EasyJet au Maroc: TOs sereins (Edition 2007-34)

Les tour-opérateurs romands voient là une nouvelle dynamique pour la destination.

Dès le 30 octobre prochain, EasyJet reliera les villes de Bâle et Genève à Marrakech. Un coup dur pour les tour-opérateurs romands? Pas si l’on en croit les intéressés. «Nous nous y attendions depuis quelque temps, indique Josiane Dahdah, directrice de Tourorient. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde et que c’est à chacun de choisir.»

Cette nouvelle liaison est même considérée comme un apport bénéfique à la destination. «C’est un grand plus pour le Maroc, précise Pascal Chatelain, Product Manager chez Tourisme Pour Tous. D’une part, cela va permettre à un plus large public de découvrir le Maroc, et d’autre part cela va dynamiser Royal Air Maroc et sa filiale Atlas Blue qui feront tout pour être plus compétitifs. Face à EasyJet, Atlas Blue n’est pour le moment pas comparable. Les tarifs sont élevés, même si combinables avec ceux de Royal Air Maroc, et les appareils accusent un certain âge.»

L’aspect stimulant pour Royal Air Maroc, qui était alors en position de quasi-monopole depuis la disparition de Swissair, est aussi relevé par Michel Fierro, directeur de Travelway: «La concurrence saine est toujours positive. La force de Royal Air Maroc et d’Atlas Blue par rapport à un Low Cost comme EasyJet, c’est d’offrir un interlocuteur.»

Du côté du spécialiste Air Marin, Michel Vargues n’est nullement surpris. «L’arrivée d’EasyJet sur Marrakech était prévisible, dans la mesure où il existe déjà une compagnie Low Cost, Atlas Blue, sur cet axe.» L’avantage qui pourrait découler de cette ouverture est avant tout au niveau de l’aérien. «Les prix pourraient aller dans le sens d’une réactualisation qui devrait entraîner une baisse du coût de l’aérien.»
Cet impact qui devrait motiver Royal Air Maroc et sa filiale est également le point que relève Mehdi Chaoui, directeur du tour-opérateur Le Voyagiste. «Il sera enfin possible de proposer la destination à des prix compétitifs face à des destinations comme la Turquie.»

Reste à savoir comment les tour-opérateurs vont se positionner face à la compagnie Low Cost. Certains, à l’instar de Air Marin, considèrent l’éventualité d’inclure EasyJet dans leurs brochures. «Nous menons actuellement une réflexion profonde à ce sujet, et nous nous adapterons de façon à satisfaire aux mieux les demandes des clients.» Une attitude que partage Mehdi Chaoui: «Dans un premier temps, nous sortirons des promotions ponctuelles avec EasyJet, et si nous ne voyons pas de changement du côté de Royal Air Maroc ou d’Atlas Blue, alors nous pourrions l’inclure dans nos brochures de l’été prochain.»
Pour d’autres la réaction se veut exclusive. «Nous ne les mentionnerons pas afin de ne pas leur faire de marketing», indique Pascal Chatelain, Tourisme Pour Tous. Même remarque pour Michel Fierro, Travelway: «Nous ne mentionnerons pas EasyJet dans la mesure où nous ne sommes pas partenaires.» Enfin, Josiane Dahdah, Tourorient, conclut: «Il sera très difficile de travailler avec EasyJet. Pour bénéficier de tarifs avantageux, il faut s’y prendre presque 6 mois à l’avance. Notre clientèle haut de gamme tend plus à se décider 3 semaines avant de partir.»

Cédric Diserens

Les coûts d’une structure commerciale freinent EasyJet

 «Nous ne sommes pas fermés aux agences de voyages et aux tour-opérateurs. Nous ne sommes simplement pas en mesure de travailler avec des contingents sur trois vols hebdomadaires, et qui plus est, sans une structure commerciale qui serait très coûteuse à mettre en place.» Cette affirmation, Philippe Vignon, Country Manager pour la Suisse, l’Italie et l’Europe de l’Est, l’a faite en connaissance de cause.
«Nous avons déjà été abordés par des tour-opérateurs qui voulaient établir une collaboration avec nous. Lorsqu’ils ont réalisé le rapport entre la rentabilité et les coûts engendrés, ils ont renoncé.» Pourtant, Philippe Vignon reconnaît que l’offre d’EasyJet répond à un besoin. «Nous savons que le produit de notre concurrent Atlas Blue ne jouit pas d’une très bonne réputation à l’heure actuelle.»
La traduction prochaine en français du site EasyJet Holidays (http://holidays.easyjet.com) montre qu’il est tout à fait possible de créer des packages sans pour autant avoir de contingents.   

CD

RAM prête à réagir face à EasyJet

Farid Mabtoul, nouveau directeur général pour la Suisse de Royal Air Maroc voit l’arrivée d’EasyJet d’un bon œil. «C’est une bonne chose car nous allons pouvoir nous démarquer.» Pour Farid Mabtoul, Atlas Blue est une concurrence très sérieuse pour EasyJet. «Elle a aujourd’hui sa propre flotte composée d’A320 neufs acquis l’année dernière. Le seul point noir semble être le nettoyage de la cabine, mais c’est un aspect qui devrait être réglé rapidement.»

Pour Royal Air Maroc, EasyJet n’est pas un concurrent. «Nous n’avons pas la même clientèle. Nous transportons des touristes, certes, mais aussi une importante clientèle corporate régulière qui utilise également notre réseau en Afrique. Tout au plus, EasyJet va créer un marché nouveau pour la destination du Maroc.» La confiance de Farid Mabtoul vient de la situation sur des lignes comme Marrakech–Londres ou Casablanca–Paris où des Low Cost opèrent déjà.

«Nous sommes très souvent plus avantageux, surtout pendant les périodes de haute saison. En effet, les tarifs des Low Cost se retrouvent fréquemment au-dessus de nos tarifs réguliers.» Royal Air Maroc reste donc à l’écoute de ses partenaires. «Il est fort probable qu’Atlas Blue adapte ses tarifs si cela s’avère nécessaire.»

Pour le moment, Farid Mabtoul dit vouloir s’occuper en priorité d’un point faible de Royal Air Maroc: les taxes aéroportuaires. «Le vol via Casablanca pêche par des taxes trop élevées. C’est un problème que je compte régler au plus vite.»   

CD