Mener grand train en Espagne

Al-Andalus, Transcantábrico, Costa Verde Express et Expreso de la Robla sont au rail ce que les croisières de luxe sont à la mer: de véritables palaces traversant les plus beaux paysages ibériques.
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Parmi les clients des trains touristiques de luxe proposés par Renfe, 32,4% sont espagnols, et 67,6% proviennent du reste du monde. Les Romands soucieux de leur bilan carbone sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la formule, même si elle n’est pas à la portée de toutes les bourses.

Pour Christine Ruph, directrice à Genève de Frantour-Railtour (qui commercialise le produit en Suisse), la plupart sont attirés par le charme désuet des trains d’autrefois. La bonne maîtrise du budget – tout inclus – et l’avantage de ne pas avoir à faire et défaire ses bagages sont aussi appréciés, notamment sur le circuit de Malaga à Séville – ou inversement – sachant que des vols directs vers ces villes facilitent le pré- et post- acheminement.

Forfaits

La semaine de 7 jours (6 nuits) comprend l’hébergement (cabines et suites climatisées équipées de frigo, toilettes et douches privatives, wifi performant), les trajets en bus haut de gamme menant aux sites éloignés des gares, ainsi que l’entrée aux attractions locales et leur visite guidée. En prime, une offre gastronomique qui se veut distinguée, aussi bien à bord des trains que dans les restaurants des villes inscrites à l’itinéraire.

«Notre expérience et la qualité de nos services nous positionnent comme une référence mondiale dans le secteur des trains de luxe», affirme Veronica Garay, directrice adjointe d’Al-Ándalus, fidèle à la compagnie depuis cinq ans. Elle se réjouit que cette dernière ait décliné une offre de rachat formulée par le Groupe Belmond, propriétaire d’Orient-Express.

Trajet

Al-Ándalus traverse les villes de Cadix, Grenade, Jaén et Cordoue. Le train aligne 15 voitures, dont cinq ont été construites en France à la fin des années 1920, pareilles à celles utilisées par la famille royale britannique pour gagner la Côte d’Azur. Le convoi aligne 32 chambres, dont 12 Gran Clase et 20 Suites Deluxe. Une cuisine est affectée à la préparation des repas servis à bord.

Dans la voiture-salon aux boiseries, lampes et mobilier dignes d’un roman d’Agatha Christie, les commentaires élogieux vont…bon train: «Nous venons de l’Utah et sommes séduits par ce décorum très Années Folles», déclare un couple d’Américains, fasciné par l’héritage architectural et historique de l’Espagne. Même émerveillement chez un citoyen de Trinidad.

Au bar, des Costaricains relèvent la qualité des crus sélectionnés. Ils ne seront pas les seuls – au terme du voyage – à se féliciter de l’excellence du spectacle donné au musée du flamenco de Séville: «Le train ne s’est pas moqué de nous; ici, on est à mille lieues des divertissements médiocres généralement proposés aux clients des hôtels touristiques.»

Bernard Pichon