«Sans Hotelplan ni Kuoni, la formation serait peut-être à l’agonie en Romandie!»

Dix-sept nouveaux apprentis ont débuté leur formation en Suisse romande et composent la nouvelle volée 2023/26.
Les nouveaux diplômés 2023 fêtés au début juillet avec, à l'arrière-plan, Stéphane Jayet, Stéphanie Chezeaux et David Léchot. ©TI

La cérémonie de remise des certificats aux nouveaux diplômés s’est déroulée début juillet à Lausanne. Mais il n’y en aura pas l’année prochaine puisque la Suisse romande n’avait pas eu de nouveau cursus d’apprentissage en 2021 en raison de l’absence de contrats et des perspectives plutôt sombres du contexte d’alors. Entre-temps, les conditions s’étaient nettement améliorées et la Suisse romande avait renoué avec une nouvelle volée 2022-2025 en premier lieu grâce à l’engagement d’Hotelplan Suisse et de DER Touristik/Kuoni.

Au début août, dix-sept apprentis ont débuté leur formation en Suisse romande, chiffre tout-à-fait correct dans le contexte actuel. Mais une fois de plus, les trois grands réseaux forment l’essentiel de la relève. Les nouveaux apprentis 2023/26 sont les suivants:

Quentin-Frédérick Baumann (Hotelplan); Marion Ben Salem (VT Vacances); Cristel Blanch (Tourisme Pour Tous); Luana Soraia Carmon Gonçalves (Hotelplan); Matteo De Stefano (Hotelplan); Alessio Antonio Esposito Faraone (Tourisme Pour Tous); Julie Laura Etter (Tourisme Pour Tous); Luca Fernandez (Cristal Voyages); Matilde Fialho Dias Moreira Durão (Croisitour); Mafalda Laires (TUI); Mariam Charlotte Sylviane Lembert (Hotelplan); Amadéa Désirée Carlyne Marlène Melly (Hotelplan); Norah Mounir (Kuoni); Inès Ravussin (Kuoni); Justine Remy (Hotelplan); Charlotte Ricci (Rubis Voyages) et Eda Sumer (TUI).

(Dominique Sudan)

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Interview de Stéphane Jayet, chef de la Formation en Suisse romande et vice-président de la Fédération suisse du voyage (FSV):

 

Stéphane Jayet. ©màd

Avec 17 nouveaux apprentis, peut-on parler de «renouveau» pour la formation en Suisse romande?

De renouveau non, mais de remise à niveau oui. Nous ne pourrons vraisemblablement plus jamais atteindre deux classes de 20 élèves en Suisse romande, ce que nous avions à l’époque des agences de voyages CFF qui comptaient parmi les plus importants formateurs romands. Toutefois, nous savons que nous avons le potentiel pour une classe qui peut atteindre plus de 20 apprentis et ne pas excéder 25, ceci pour garantir la qualité du suivi et de l’enseignement.

Comment expliquez-vous la force du duo Hotelplan Suisse/Tourisme Pour Tous qui forme à lui seul 9 apprentis?

L’ADN formateur de ce réseau n’est plus à démontrer et je m’en réjouis depuis de très nombreuses années. En toute transparence, si nous n’avions pas d’acteurs forts comme Hotelplan Suisse, TPT et DER Touristik/Kuoni, la filière de formation duale sur la Suisse romande serait peut-être déjà à l’agonie, ou même aurait disparu! N’oublions pas que les réseaux «Corporate» ne forment plus depuis quelques années, mais une bonne nouvelle pourrait surgir pour le cycle 2024-27. Selon mes sources, un apprenti ou une apprentie pourrait être engagé dans ladite filière pour la rentrée 2024. Affaire à suivre.

On constate également que TUI est de retour après plusieurs années sans apprenti. S’agit-il d’une stratégie de TUI au niveau national?

Je ne peux pas répondre à cette question, seuls le management et les RH de ce réseau pourront répondre. TUI est également un formateur important en Suisse romande en raison de son réseau et de sa notoriété. Je me réjouis de ce positionnement pour l’année en cours et je ne peux que féliciter vivement leurs initiateurs.

Comment se fait-il que si peu d’indépendants forment des jeunes?

Pour cette rentrée, il y a quand même quatre indépendants (Cristal Voyages, Croisitour, Rubis Voyages et VT Vacances), soit 25% du total, ce qui n’est pas anodin. Il faut poursuivre la communication et l’information aux employeurs potentiels et continuer de «taper sur le clou». Je le fais avec l’aide des groupements cantonaux depuis bon nombre d’années, dans la presse professionnelle et lors de mes interventions au comité de la FSV.

Il semblerait que le réseau TPS nous prépare une surprise pour la rentrée 2024. J’attends avec impatience son annonce et me réjouis de connaître sa prise de décision. Je dois effectivement noter que la cellule «formation» TPA-TPS est aux abonnés absents depuis quelques années. Je ne peux que me réjouir d’un renouveau concret et factuel.

Mais je me répète souvent dans ce contexte: on dénombre beaucoup trop de professionnels actuels du voyage qui oublient d’où ils sont partis et qu’à l’époque, une personne s’était engagée à mettre à leur disposition des places d’apprentissage. Certains ont la mémoire courte, malheureusement!

A sa création en 2022, TPS s’était d’ailleurs engagé à former des jeunes. Avez-vous approché la nouvelle coopérative?

J’ai eu plusieurs discussions avec Sonja Laborde et cela prend vraisemblablement plus de temps que prévu. La volonté semble être présente et réelle. Toutefois, je n’ai eu aucune approche du responsable de la cellule formation, mise sur pied lors de la fusion. Comme je l’ai dit précédemment, nous devrions avoir une bonne surprise en 2024.

En toute transparence et objectivité, en regard des compétences, des connaissances et des motivations des membres romands de TPS, je ne peux qu’être positif dans l’attente de cette future annonce. Et ce d’autant plus que si je parcours leur site Internet où, sous la rubrique formation, on peut lire «les membres de TPS forment des apprentis et ouvrent des parcours professionnels aux nouveaux venus dans l’industrie du voyage».

Le Valais est aux abonnés absents cette année. Pourquoi?

Cette question est à poser à Raphaël Lathion, responsable de la formation pour le Groupement valaisan des agences de voyages (GVAV), ou à son président, Dominique Evéquoz, fervent formateur qui, pour rappel, forme actuellement un apprenti (cycle 2022-25).

Il ne faut pas oublier que ce canton contribue et a contribué, à son niveau d’opportunités, à offrir des places d’apprentissage, souvent dans les mêmes agences.

La répartition géographique des nouveaux apprentis vous satisfait-elle?

Oui car presque toute la Suisse romande est représentée excepté le Valais.

Quelles seront les principales conséquences de la réforme de la formation employé de commerce sur les entreprises formatrices?

La nouvelle formation commerciale initiale (1er cycle 2023-26), se base sur l’acquisition des différentes compétences opérationnels dans les trois lieux de formation (entreprise, école professionnelle et cours interentreprises).

Pour l’entreprise formatrice, le changement essentiel consiste à réaménager le programme de formation, qui autrefois s’est basé sur des objectifs évaluateurs et qui dès maintenant se base sur les compétences opérationnelles. Avec le programme de formation, chaque entreprise détermine à quel moment l’apprenti va effectuer les différents mandats pratiques.

(Dominique Sudan)