Organiser des événements neuroinclusifs

Comment répondre aux besoins des participants aux événements ayant des besoins neurologiques? Quelques éléments de réponse.
Le recours aux casques peut favoriser le calme. © StockSnap / Pixabay

L’inclusion et la diversité sont devenues un point central pour les événements et les professionnels du secteur. Les conversations sur la diversité et l’inclusion font souvent référence à des personnes de sexe, de race, de croyance religieuse et de préférence sexuelle différents.

Cependant, les besoins uniques des personnes neurodivergentes – telles que celles atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) et de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH) – sont un aspect souvent négligé de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI) – un aspect que les organisateurs et les professionnels de l’événementiel commencent à prendre en compte de plus en plus lorsqu’ils organisent des événements.

Ce sujet, développé de manière plus extensive sur le portail Skift (en anglais), propose une approche d’un autre type d’inclusivité. Un événement neuro-inclusif est accessible, sûr et inclusif pour différents types neurologiques (neurotypiques et neurodivergents), ce qui apporte une valeur ajoutée aux participants et aux organisateurs.

Qu’est-ce que la neurodivergence?

Il existe deux types de fonctionnement neurologique: neurotypique et neurodivergent. Les cerveaux neurotypiques fonctionnent de manière typique en termes d’intellect, de fonctionnement et de développement. En revanche, le cerveau des personnes neurodivergentes réagit, interagit, se développe et fonctionne en dehors de ce qui est considéré comme «typique».

Le fait d’être neurodivergent n’est pas une maladie mentale, mais plutôt un trouble du développement neurologique qui survient avant la naissance ou pendant la petite enfance, lorsque le cerveau se développe. La neurodivergence n’est pas quelque chose qui se soigne, mais une condition avec laquelle une personne peut apprendre à vivre.

La neuro-inclusivité, un atout

Les organisateurs doivent concevoir des événements pour toutes les personnes présentes, et pas seulement pour le noyau démographique cible de l’organisation – en se connectant avec tous les membres du public, on s’assure qu’ils reviendront.

Helen Moon, fondatrice et directrice générale d’EventWell, estime qu’il faut cesser de considérer les participants comme des marchandises et revenir aux principes de base des événements axés sur les personnes. Ce point de vue concerne la création d’espaces neuro-inclusifs. «Nous avons perdu de vue les êtres humains assis dans les sièges, et ceux qui marchent dans les étages en visitant les expositions», explique-t-elle. «Si vous pouvez créer un événement qui améliore cette expérience, à chaque niveau, pour tous ceux qui y assistent, alors c’est gagnant-gagnant, et cela montre que les gens veulent revenir.»

Penser aux «espaces sûrs»

L’un des éléments les plus essentiels de toute politique d’événement neuro-inclusif est la création «d’espaces sûrs». L’idée de base est de fournir des environnements où les personnes sujettes à une surstimulation sensorielle peuvent reposer tous leurs sens – idéalement en profitant du calme, d’un éclairage tamisé, d’un grand espace personnel et de l’absence d’odeurs fortes.

Si la création de ces «espaces de sécurité» n’a rien de nouveau dans les secteurs de la santé mentale et du bien-être, elle peut être relativement nouvelle dans le secteur de l’événementiel. Parmi les événements qui proposent ces espaces depuis plusieurs années, citons IMEX, avec son espace «blanc», la conférence annuelle de l’ICA et les événements Microsoft.

EventWell, qui a lancé son concept de «salle tranquille» en septembre 2021, est une autre organisation qui défend cette approche. L’entreprise collabore avec les organisateurs pour créer des zones d’événements désignées où les personnes neurodivergentes peuvent trouver un répit lorsqu’elles ont besoin d’une pause sensorielle – une pause de choses comme le bruit fort, les foules et les lumières vives.

12 points à considérer

Le processus de conception d’événements neuro-inclusifs doit commencer dès la phase de conception et inclure des aspects tels que l’environnement, les stratégies d’engagement et la représentation de la communauté neuro-diversifiée.

  1. Proposer des formats d’événements hybrides

Les événements hybrides donnent aux personnes neurodivergentes le choix de participer à un événement en personne ou virtuellement afin de répondre au mieux à leurs besoins uniques et à leur façon de faire face aux situations sociales.

2. Prévoir des zones à bruit réduit ou sans bruit

Il est important de prévoir un espace où le bruit est considérablement réduit. Celui-ci permettra aux participants sensibles au bruit de se reposer lorsqu’ils se sentent dépassés. Des écouteurs peuvent permettre d’atténuer davantage le bruit ou de diffuser en privé un type de musique préféré, qui peut parfois ramener les gens à l’équilibre. Les casques peuvent également permettre aux participants d’écouter les sessions à distance, loin de la foule et des lumières vives.

3. Penser à l’éclairage

Les lumières vives couplées aux effets visuels généralement utilisés lors des événements peuvent être excessivement stimulantes pour les personnes neurodivergentes. Lors de la création d’espace de sécurité, il faut prendre en compte l’éclairage et l’effet qu’il aura. Cela passe par exemple par le choix de lumières orientées vers le haut pour éviter l’éblouissement ou un éclairage d’une couleur plus douce.

4. S’adapter à la stimulation

Certaines personnes neurodivergentes adoptent un comportement d’autostimulation, également connu sous le nom de stimulation. Il s’agit généralement d’un comportement répétitif, comme battre des mains, se balancer, répéter des mots, cligner beaucoup des yeux et, dans les cas extrêmes, se gratter la peau et se cogner la tête. On peut créer un environnement dans lequel les participants se sentiront à l’aise pour stimuler, en proposant éventuellement des outils de stimulation, comme des gadgets. Ces aménagements peuvent permettre aux participants de s’apaiser et de surmonter les sentiments d’anxiété, de peur et même d’excitation.

5. Fournir un accès prioritaire aux rafraîchissements et aux repas

Pour aider les personnes neurodivergentes à éviter de se retrouver dans des espaces bondés et d’être surstimulés, les participants assis dans la salle de repos devraient avoir accès aux rafraîchissements proposés lors de l’événement, avec la possibilité d’y prendre leur repas s’ils le souhaitent. De nombreuses personnes neurodivergentes peuvent également avoir des besoins alimentaires particuliers, qui doivent être pris en compte.

6. Éviter les parfums

Idéalement, les salles et les espaces de tranquillité devraient être exempts de parfum ou utiliser des parfums qui n’accablent pas les gens et ne déclenchent pas de surcharges sensorielles. Si le recours à des huiles essentielles comme la lavande ou l’eucalyptus pourrait sembler une solution, trouver un dosage adéquat est un exercice complexe.

7. Bien choisir les couleurs

Les couleurs vives peuvent également provoquer une surstimulation sensorielle. C’est pourquoi les organisateurs doivent créer un espace neurodivergent qui intègre des palettes de couleurs neutres ou sourdes. Les salles de repos d’EventWell utilisent généralement des couleurs pastel dans le décor.

8. Rester ouvert aux commentaires

Lors de la planification d’un événement neuro-inclusif, il est crucial de poser des questions et d’être ouvert au retour d’information avant, pendant et après l’événement – cela doit cependant être fait avec soin et considération.

9. Fournir des enregistrements et des transcriptions des sessions

De nombreux fournisseurs de technologies événementielles peuvent désormais fournir des sous-titres et des enregistrements des sessions. Une autre option à ajouter est la mise à disposition de transcriptions des sessions, destinées aux personnes qui apprennent mieux en lisant et en ayant plus d’autonomie sur le processus. De même, la mise à disposition de tables sur lesquelles écrire aidera ceux qui ont besoin de prendre des notes.

10. Créer la prévisibilité et communiquer directement

De nombreuses personnes neurodivergentes préfèrent la prévisibilité pour faire face et fonctionner. Les organisateurs peuvent répondre à ce besoin en intégrant l’accessibilité dans tous les supports de communication de l’événement, y compris la signalisation, les ordres du jour et les plans des lieux. Toutes ces ressources doivent être très visibles, facilement accessibles et formulées en termes clairs.

De plus, les agendas conçus pour les événements neuro-inclusifs doivent être directs (sans jargon) et inclure toutes les informations nécessaires telles que les horaires et les détails des sessions, les endroits où se rendre et les personnes à contacter en cas d’urgence. Des options auditives apporteraient également une valeur ajoutée, afin que les gens puissent écouter ce qu’ils ont besoin de savoir.

11. Veiller à ce que du personnel formé soit disponible

Le personnel de l’événement doit être formé aux besoins des participants neuro-divergents ; une autre option consiste à s’associer à une agence qui fournit du personnel ayant reçu une formation spécialisée. La mise en place de cette structure de soutien permet aux participants neurodivergents d’avoir l’esprit tranquille en sachant que des personnes formées seront disponibles pour les aider en cas de besoin.

12. Sensibiliser

Pour créer un environnement neuro-inclusif, les organisateurs doivent sensibiliser les participants à ce qu’est la neuro-inclusivité et à son importance. Une option consiste à mettre en place des bandes ou des autocollants qui montrent la volonté des gens de s’engager – rouge pour “n’approchez pas” et vert pour “ouvert au réseautage” – tout en expliquant la raison de ces mesures.

(Business Traveltip)