Au récent TTW de Montreux, Jean-Marc Thévenaz, qui avait remplacé au pied levé le CEO Andy Harrison retenu à Londres pour le rachat de GB Airways, navait pas démenti certaines rumeurs: selon le Managing Director dEasyJet Switzerland, la compagnie pourrait envisager une entrée dans les GDS sous une forme quil convenait encore de définir. Cest fait depuis le début de la semaine, avec lancement pour Amadeus à la fin novembre 2007 suite à une phase pilote dun mois, et pour Galileo courant novembre, avec période test au Royaume-Uni.
En effet, EasyJet a signé avec Amadeus et Galileo des contrats de distribution limité à limportant segment des voyages daffaires. Deuxième plus important Low Cost Carrier européen derrière Ryanair et quatrième compagnie aérienne dEurope, EasyJet souhaite accroître sa part de marché dans les voyages daffaires qui représentent déjà 20% de son activité. Un marché pour le moins important qui représenterait 90 milliards de US$ en Europe.
«Cest la première fois quun Low Cost européen met ses inventaires à disposition des GDS. Ce nouveau mode de distribution est à considérer comme un complément à Internet qui génère encore 98% de nos ventes et restera notre canal prioritaire offrant toujours les tarifs les moins chers. Mais en termes de voyages daffaires, Amadeus et Galileo ont développé séparément de nouvelles technologies qui nous permettront de stimuler encore cette importante clientèle toujours plus soucieuse de la gestion de ses déplacements, y compris la clientèle liée à des transporteurs réguliers par différents programmes de fidélisation», explique Peter Voets, Marketing Manager Switzerland & Eastern Europe.
Pour les trois parties concernées, laccord conclu est qualifié de «win-win situation». Aussi bien Amadeus que Galileo ont accès à lensemble de la gamme de prix et de services dEasyJet. «Cest la première fois que nous intégrons un Low Cost Carrier dans notre système. Les disponibilités et les informations en temps réel seront accessibles grâce à un lien API directement connecté à linventaire dEasyJet. Le temps de réservation sen trouvera réduit; loptimisation des différentes politiques de voyages sera réelle pour les agences de voyages, le processus de réservation se voyant intégré dans le mid/back-office», commente Cornel Küng, General Manager Switzerland dAmadeus.
Pour chaque billet vendu, EasyJet imposera des frais aux agences de voyages, principe qui sapplique déjà aux ventes qui ne sont pas réalisées sur Internet (téléphone, aéroport). «Nous entendons ainsi compenser les coûts des GDS et la perte éventuelle de services annexes (voitures de location, hôtels) représentant environ 10% de nos recettes. Le barème défini dépend du nombre de sièges vendus: CHF 12,50 par leg, CHF 10.- pour deux legs, CHF 30.- pour trois legs. Mais selon lenquête comparative que nous avons menée chaque deux semaines entre octobre 2006 et septembre 2007, nous demeurons largement compétitifs: sur 91 jours, le prix moyen de Swiss sur un même axe est de 190,50 euros en classe économique alors que celui dEasyJet est de 65,13 euros», poursuit Peter Voets.
Pour Chris Dorner, Country Manager de Galileo, «la demande du marché a aussi stimulé ce développement avec EasyJet. Mais les outils à disposition ne permettaient pas à ce jour de gérer cet important volume.»
En théorie, le potentiel est immense, ajoute Cornel Küng: en Europe, le Low Cost gère 29% du trafic court-courrier; or, les GDS ne traitaient que 1% de ce volume. Et globalement, EasyJet détient 16% du segment Low Cost, avec environ 33 millions de segments.
Dominique Sudan
24% de voyages daffaires à Genève
Les voyages daffaires représentent déjà 20% du volume de passagers traité par EasyJet. Mais à Genève, ce taux grimpe à 24%. «Genève constitue notre plus importante base sur le continent européen. Derrière London-Gatwick, le taux de 24% est le plus élevé de notre réseau. Les PME ainsi que les nombreuses organisations internationales présentes dans la région contribuent au développement de ce segment. Cest ce que nous faisons avec Amadeus et Galileo», précise Jean-Marc Thévenaz.
DS
Amex, Carlson, HRG et Kuoni perplexes face à EasyJet
Si la décision dEasyjet se veut exclusive pour les agences de voyages daffaires, celles-ci ne voient pas dintérêt si des frais sont appliqués.
«Nous possédons déjà notre propre outil maison de recherche de disponibilité et de traçage de vente, Webfares, sur plus dune centaine de compagnies Low Cost, indique Marco DallAglio, Directeur des opérations pour la Suisse romande de Carlson Wagonlit Travel (CWT). Bien sûr, la centralisation des informations dans un GDS est idéale pour navoir quun seul outil à utiliser, mais la mise en application de frais supplémentaires rend lopération inintéressante. Ces coûts devront être pris en charge par le client et cela engendrera une complication comptable.»
De son côté, Serge Bacher, Kuoni, souligne le côté paradoxal de la situation. «Lentrée dans un GDS est une bonne chose, car cela facilite le travail de lagent et cela montre que la compagnie cherche de nouveaux canaux de distribution. En revanche, la manière dont elle est réalisée et plutôt maladroite, car lapplication de frais, bien que compréhensible, pénalise le distributeur. Cest un paradoxe des temps modernes.»
Luigi Cito, Regional Manager Switzerland pour American Express: «Lentrée dans un GDS est une bonne chose en soi, mais appliquer des frais de réservation revient à faire comme sils ny étaient jamais entrés.» Patrick Moreillon, Senior BTC Manager HRG Genève ajoute: «Je nai pas eu le temps détudier le dossier en profondeur, mais de prime abord, si lidée de navoir quun seul support pour toutes les compagnies aériennes est une bonne intention, lintroduction de frais va pénaliser les agences. Dès lors, elles seront mises sous pression avec le choix entre lacceptation de ces frais etleur répercussion sur le client, et une complexification du processus de la réservation.»
CD