Frais de conseil à double tranchant (Edition 2013-33)

Entre grands centres urbains et villes à taille humaine, le fossé est immense et l’approche diffère considérablement. L’avis des cinq présidents.

A l’heure actuelle, seuls deux grands réseaux d’agences le font : Hotelplan Suisse et Globetrotter, ce dernier n’étant guère représentatif en Suisse romande avec un seul point de vente, Fribourg. 

Autant Kuoni que TUI Suisse étudient la question (voir la dernière édition de TRAVEL INSIDE), les indépendants sont freinés : tant que cet encaissement ne sera pas la règle chez les grands, ils ne pourront pas percevoir de frais de conseil. Au sein des cinq Groupements d’agences de voyages de Suisse romande, le ton diffère aussi.

« A la base, je ne peux que soutenir l’avis que chaque travail donne droit à une rémunération. Je pars du principe que si l’on explique la façon de procéder au début du conseil, le client décidera lui-même s’il souhaite dépasser le temps limite d’informations gratuites. Nous constatons souvent que la clientèle utilise le savoir d’un agent de voyages qualifié pour s’entendre confirmer ce qu’il a déjà trouvé sur internet et effectuer ensuite ses réservations en direct en utilisant les renseignements reçus. 

Il est important que nos vendeurs connaissent aussi bien que le client les astuces et avantages d’internet. On peut également consulter ces informations avec le client en soulignant qu’internet n’est pas un interlocuteur à qui l’on peut parler ! L’agent de voyages ne fournit pas seulement des renseignements, mais il assure aussi un service après-vente en cas de problèmes », estime Kurt Wipraechtiger, président du Groupement genevois.

A Fribourg, le Groupement local indique en avoir parlé brièvement : « Les avis sont unanimes : la majorité des agences fribourgeoises refuse de faire payer des frais de conseil. Nous ne voulons pas perdre la relation de confiance avec nos clients et, de plus, nous ne pensons pas que la clientèle soit prête à accepter cela », lance le président David Léchot.

Du côté de Neuchâtel/Jura, le président François Nicolet nuance dans la mesure où il officie au sein d’Hotelpaln : « A l’interne, nous sommes convaincus que la facturation de frais est nécessaire. Au sein de nos membres, la discussion est ouverte chez Kuoni et TUI mais aucune décision n’est prise. Quoi qu’il en soit, c’est un sujet de discussion parmi nos membres. Mais l’application réelle est difficile voire impossible dans des villes de petite taille. »  

En Valais, un tel pas relève presque de l’utopie : « Le Valais reste très traditionnel dans ses structures de ventes, le relationnel ayant encore une grande importance dans le business. Il nous est donc très compliqué d’appliquer les préceptes d’outres-Sarine avec des clients connus de longue date ou faisant partie d’un cercle relationnel encore très actif. Par conséquent, le sujet n’est pas à l’ordre du jour pour nos membres, excepté peut-être pour les filiales de grands groupes imposant leur méthode à l’ensemble de la Suisse. Si, techniquement, de tels frais sont bien sûr applicables (pour autant que l’ensemble des acteurs y adhère), je crains fort que la clientèle valaisanne ne soit pas prête à accepter de telles mesures : le risque est grand de détourner nos clients du canal traditionnel et de les renvoyer sur internet. Le travail réalisé aujourd’hui consiste plus à offrir un service de qualité gratuit (comme sur internet),  mais la relation en plus. Dans ces conditions, le client est prêt à payer plus cher une prestation et est conscient de ce surcoût ; à nous de faire en sorte de privilégier les partenaires fiables, aux commissions intéressantes », commente Dominique Evéquoz, président.

Enfin, cette question n’a pas encore été abordée au sein du Groupement des agences de voyages du canton de Vaud. « La question étant récurrente, nous allons adresser un petit questionnaire à nos membres pour avoir leur position à ce sujet », précise la présidente, Sari Uehlinger.

Dominique Sudan