EasyJet penalise ses (Edition 2007-45)

Dominique Sudan à propos d’EasyJet et des GDS

EasyJet devait trouver de nouveaux débouchés pour garantir une croissance continue dans l’important segment des voyages d’affaires générant un volume de 90 milliards de dollars en Europe, avec une hausse estimée à 11% dans les trois prochaines années. La compagnie Low Cost dont Genève est la première base européenne hors Royaume-Uni se distingue de ses concurrentes par un réseau très dense ne touchant que les aéroports principaux. Contrairement à une Ryanair, EasyJet est donc une alternative très attractive. Et à Genève, le segment des voyageurs d’affaires représente déjà 24% du nombre total de passagers «oranges».

EasyJet a donc revu son business model, contrairement à ce que son fondateur Stelios avait toujours défendu: elle s’ouvre aux deux principaux GDS en Europe, Amadeus et Galileo. Mais puisqu’il ne convenait pas de tuer la poule aux œufs d’or, pas question de renoncer à Internet qui génère 98% de ses réservations. Via les GDS, EasyJet réserve donc l’accès à ses stocks aux seules agences actives dans les voyages d’affaires. Et pour qu’Internet reste son canal de distribution le meilleur marché, la compagnie ajoutera des frais par segment lors de chaque réservation via Amadeus et Galileo.

Ce faisant, EasyJet se tire une balle dans le pied. D’un côté elle souhaite développer le segment des voyages d’affaires en ne choisissant que des professionnels du secteur, de l’autre elle pénalise ces derniers en établissant une grille de frais peu élevés mais qui peuvent représenter des sommes colossales si l’on tient compte des 33 millions de segments que détient EasyJet en Europe, et du 20% de voyageurs d’affaires qui lui font déjà confiance. C’est bien pour cette raison que les deux GDS concernés et le transporteur Low Cost ne souhaitent pas détailler le splitting de ces taxes qu’ils se répartiront.

Les grands du voyage d’affaires sont d’ailleurs perplexes: pour eux, la mise en place d’un API est certes intéressante, mais les fameux frais sont une véritable contrainte comptable qui ne pourra pas être noyée dans le prix final des vols et devra de toute manière être expliquée au client. Autant le deal aurait pu être intéressant, autant il perd toute sa saveur en raison des Point-of-Sales Fees, même s’il ne s’agit que de quelques francs. EasyJet, qui se met aussi à dos les autres agences de voyages orientées vers le tourisme et les loisirs, ferait bien d’y songer dans la phase test qui commence sur plusieurs marchés importants.

Finalement, la question posée par un membre de l’AVP mériterait une réponse: les GDS ont-ils tenté de séduire EasyJet en lui promettant des gains substantiels? Peut-être puisque les deux parties, qui parlent de win-win situation, se partagent au final les bénéfices de l’opération. Même s’ils prétendent couvrir ainsi certains coûts.