Toutes voiles dehors

Alternative poétique aux ‘villes flottantes’ démesurées, les voiliers à taille humaine séduisent de plus en plus les croisiéristes nostalgiques de la navigation à l’ancienne. Sea Cloud entend concrétiser leurs fantasmes. 
©Sea Cloud

A Bilbao – point de départ de leur périple – les passagers du Sea Cloud Spirit pointent leurs objectifs sur les trois mâts qui confèrent à leur bateau ses allures de yacht pour milliardaire d’autrefois. Spectacle garanti lorsque les 22 marins et matelots de pont s’appliquent à déployer les 28 voiles du bâtiment.

Dûment harnachés, les plus acrobates d’entre eux commencent à gravir les échelles menant aux têtes de mâts. C’est le début d’une opération de 45 minutes, bien synchronisée avec ceux qui se démènent avec les cordages, 30 mètres plus bas. Le gréement carré mesure 4097 m2. Déployé, il réveillera toute une imagerie que la littérature et le cinéma continuent de nourrir. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les passagers choisissent de naviguer avec Sea Cloud.

Exclusivité

Avec ses 452 pieds de long et sa capacité de 136 passagers (plus 85 membres d’équipage), le Sea Cloud Spirit est le dernier-né et le plus grand des trois navires de la société allemande, mais il dégage toujours une atmosphère intime. Plus spacieux que Sea Cloud et Sea Cloud II, il conserve les lignes classiques du coupe-vent et les finitions en bois laqué.

Selon Daniel Schäfer, PDG de Sea Cloud Cruises, ce bateau battant pavillon maltais, construit sur mesure à Vigo, en Espagne – et lancé en 2021 – est le seul navire de croisière à voile au monde naviguant ‘à la main’ (exception faite des winchs électriques qui tendent les écoutes). Aux escales, la taille raisonnable du navire lui garantit une bonne position d’amarrage, à proximité de l’action.

Palace flottant

Les 69 cabines – on devrait parler de chambres – font face à la mer, avec des suites Veranda et Junior Veranda dotées de balcons. Leurs salles de bains disposent d’une baignoire à remous et de vastes espaces de rangement. Des mosaïques noires et dorées mettent en valeur des carreaux de marbre couleur biscuit. Les boiseries en acajou brillent partout. À en juger par les luminaires plaqués or 23 carats qui illuminant les peintures sur le thème de la voile, l’armateur n’a pas lésiné sur les dépenses.

«Ils se sont focalisés sur les détails», relève Elias Stamatopoulos, Directeur grec de la partie hôtelière, par ailleurs fan du Festival de jazz de Montreux et nostalgique de ses années professionnelles passées à Saanen.

Ce faste plaît à Kurt et Barbara, retraités de Heidelberg, fidèles clients de Sea Cloud: «C’est notre quatrième croisière avec eux, mais la première sur le Spirit», déclare Kurt. Le couple apprécie de se retrouver parmi une clientèle essentiellement germanophone, quand bien même l’anglais fait à bord figure de deuxième langue.

Le choix de cet itinéraire – Bilbao, Bordeaux, La Rochelle, Belle Ile en Mer, Guernesey, Honfleur – a été motivé par les nombreuses visites œnologiques prévues aux escales. «Ma seule petite déception tient à la gastronomie», confie Barbara, qui trouve la cuisine moins sophistiquée que lors de précédentes expériences, et pour tout dire «…un peu fade ».

Commodités et divertissements

Par météo favorable, les chaises longues sur le pont supérieur s’avèrent idéales pour une petite sieste ou l’admiration des voiles gonflées par la brise. En cas de pluie, on se replie sur la salle de sport, la bibliothèque ou le spa, équipé d’un sauna et de salles de soins. Des conférences sont aussi proposées.

A partir de 12 mois, les enfants sont acceptés à bord, bien que le bateau – sans installation dédiées aux petits – semble plutôt réservé aux adultes. Compte tenu de la nature de ce navire, il n’y a pas de cabines adaptées aux personnes en situation de handicap. On note cependant un ascenseur entre les ponts. Un wifi performant est disponible à bord, de nombreuses chaînes de télévision et une sélection de films internationaux.

Itinéraires

Du 12 au 19 juin, le Sea Cloud Spirit naviguera entre le sud de l’Angleterre et l’Irlande. De 27 juin au 5 juillet et du 9 au 13 juillet au nord de l’Europe. Puis, du 23 au 29 juillet, au nord du Portugal.

Bernard Pichon, Sea Cloud Spirit