Un trou de $84,3 milliards selon IATA

Les prévisions pour l’année 2020 estiment que les recettes de cette année seront réduites de moitié.

L’Association internationale du transport aérien (IATA) a publié il y a quelques jours ses prévisions financières pour l’année 2020. Les compagnies aériennes devraient enregistrer une perte de $84,3 milliards pour cette année, tandis que la marge du bénéfice net reculera de 20,1%. En comparaison annuelle, les recettes seront réduites de moitié à $419 milliards. En 2021, la reprise devrait s’amorçer avec une perte qui devrait être réduite à $15,8 milliards et des recettes en progression à $598 milliards. Alexandre de Juniac, CEO de l’IATA, n’hésite pas à qualifier 2020 de «pire année de l’histoire de l’aviation», ce qui selon lui justifie le soutien des gouvernements «crucial tandis que les compagnies aériennes brûlent l’argent».

Les indices de prévision

Les prévisions se basent notamment sur le constat d’une lente amélioration de la situation, même sir le revenu passager-kilomètre devrait diminuer de 54,7% en comparaison annuelle. Le nombre de passager devrait être réduit de moitié pour atteindre 2,25 milliards, retrouvant le niveau de 2006. La capacité ne peut cependant pas être ajustée de manière suffisamment rapide avec un recul estimé de 40,4% sur l’année. Les recettes passagers devraient atteindre $241 milliards (2019: $612 milliards), notamment en raison des prix appliqués pour tenter de stimuler la demande et la reprise. En termes de remplissage, les coefficients devraient avoisiner les 62,7%, soit 20 points de moins que le record de 82,5% atteint en 2019.

Les coûts ne se réduisent pas à la même vitesse avec un total des dépenses de $517 milliards (-34,9%), alors que les recettes baissent de 50%. Les coûts qui ne sont pas liés au carburant grmpent de 14,1%, les coûts fixes étant répartis sur un nombre réduit de passagers. L’utilisation réduite des appareils va s’ajouter à la hausse des coûts. Le prix du caburant offre un peu de répit, le baril étant à $36,8, contre $77 en moyenne en 2019. Il devrait représenter 15% des coûts totaux, contre 23,7% l’an dernier.

Le trafic cargo est le seul à bénéficier de la situation. Le fret de soute étant bloqué en raison des vols commerciaux cloués au sol, les tarifs devraient grimper de 30% environ sur l’année. Les recettes vont se rapprocher d’un record avec $110,8 milliards en 2020 (2019: $102,4 milliards). Ce secteur représentera 26% des recettes, contre 12% en 2019.

Performances régionales
Aucune région n’est épargnée et la crise a eu un impact similaire sur tout le globe avec les réductions de capacité étant à la traîne, de 10 à 15 points de pourcentage ou plus, par rapport à la chute de plus de 50% de la demande. Màd: IATA
Réduction des pertes en 2021

La réouverture des frontières et la demande en hausse devrait permettre au secteur de réduire les pertes à $15,8 milliards en 2021 avec une marge de bénéfice net de -2,6%. Les compagnies aériennes seront toujours en mode récupération, mais encore bien en-deçà du niveau d’avant la crise. Le nombre de passagers estimé devrait atteindre 3,38 milliards, soit près du niveau de 2014 (2019: 4,54 milliards). Les recettes globales devraient atteindre $598 milliards, soit une amélioration de 42% sur 2020, mais en baisse de 29% par rapport aux $838 de 2019.

Les coûts unitaires devraient se réduire, les coûts fixes étant répartis sur davantage de passagers qu’en 2020. Mais les mesures de contrôles du virus devraient limiter les recettes en réduisant le taux d’utilisation des appareils. Le cargo devrait continuer à bénéficier de la situation et les recettes devraient atteindre un record de $138 milliards (+25% vs 2020), soit 23% du total des recettes – presque le double de sa part historique. Le prix du baril devrait grimper à une moyenne de $51,8, avoisinant celui de 2016 et à un des niveaux les plus bas depuis 2004 ($49,7).

La reprise sera un défi

Si les pertes seront réduites de manière significative en 2021, la reprise s’annonce longue et difficile. Alors que beaucoup de compagnies étaient en bonne santé financière, la dette va être gonflée de $120 à $550 milliards, soit près de 92% des recettes attendues en 2021. Les mesures d’aides devraient se concentrer sur l’aide aux compagnies aériennes à générer davantage de capital et stimuler la demande, plutôt que d’étendre davantage la dette.

Au niveau opérationnel, les mesures mises en place vont changer la donne. Ainsi, la distance physique durant l’embarquement et le débarquement, la nécessité d’effectuer des nettoyages plus en profondeur et des contrôles accrus de la cabine ajoutent du temps d’opération, réduisant l’utilisation globale de l’appareil. Au niveau économique, la récession va avoir un impact sur les affaires et la confiance des clients. Les prix devront être adaptés pour stimuler la demande, mettant le rendement sous pression.

Enfin au niveau de la confiance des clients, une recherche indique que près de 60% des voyageurs sont près à recommencer à voyager dans les mois qui suivront le contrôle de la pandémie. La même recherche indique également un pourcentage encore plus important de voyageurs potentiels pour ceux dont la situation financière personnelle sera stabilisée (69 %) ou si des mesures de quarantaine sont en place (plus de 80 %).

(TI)