L’hiver pose problème aux agents (Edition 2007-32)

La disponibilité tardive des informations pour la saison d’hiver engendre du travail supplémentaire.

«Cela fait plusieurs années que nous devons composer avec cela», indique Michael Eady de Voyages et Vacances à Genève. Pour la plupart des personnes interrogées, il ne s’agit pas d’un obstacle insurmontable, mais plus d’une surcharge de travail.

«Effectivement la plupart des billets d’avion doivent être émis rapidement, indique Alain Gerber d’Alizé Voyages à Payerne. Avec un certain nombre de voyages à la carte, nous sommes pris au piège. Mais normalement les clients prennent les vols, les paient, et le terrestre se fait par la suite. Pour nous c’est un surplus de travail mais mieux vaut procéder de la sorte que de perdre le client.»
«Le plus gros problème se pose pour la période des fêtes, relève Serge Chabbey de Charter Voyages à Genève. Pour pallier cela, il y a toujours deux solutions: faire des demandes de pré-réservations ou passer en direct avec l’hôtel quand il s’agit d’un problème de logement.» Reste que pour une partie de la clientèle, la situation a de quoi dérouter. «Nous avons certains clients qui sont dépités de voir qu’en voulant s’y prendre à l’avance, ils ne peuvent pas avoir de confirmation ni de prix ferme.»

De son côté, Joe Candinas d’ICT Voyages, juge la situation un peu plus sévèrement: «Ce n’est pas nouveau. Je ne comprends pas qu’on ne puisse pas trouver des solutions entre les TOs, les compagnies aériennes et les autres acteurs dans le tourisme afin de proposer à nos clients des réservations fixes en tous cas 10 mois à l’avance, surtout en ce qui concerne les long-courriers. Il me semble que la FSAV devrait prendre ce problème plus au sérieux.»

Si les pré-réservations sont très souvent confirmées, il reste parfois un problème de prix. «C’est un élément qui peut s’avérer déterminant pour le choix du client, indique Karine Girardot de Croisitour à la Chaux-de-Fonds. Mais il faut admettre que la majorité de nos clients sont compréhensifs. C’est surtout ennuyeux avec les long-courriers qui sont parfois pris d’assaut.»
Chez Sol à Vevey, Virginie Monod confirme: «Depuis un peu plus d’un mois nous avons à traiter des demandes pour la fin de l’année. Les pré-réservations sont en majorité confirmées, mais il arrive qu’une destination soit déjà complète alors qu’il n’y a que des pré-réservations.»

«Les tour-opérateurs profitent d’une sorte de flou artistique que cette situation crée, ajoute Michael Eady (Voyages et Vacances). La période des fêtes, généralement très critique car les clients se regroupent, se trouve prise d’assaut alors qu’il n’est pas possible de donner de confirmation. La clientèle se trouve parfois perdue entre le conseil de réserver à l’avance qui leur est donné et l’impossibilité de confirmer parce qu’ils s’y prennent trop tôt.»

Chez Vos Voyages à Yverdon, Frédéric Henry remarque: «Lorsqu’on est face à cette situation, on lance des pré-réservations. D’un côté, c’est vrai que c’est une petite perte de temps pour nous, mais de l’autre cela permet aux clients de faire la demande et d’avoir du temps pour se décider. Si un client veut réserver en janvier pour décembre, il n’aura à donner une réponse que lors de la publication des prix, soit vers la fin août.»

Cédric Diserens

Les risques d’une offre trop segmentée

Margherita Volet, présidente de Travel Professionals Association (TPA), relève: «Dans le cas de destinations qui ne sont pas desservies par des charters suisses, le problème est accentué car il est rare, de nos jours, que les tour-opérateurs disposent de contingents sur des vols réguliers.» Dès lors, l’important est de s’adapter au marché actuel, même si cela implique «un ralentissement certain pour nos ventes. Pour pouvoir effectuer des réservations pour l’hiver on prend deux fois plus de temps, et l’on doit bien expliquer aux clients le processus.» Si l’ouverture anticipée de la production pourrait-être une solution, elle ne résoudrait pas tout.
Cependant, la disparité entre les conditions de vente de l’aérien et des prestations terrestres pourrait engendrer une segmentation du produit, avec certains risques. «Si je découpe un forfait classique en proposant l’avion en premier lieu et les prestations terrestres en deuxième lieu, il y a un risque que le client réserve ses prestations par différents biais Internet, sur place, etc.»   

CD