La France annonce une écotaxe dès l’année prochaine

Cette mesure vertement critiquée par les milieux concernés devrait rapporter 180 millions d’euros par année.

La France a annoncé hier mardi la mise en place dès 2020 d’une écotaxe de 1,50 à 18 euros sur les billets d’avion, rejoignant ainsi la démarche d’une poignée de pays européens. La mesure devrait rapporter annuellement 180 millions d’euros, qui seront consacrés à des investissements dans des infrastructures de transports plus écologiques, notamment le ferroviaire.

Selon l’agence AFP, cette taxe qui ne s’appliquera qu’aux vols au départ de France et non à ceux à l’arrivée, sera de 1,50 euro en classe économique pour les vols intérieurs et intra-européens, de neuf euros pour les mêmes vols en Business Class, de trois euros pour les vols en classe Eco hors Union européenne et de 18 euros pour ces vols en Business Class. Elle ne concernera pas les vols en correspondance ni ceux vers la Corse et les destinations d’outre-Mer, qui dépendent de ces liaisons pour ne pas être trop isolés. La taxe s’appliquera à toutes les compagnies aériennes.

L’avion montré du doigt

Selon Andrew Murphy, expert de l’aviation au sein de l’ONG Transport & Environment (T&E, Bruxelles), qui milite notamment pour imposer des taxes en Europe sur le kérosène, l’écotaxe française n’est en effet «pas unique» sur le continent européen. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la Suède et la Norvège en sont déjà dotés. C’est de Suède qu’est d’ailleurs venu le mouvement «flygskam» (honte de prendre l’avion). Selon des chiffres de l’Agence européenne de l’environnement, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de l’aviation dépassent largement, avec 285 grammes par passager-kilomètre, celles des autres modes de transport.

Air France sous le choc

L’écotaxe a en revanche été vigoureusement dénoncée par le secteur du transport aérien, à commencer par Air France, qui a qualifié la décision gouvernementale d’incompréhensible et d’extrêmement pénalisante. «Le gouvernement vient d’annoncer brutalement et sans concertation aucune, la levée d’une nouvelle taxe sur les compagnies aériennes – déjà asphyxiées par les taxes – au profit notamment du ferroviaire, qui est déjà très largement subventionné», a également déploré le Syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara). De son côté, le président de l’Union des aéroports français (UAF) Thomas Juin a qualifié la mesure de «non-sens économique et environnemental». (TI)