Berne va aider l’aérien, mais sous strictes conditions

Toutes les entreprises concernées par le secteur de l’aérien devraient ainsi bénéficier de ce soutien dont les détails devraient être connus d’ici la fin du mois.
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La Confédération a promis d’aider les compagnies aériennes de Suisse, mais sous conditions. Trois départements (celui de l’Économie, celui des Finances et celui des Transports) sont chargés d’élaborer les mesures précises d’ici la fin du mois d’avril. Lors de la Conférence de presse d’hier (mercredi 9 avril), Simonetta Sommaruga a expliqué que l’aide serait soumise à plusieurs conditions strictes. L’objectif premier est d’aider sous formes de garanties publiques aux prêts pour des compagnies comme Easyjet Switzerland, Edelweiss ou Swiss.

Les crédits ne seront accordés que dans le cas où les entreprises ne peuvent pas couvrir leurs besoins de liquidités. En outre, toute aide doit être proportionnée à l’engagement de la maison mère, c’est-à-dire Lufthansa en Allemagne et Easyjet au Royaume-Uni. Tant que les prêts garantis ne seront pas remboursés, aucun dividende ne pourra être versé. En outre, la Confédération doit recevoir des intérêts en fonction des conditions du marché. Enfin, le Conseil fédéral attend des assurances que la Suisse maintiendra à long terme ses liaisons aériennes internationales.

Swiss salue la décision du Conseil fédéral

Dans un communiqué publié hier, Swiss International Air Lines (LX) salue la décision du Conseil fédéral. Elle indique ainsi pouvoir ainsi continuer à assurer le raccordement de la Suisse aux centres européens et intercontinentaux, en termes de passagers comme de fret. Son programme de vols répondra comme jusqu’à présent aux besoins de l’économie, de la politique, de la population et du tourisme suisses.

Par ailleurs, la compagnie dit partager l’avis du Conseil fédéral selon lequel la compagnie doit d’abord faire tout ce qui est nécessaire pour préserver ses liquidités. Elle se dit également soutenue par sa société mère Lufthansa qui lui a fourni des ressources financières. Mais dans la mesure où il est impossible, à l’heure actuelle, d’estimer la durée de la crise et les besoins financiers corollaires, le soutien subsidiaire de la Confédération garantit qu’elle pourra surmonter la crise, même si cette dernière perdure, en se préparant à la reprise progressive de ses liaisons aériennes.

L’essentiel est d’assurer les liquidités

Aerosuisse compte également sur la volonté de la Confédération pour assurer l’existence de l’industrie aéronautique en Suisse, indique l’organisation faîtière dans un communiqué de presse. C’est la seule façon de rétablir rapidement les liaisons internationales dont la Suisse et son économie auront besoin après la crise du coronavirus.

Celle-ci a frappé très durement les aéroports et les compagnies aériennes ainsi que leurs prestataires de services et menace leur existence. En Suisse, le trafic aérien a diminué de 95%. Les mesures nécessaires pour protéger la santé auraient un effet dévastateur sur l’industrie aéronautique suisse, qui emploie 190’000 personnes. En 2019, près de 60 millions de passagers, d’hommes d’affaires d’entreprises suisses et de touristes sont passés par les aéroports helvétiques.

«Ce n’est que grâce à une infrastructure aérienne encore intacte que les vols de retour, les missions d’ambulance et les transports de fret aérien essentiels peuvent actuellement avoir lieu», déclare Thomas Hurter, président d’Aerosuisse. Il est maintenant important d’assurer la liquidité. Dans ce contexte, l’action du Conseil fédéral va dans la bonne direction.

«Il est secondaire que les compagnies aériennes suisses aient des propriétaires étrangers, car elles assurent des emplois ici et paient des impôts en Suisse», poursuit-il. Pour lui, une fois la crise passée, l’aviation suisse doit pouvoir redécoller et l’économie et le tourisme orientés vers l’exportation en dépendent.

Flughafen Zürich AG soutient la décision du Conseil fédéral

La société Flughafen Zürich AG se félicite du projet de financement relais du Conseil fédéral pour l’aviation suisse. «Cette décision permet de de garantir que la crise temporaire de l’aviation mondiale n’entraîne pas de dommages structurels et durables pour l’économie régionale et nationale», indique la société dans un communiqué. «Il est important que toutes les entreprises d’importance systémique puissent en bénéficier, et pas seulement les compagnies aériennes. La société Flughafen Zürich AG part du principe qu’elle n’a pas besoin de demander elle-même un crédit-relais.»

Alors que les voyages internationaux ont été presque totalement paralysés ces dernières semaines, l’aéroport de Zurich reste ouvert, ce qui permet à la Suisse d’être reliée au monde et permettant de maintenir les vols de retour, le transport de fret, les services d’ambulance et quelques liaisons internationales. «Flughafen Zürich AG s’en tient donc à sa mission fondamentale, qui est de relier le pays au monde, même si ses activités sont actuellement très déficitaires. L’aviation est d’une importance capitale pour la Suisse, notamment pour le tourisme, l’industrie d’exportation et le secteur des services. Mais aussi en tant qu’employeur. Plus de 27’000 personnes travaillent pour environ 280 entreprises rien qu’à l’aéroport de Zurich.»

Les ventes se sont effondrées massivement pour toutes les entreprises associées à l’aviation et, contrairement à d’autres secteurs, il n’est guère possible de dégager des revenus de substitution. Stephan Widrig, CEO de Flughafen Zürich AG: «Les conséquences économiques de la crise de la couronne sont graves, non seulement pour les compagnies aériennes, mais aussi pour les aéroports et les partenaires du système aéronautique suisse, tels que les sociétés d’assistance en escale, les sociétés de catering et les prestataires de services aéronautiques. Le financement relais de la Confédération est dans l’intérêt de toute la Suisse. Cela permettra d’éviter que la crise temporaire n’entraîne des dommages structurels et durables pour l’économie régionale et nationale.»

Des mesures pour préserver les liquidités et réduire les coûts

En tant qu’exploitant du plus grand aéroport national de Suisse, Flughafen Zürich AG est également massivement touché par la situation actuelle. Les recettes des opérations aériennes et des centres commerciaux sont actuellement presque totalement nulles. Cependant, en tant qu’exploitant, la réduction des coûts n’est possible que dans une mesure très limitée, contrairement aux autres entreprises. Néanmoins, Flughafen Zürich AG ne prévoit pas pour l’instant de devoir recourir au financement relais fourni par le gouvernement suisse. Andreas Schmid, président du conseil d’administration: «Flughafen Zürich AG est une entreprise financièrement très solide, axée sur le long terme. Nous voulons traverser cette crise en faisant preuve d’esprit d’entreprise. À cette fin, nous avons adopté des mesures globales pour préserver les liquidités et réduire les coûts, nous avons introduit le chômage partiel et nous revoyons constamment nos plans d’investissement. Le conseil d’administration examinera également les propositions pour l’assemblée générale reportée à la lumière de la situation actuelle.»

Toutefois, Flughafen Zürich AG attend du Conseil fédéral qu’il introduise des mesures accompagnant le paquet d’aides afin de protéger les entreprises qui ne demandent pas de financement relais. Cela implique que les aides mises à disposition doivent également être utilisées pour les services contractuellement dus aux partenaires du système, tels que les aéroports. Un ajustement modéré de la réglementation des redevances en faveur des infrastructures nationales devrait également être examiné. En cas de crise prolongée, une compensation adéquate pour assurer la fourniture des services de base, comme c’est le cas pour les transports publics, est également jugée cruciale.

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(TI)