Air India traverse actuellement une zone de fortes turbulences (Edition 2011-33)

Des problèmes économiques grèvent les opérations de la compagnie aérienne nationale indienne.

Cela aurait dû être un signal fort pour Air India (AI), mais l’adhésion à Star Alliance a été suspendue d’un commun accord. Selon l’alliance aérienne, la raison de cette décision vient du constat que les conditions minimales d’adhésion fixées en 2007 ne sont pas satisfaites. Jan Albrecht, CEO de Star Alliance, a déclaré: «La décision collective de mettre en pause le processus d’intégration permet à Air India de bénéficier de la flexibilité nécessaire pour se concentrer sur sa réorientation stratégique. Dans ce processus, nos membres continueront d’apporter à Air India toute assistance là où elle est requise.»

Les relations bilatérales existantes entre des compagnies membres de Star Alliance et Air India ne sont pas affectées par cette décision, ce qui laisse la porte ouverte à une entrée ultérieur dans l’alliance, si celle-ci venait à être approuvée par les deux parties. Pour ce qui concerne la Suisse, les opérations avec Swiss International Air Lines, filiale du groupe Lufthansa et donc membre de Star Alliance, ne sont pas concernées.

De son côté, Air India semble considérer que la décision de Star Alliance est due à Lufthansa qui aurait mis son veto à l’adhésion. Cet acte résultérait d’un différend portant sur l’éventualité de l’entrée de Jet Airways dans Star Alliance. En effet, évoquée au cours d’une réunion en décembre 2010, la suggestion d’une telle intégration aurait été rejetée par Air India qui a invoqué la nécessité préalable d’obtenir l’aval du gouvernement.

Lufthansa a répondu officiellement qu’elle partageait avec Star Alliance l’opinion que plus d’une compagnie aérienne par pays pouvait rejoindre l’alliance dans le cas de marchés aussi importants que les USA, la Chine ou l’Inde. La compagnie allemande a en outre rappelé que de nombreux codeshares sont en place avec Air India et qu’en outre, elle avait également été en faveur d’une poursuite des opérations avec Swiss International Air Lines une fois l’acquisition de la compagne effectuée.

Il semble cependant qu’Air India ne soit pas au bout de ses peines. The Times of India rapporte en effet que les compagnies pétrolières détenues par l’Etat auraient brièvement interrompu leurs livraisons de carburant à la compagnie aérienne qui serait lourdement endettée. Depuis décembre dernier, Air India aurait déjà été contrainte de s’acquitter de ses achats de carburant en argent comptant (cash & carry).

En outre, la compagnie attend également la livraison d’appareils de type Boeing 787 Dreamliner. Une arrivée qui a encore pris deux mois de retard et devrait être effective en décembre prochain.  Selon The Telegraph de Calcutta, la compagnie avait passé commande en 2005 de 27 appareils de ce type. La livraison aurait dû débuter en octobre pour le premier appareil, suivi de deux autres en novembre et un en décembre. Le retard aurait déjà causé des pertes de l’ordre de 60 milliards de roupies (environ 964 millions de francs) à la compagnie aérienne. Sans qu’aucune annonce officielle n’ait encore été faite, les médias s’accordent à dire que le premier Dreamliner de la compagnie devrait être affecté à la desserte de Singapour. Hongkong, Dubaï, Francfort et Jakarta devraient suivre sur la liste.

Cédric Diserens