Est-il possible de voyager dans des pays en guerre?

Analyse d’A3M, spécialiste de l’alerte précoce et des destinations.
Yangon, Myanmar. ©Unsplash / Alexander Schimmeck

Triste anniversaire: le 22 février marquera le deuxième anniversaire de l’attaque de la Russie sur son voisin ukrainien. Depuis cette date, les deux pays sont également largement isolés en termes de voyages. Avec les attentats du Hamas du 7 octobre 2023, la situation sécuritaire s’est en outre nettement aggravée pour Israël et le Liban. Mais est-il techniquement possible de voyager dans ces pays? A3M, spécialiste de l’alerte précoce et des destinations, livre son analyse.

Ukraine

Pour l’Ukraine, la situation est très claire pour les voyageurs. Le ministère allemand des Affaires étrangères, par exemple, a émis un avertissement aux voyageurs. En outre, les citoyens allemands sont invités à quitter le pays.

En Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) précise que les voyages à destination de l’Ukraine sont déconseillés ainsi que les séjours de tout genre dans ce pays. «Les personnes de nationalité suisse qui ont besoin de services consulaires ou d’autre assistance peuvent s’adresser à la Helpline du DFAE. Elles doivent être conscientes que la Suisse n’a toutefois que des possibilités très limitées, voire aucune, de fournir assistance en cas d’urgence.»

Un voyage en Ukraine n’est possible, si tant est qu’il le soit, que par voie terrestre depuis la Pologne. L’espace aérien est en effet complètement fermé à l’aviation civile. Dans les régions annexées à l’est de l’Ukraine, la situation est nettement plus tendue puisque la loi martiale y est en vigueur. Mais Kiev et d’autres grandes villes comme Lviv et Odessa sont également régulièrement bombardées. Du point de vue des voyages, l’Ukraine est donc en fait une sorte de «no-go area».

Russie

La situation est un peu différente dans le pays agresseur, la Russie. Bien que le pays soit pratiquement isolé de l’Occident, les voyages sont techniquement possibles avec un visa et ne sont pas interdits en soi. Il est toutefois très difficile de s’y rendre. Les liaisons directes au départ de l’UE ont été supprimées, de sorte qu’il n’est possible de s’y rendre que par avion, en passant par des hubs de correspondance comme Istanbul. En raison de la rareté de l’offre, les prix sont extrêmement élevés.

Le passage des frontières terrestres n’est possible qu’entre les pays de l’UE et l’enclave de Kaliningrad. Même si les voyages sont techniquement possibles, ils sont déconseillés. Des arrestations arbitraires sont possibles – les doubles nationaux risquent d’être enrôlés dans le service militaire. En outre, la vie quotidienne n’est pas forcément simple pour les voyageurs occidentaux. Par exemple, les cartes de crédit Visa, Mastercard et American Express ne fonctionnent pas en Russie.

Israël

Il est certes possible de se rendre en Israël, mais le ministère allemand des Affaires étrangères met en garde contre ce risque et invite les citoyens allemands à quitter le pays. En Suisse, le DFAE indique qu’il est déconseillé de se rendre en Israël pour des voyages touristiques et tout autre voyage qui ne présente pas un caractère d’urgence. Il est déconseillé de manière générale de se rendre dans certaines parties du pays.

Les raisons sont évidentes. Depuis le 7 octobre 2023, le risque terroriste est notoirement élevé en Israël. Et même si le «Dôme de fer» en intercepte le plus grand nombre, les tirs de roquettes sont malheureusement monnaie courante dans le pays. L’offre de vols réguliers est restreinte. De nombreuses compagnies aériennes étrangères ne desservent actuellement pas Tel-Aviv. Il y a donc moins de liaisons – avec les compagnies aériennes israéliennes ainsi que d’autres compagnies isolées qui proposent le voyage via Athènes par exemple. Lufthansa et Swiss ont également repris ses vols. Toutefois, le niveau des prix est actuellement très élevé, surtout pour les liaisons sans escale.

Liban

Il est également déconseillé de se rendre dans le pays voisin du nord, le Liban. Les liaisons aériennes sont également réduites vers Beyrouth. En outre, le risque terroriste est élevé. Les manifestations et les rassemblements de masse peuvent rapidement atteindre un niveau dangereux – de sorte que même des personnes non impliquées peuvent rapidement se retrouver dans des situations désagréables.

Myanmar

Dans le contexte des guerres mentionnées, un pays est souvent négligé. En février 2021, l’armée a pris le pouvoir au Myanmar. Des arrestations parfois arbitraires ont lieu régulièrement, les voyages dans le pays sont limités et des combats entre la population et l’armée ainsi que des attentats terroristes peuvent toujours avoir lieu. Enfin, les lignes téléphoniques et les connexions Internet sont régulièrement perturbées.

Haïti

S’il existe actuellement une sorte de «no go area», il s’agirait par exemple d’Haïti – même si elle n’est pas particulièrement pertinente sur le plan touristique. Le pays est considéré comme le plus pauvre de l’hémisphère occidental et s’enfonce de plus en plus dans le chaos, si bien que les gangs règnent en grande partie sur l’État des Caraïbes. L’approvisionnement en nourriture et en eau est de plus en plus précaire – de nombreuses personnes souffrent de la faim. Les visiteurs étrangers ne sont pas seulement confrontés à ces problèmes, ils courent également le risque d’être enlevés. (TI)