«Les attentes des Big Five diffèrent de celles des PME» (Edition 2014-49)

Membre du comité de la FSV, Stéphane Jayet, revient sur le projet de gestionnaire du commerce de détail.

Quelles étaient les forces dudit projet?

La principale force était l’orientation sur le relationnel clients, afin d’optimiser et d’exploiter la carte «capital confiance» entre les acteurs d’un dialogue/conseil de vente. La filière commerce de détail s’appuie beaucoup plus sur cet axe que celle actuellement en place dans notre secteur. Une autre force était d’ouvrir le delta dans la sélection de candidats issus de la formation scolaire VSO, formation trop «light» pour s’en sortir en Profil E/M d’employé de commerce CFC, agence de voyages. 

Ne s’agit-il pas uniquement de répondre aux besoins des grands TOs, notamment Kuoni qui était en faveur du projet?

Non pas uniquement! Il est juste que Kuoni a poussé pour cette réévaluation de la situation. L’impulsion, qu’elle soit unique ou multiple, se doit d’être donnée, quel que soit le nombre de mem-bres concernés. Il est vrai que les attentes RH et celles de la base peuvent différer entre un acteur des «Big Five» et une PME romande. Toutefois, c’est la force de la mixité qu’il faut garder en tête et surtout le bon sens d’une démarche ou d’une idée.   

Cette formation était-elle applicable au marché romand?

A notre avis (et à celui d’un bon nombre d’agences sondées) non. C’est pourquoi la Suisse romande, par l’intermédiaire de nos trois représentants (Claude Luterbacher, David Léchot et moi-même) s’est positionnée de la sorte lors du vote. 

Si nous voulons cultiver notre différence entre les multiples canaux de réservations en ligne existants et futurs, nous nous devons de poursuivre un objectif clair et simple: l’amélioration constante de notre formation commerciale.

Les salaires sont un réel problème dans la branche et à l’origine de nombreux changement de cap. Une telle formation n’aurait-elle pas accentué ce phénomène?

Difficile de le dire, sans avoir joué l’exercice. Mais j’aimerais en profiter pour remettre un peu l’église au milieu du village: il est clair que le salaire en sortie d’apprentissage n’est pas le plus haut de ce que peut attendre un apprenti fraîchement muni d’un CFC employé de commerce, mais l’expérience nous montre que bon nombre de secteurs (les banques en particulier) ont perdu beaucoup d’attrait pour les jeunes de par l’actualité de ces dernières années. 

Le secteur des voyages garde une très bonne image, même avec un paysage modifié par Internet, et motive également certaines candidatures de par l’utilisation de différents systèmes/logiciels lors de l’apprentissage.  

L’expérience nous montre que la moitié des apprentis quitte le navire juste après leur CFC (changement de secteur, voyage linguistique, année sabbatique, etc.), mais reviennent dans le circuit, en tout cas pour un bon nombre d’entre eux. Au bénéficie d’une expérience professionnelle complémentaire, ces derniers donnent une valeur ajoutée et un relief plus que positif à leur nouvel employeur. N’oublions pas non plus que la quasi-totalité des employeurs sont sur la base de 13 salaires et 5 semaines de vacances, avec pour certains des prestations sociales à ne pas oublier lors d’une prise de décision.

Est-il vrai que 85% des entreprises formatrices étaient associées à la discussion et que 15% ont pris connaissance de la décision après le vote?

Ce chiffre est une valeur au niveau suisse mais en ce qui concerne la Romandie, je confirme n’avoir pas consulté le 100% des agences formatrices étant donné que celles appartenant aux «Big Five» sont directement intégrées dans la décision de leurs représentants au comité (Kuoni, Hotelplan, TUI, Globetrotter et TTS). Je ne pense pas qu’il eût été judicieux d’approcher le 100% des agences formatrices car le sujet reste complexe et les représentants romands au comité de la FSV pensent avoir la confiance des membres romands indépendants ou en groupements.

Au final, pourquoi le comité a-t-il classé l’affaire?

Pour tous les points mentionnés ci-dessus! 

DS