression. L’Autriche a mis en place un plan de gestion des frontières au col du Brenner et des contrôles ponctuels sont effectués aux frontières, ou à proximité, dans toutes l’Europe.

Pour sa part, l’Association européenne des tour-opérateurs (ETOA) rejette le problème sur la Commission européenne. Mario Bodini, Président d’ETOA: «Il est important que l’économie européenne ne devienne pas une victime. L’accueil des visiteurs provenant des USA et du Canada est extrêmement important pour l’Europe. Nous leur vendons des services pour près de €50 milliards: c’est un secteur d’exportation aussi important que celui de l’automobile. Des millions d’emplois en dépendent.»

Une estimation est difficile à faire, puisqu’une telle menace n’a jamais encore pesé sur le marché européen. Toutefois, imposer un régime de visa particulier pourrait selon lui engendrer un recul de près de 30% sur les voyages de loisirs. Ceux-ci représentent plus de 80% du total, en incluant les visites d’amis ou de familles. Mario Bodini plaide pour une réciprocité, mais pas au prix de €15 milliards et de 600’000 emplois. «La réciprocité est un principe largement ignoré dans le domaine des visas: les Européens disposent de bien plus de liberté de voyage dans le monde entier, que ce dernier lorsqu’il s’agit de venir en Europe.»