Claude Luterbacher, membre du groupe de travail aérien de la Fédération suisse des agences de voyages (FSAV) et directeur de lagence Trans-Continental ne mâche pas ses mots: «Cette décision va à lencontre du bon sens commercial et fait fi des partenaires que sont les agences de voyages. Il y a aujourdhui une nécessité pour les compagnies aériennes de réaliser que les agences sont des partenaires importants et que bon nombre de leurs clients achètent leurs billets en agence.»
Le premier problème que la concrétisation de ce projet engendrerait serait celui de liquidités. «Les agences de voyages commerciales ont très souvent un accord avec leurs clients, une sorte de gentleman agreement, où le règlement se fait sur facture à trente jours. Exiger le paiement lors de lémission dun billet un mois à lavance, cela na aucun sens commercialement parlant.»
Pour Claude Luterbacher. Largument dune baisse de la garantie bancaire demandée en cas de paiement bi-mensuel ou hebdomadaire nest pas convaincant. «Si lon en vient à un paiement généralisé tous les quinze jours, voir toutes les semaines, il est utopique de croire que IATA gardera ses exigences de garantie bancaire vers le bas. Lobjectif est clairement dencaisser plus dargent, plus vite.»
A terme, une telle politique serait donc inévitablement un problème pour des petites agences, dont un certain nombre a déjà décidé de renoncer à la licence IATA. «Il est clair que cela va engendrer une sorte de nettoyage en ne permettant quaux agences les plus fortunées de continuer à alimenter IATA, au détriment des petits. Cest pour cela que IATA presse le citron tant que possible en prenant un maximum dargent, sans ne rien donner en contrepartie.» La solution de création dun organisme parallèle entre diverses agences et les compagnies aériennes ne paraît pas probable. «Cela fait longtemps que le sujet est mentionné, mais personne na encore franchi le pas. Il est certain que lon pourrait imaginer que plusieurs agences se désolidarisent du BSP, mais cela nécessiterait un engagement de la part des diverses agences concernées. Et les compagnies aériennes nont aucun avantage à délaisser un organisme qui protège leurs intérêts.»
Quant à largument dune meilleure organisation ou dune meilleure garantie, Claude Luterbacher ny croit pas une minute. «Cest certainement un argument que IATA pourrait faire miroiter, mais il est totalement faux. Actuellement, avec le système du choix de règlement, IATA possède déjà des garanties suffisantes. Quant à la question dun meilleur suivi, ça na aucun sens. Aujourdhui, le BSP se fait avec un contrôle sur quatre périodes par mois. Si lon passe à un règlement hebdomadaire, cela fera quatre contrôles pour quatre périodes.»
La situation actuelle est donc un système qui fonctionne bien et quil faudrait conserver. «Actuellement, les agences qui nont pas les moyens davoir une garantie bancaire peuvent faire partie de IATA en payant de manière hebdomadaire. Pourquoi faudrait-il changer ce système, si ce nest pour engranger plus dargent, plus vite?»
Cédric Diserens
Accepter nest pas une solution viable
Dans le cadre des voyages commerciaux, il est fort probable que les grands tels que Carlson Wagonlit Travel ou American Express pourraient théoriquement jouer le rôle de banquier, réglant dune part le BSP de manière hebdomadaire ou bimensuelle, puis refacturant le client mensuellement. Pour Claude Luterbacher, cela ne serait commercialement daucun intérêt. «Une telle pratique diminuerait considérablement le cash-flow de ces agences, ce qui nest absolument pas dans leur intérêt. Je ne pense pas que cela soit une solution viable. Bien sûr, certains pourront faire face, mais il ne faut pas accepter nimporte quoi.»
CD