Hotelplan ou la réponse du berger à la bergère

Après l’annonce de la vente, Hotelplan répond à sa manière au choix stratégique de Migros.
Slogan percutant dans la presse dominicale...

Dans un courrier électronique adressé vendredi matin à ses partenaires et clients, Hotelplan remettait déjà l’église au milieu du village: «Notre actionnaire Migros a annoncé ce matin qu’elle se concentrera à l’avenir sur son activité principale. Migros ne se considère donc plus comme la propriétaire idéale du groupe Hotelplan et voit pour le plus grand voyagiste suisse des opportunités de développement encore plus grandes avec un nouveau propriétaire. Pour vous, en tant que clientes et clients, rien ne change. Toutes les activités et marques continuent à fonctionner de manière fiable et digne de confiance. Migros le garantit. Cela signifie que vos vacances déjà réservées auront lieu comme prévu. Et nos collaboratrices et collaborateurs continuent à vous aider à planifier vos vacances avec un grand engagement et acceptent volontiers les nouvelles réservations par les canaux auxquels vous êtes habitués, que ce soit en ligne, par téléphone ou dans nos succursales et autres points de vente.»

Après 89 ans, le sort d’Hotelplan est donc scellé: créé par Gottlieb Duttweiler avril 1935, Hotel Plan est condamné à quitter le portefeuille Migros.

«Le centre de gravité de l’industrie du tourisme s’est déplacé vers des voyagistes de très grande dimension et d’envergure internationale ou bien spécialisés, pour lesquels la taille est un facteur décisif. Si Hotelplan Group est le plus grand voyagiste de Suisse, il conserve une taille relativement modeste à l’échelle mondiale. Les synergies avec le cœur de métier du groupe Migros sont limitées.

Même la mission que s’était donnée Gottlieb Duttweiler en 1935 d’«aider une hôtellerie suisse proche de l’effondrement et permettre à tout un chacun de partir en vacances» est aujourd’hui remplie de façon parfaitement satisfaisante par bien d’autres prestataires. Migros estime toutefois que l’entreprise bénéficiera de perspectives de croissance encore meilleures avec un nouveau propriétaire», indiquait le même jour la Fédération des coopératives Migros.

Une bombe dans le paysage helvétique des voyages si l’on sait que les deux autres grands tour-opérateurs du pays sont déjà en mains étrangères.

De toute évidence, la direction d’Hotelplan Group n’était pas impliquée dans ces intentions de vente et ne se doutait pas, loin s’en faut, de cette décision. Dans toute la presse dominicale, que ce soit dans plusieurs médias alémaniques ou dans le seul journal à paraître le dimanche en Suisse romande, Hotelplan a publié une annonce pour le moins originale, qu’il est loisible d’assimiler à un doigt d’honneur. Cette réponse du berger à la bergère tient en un slogan choc dont on renoncera sciemment à analyser le double sens de la traduction française pour éviter toute connotation grossière:

«Hotelplan s’écrit sans M – Nous restons le numéro 1 pour vos vacances.»

Laura Meyer, CEO d’Hotelplan Group, déclarait ceci vendredi dernier: «La décision de chercher un nouveau propriétaire pour Hotelplan Group a été prise par l’administration de la Fédération des coopératives Migros (FCM). Hotelplan Group a présenté cette année, et pour la deuxième fois consécutive, une année record. Le mérite en revient à tous les collaborateurs engagés et compétents d’Hotelplan Group.»

Le groupe de voyages a non seulement réalisé deux excellentes années sur le plan opérationnel, mais il a aussi su tirer profit de la forte demande de voyages. Hotelplan Group a également mis en œuvre de manière conséquente la stratégie du groupe, optimisé son portefeuille, lancé de nouveaux produits, fait avancer la numérisation et mis en place une organisation plus efficace. Il est ainsi très bien positionné.

La direction du groupe souhaite poursuivre ces succès et voit dans un nouveau propriétaire ambitieux une chance de continuer à croître de manière rentable. Dixit la CEO d’Hotelplan Group après l’annonce coup de tonnerre. (DS)