«Cela fait plusieurs années que nous devons composer avec cela», indique Michael Eady de Voyages et Vacances à Genève. Pour la plupart des personnes interrogées, il ne sagit pas dun obstacle insurmontable, mais plus dune surcharge de travail.
«Effectivement la plupart des billets davion doivent être émis rapidement, indique Alain Gerber dAlizé Voyages à Payerne. Avec un certain nombre de voyages à la carte, nous sommes pris au piège. Mais normalement les clients prennent les vols, les paient, et le terrestre se fait par la suite. Pour nous cest un surplus de travail mais mieux vaut procéder de la sorte que de perdre le client.»
«Le plus gros problème se pose pour la période des fêtes, relève Serge Chabbey de Charter Voyages à Genève. Pour pallier cela, il y a toujours deux solutions: faire des demandes de pré-réservations ou passer en direct avec lhôtel quand il sagit dun problème de logement.» Reste que pour une partie de la clientèle, la situation a de quoi dérouter. «Nous avons certains clients qui sont dépités de voir quen voulant sy prendre à lavance, ils ne peuvent pas avoir de confirmation ni de prix ferme.»
De son côté, Joe Candinas dICT Voyages, juge la situation un peu plus sévèrement: «Ce nest pas nouveau. Je ne comprends pas quon ne puisse pas trouver des solutions entre les TOs, les compagnies aériennes et les autres acteurs dans le tourisme afin de proposer à nos clients des réservations fixes en tous cas 10 mois à lavance, surtout en ce qui concerne les long-courriers. Il me semble que la FSAV devrait prendre ce problème plus au sérieux.»
Si les pré-réservations sont très souvent confirmées, il reste parfois un problème de prix. «Cest un élément qui peut savérer déterminant pour le choix du client, indique Karine Girardot de Croisitour à la Chaux-de-Fonds. Mais il faut admettre que la majorité de nos clients sont compréhensifs. Cest surtout ennuyeux avec les long-courriers qui sont parfois pris dassaut.»
Chez Sol à Vevey, Virginie Monod confirme: «Depuis un peu plus dun mois nous avons à traiter des demandes pour la fin de lannée. Les pré-réservations sont en majorité confirmées, mais il arrive quune destination soit déjà complète alors quil ny a que des pré-réservations.»
«Les tour-opérateurs profitent dune sorte de flou artistique que cette situation crée, ajoute Michael Eady (Voyages et Vacances). La période des fêtes, généralement très critique car les clients se regroupent, se trouve prise dassaut alors quil nest pas possible de donner de confirmation. La clientèle se trouve parfois perdue entre le conseil de réserver à lavance qui leur est donné et limpossibilité de confirmer parce quils sy prennent trop tôt.»
Chez Vos Voyages à Yverdon, Frédéric Henry remarque: «Lorsquon est face à cette situation, on lance des pré-réservations. Dun côté, cest vrai que cest une petite perte de temps pour nous, mais de lautre cela permet aux clients de faire la demande et davoir du temps pour se décider. Si un client veut réserver en janvier pour décembre, il naura à donner une réponse que lors de la publication des prix, soit vers la fin août.»
Cédric Diserens
Les risques dune offre trop segmentée
Margherita Volet, présidente de Travel Professionals Association (TPA), relève: «Dans le cas de destinations qui ne sont pas desservies par des charters suisses, le problème est accentué car il est rare, de nos jours, que les tour-opérateurs disposent de contingents sur des vols réguliers.» Dès lors, limportant est de sadapter au marché actuel, même si cela implique «un ralentissement certain pour nos ventes. Pour pouvoir effectuer des réservations pour lhiver on prend deux fois plus de temps, et lon doit bien expliquer aux clients le processus.» Si louverture anticipée de la production pourrait-être une solution, elle ne résoudrait pas tout.
Cependant, la disparité entre les conditions de vente de laérien et des prestations terrestres pourrait engendrer une segmentation du produit, avec certains risques. «Si je découpe un forfait classique en proposant lavion en premier lieu et les prestations terrestres en deuxième lieu, il y a un risque que le client réserve ses prestations par différents biais Internet, sur place, etc.»
CD