Dès le 30 octobre prochain, EasyJet reliera les villes de Bâle et Genève à Marrakech. Un coup dur pour les tour-opérateurs romands? Pas si lon en croit les intéressés. «Nous nous y attendions depuis quelque temps, indique Josiane Dahdah, directrice de Tourorient. Je pense quil y a de la place pour tout le monde et que cest à chacun de choisir.»
Cette nouvelle liaison est même considérée comme un apport bénéfique à la destination. «Cest un grand plus pour le Maroc, précise Pascal Chatelain, Product Manager chez Tourisme Pour Tous. Dune part, cela va permettre à un plus large public de découvrir le Maroc, et dautre part cela va dynamiser Royal Air Maroc et sa filiale Atlas Blue qui feront tout pour être plus compétitifs. Face à EasyJet, Atlas Blue nest pour le moment pas comparable. Les tarifs sont élevés, même si combinables avec ceux de Royal Air Maroc, et les appareils accusent un certain âge.»
Laspect stimulant pour Royal Air Maroc, qui était alors en position de quasi-monopole depuis la disparition de Swissair, est aussi relevé par Michel Fierro, directeur de Travelway: «La concurrence saine est toujours positive. La force de Royal Air Maroc et dAtlas Blue par rapport à un Low Cost comme EasyJet, cest doffrir un interlocuteur.»
Du côté du spécialiste Air Marin, Michel Vargues nest nullement surpris. «Larrivée dEasyJet sur Marrakech était prévisible, dans la mesure où il existe déjà une compagnie Low Cost, Atlas Blue, sur cet axe.» Lavantage qui pourrait découler de cette ouverture est avant tout au niveau de laérien. «Les prix pourraient aller dans le sens dune réactualisation qui devrait entraîner une baisse du coût de laérien.»
Cet impact qui devrait motiver Royal Air Maroc et sa filiale est également le point que relève Mehdi Chaoui, directeur du tour-opérateur Le Voyagiste. «Il sera enfin possible de proposer la destination à des prix compétitifs face à des destinations comme la Turquie.»
Reste à savoir comment les tour-opérateurs vont se positionner face à la compagnie Low Cost. Certains, à linstar de Air Marin, considèrent léventualité dinclure EasyJet dans leurs brochures. «Nous menons actuellement une réflexion profonde à ce sujet, et nous nous adapterons de façon à satisfaire aux mieux les demandes des clients.» Une attitude que partage Mehdi Chaoui: «Dans un premier temps, nous sortirons des promotions ponctuelles avec EasyJet, et si nous ne voyons pas de changement du côté de Royal Air Maroc ou dAtlas Blue, alors nous pourrions linclure dans nos brochures de lété prochain.»
Pour dautres la réaction se veut exclusive. «Nous ne les mentionnerons pas afin de ne pas leur faire de marketing», indique Pascal Chatelain, Tourisme Pour Tous. Même remarque pour Michel Fierro, Travelway: «Nous ne mentionnerons pas EasyJet dans la mesure où nous ne sommes pas partenaires.» Enfin, Josiane Dahdah, Tourorient, conclut: «Il sera très difficile de travailler avec EasyJet. Pour bénéficier de tarifs avantageux, il faut sy prendre presque 6 mois à lavance. Notre clientèle haut de gamme tend plus à se décider 3 semaines avant de partir.»
Cédric Diserens
Les coûts dune structure commerciale freinent EasyJet
«Nous ne sommes pas fermés aux agences de voyages et aux tour-opérateurs. Nous ne sommes simplement pas en mesure de travailler avec des contingents sur trois vols hebdomadaires, et qui plus est, sans une structure commerciale qui serait très coûteuse à mettre en place.» Cette affirmation, Philippe Vignon, Country Manager pour la Suisse, lItalie et lEurope de lEst, la faite en connaissance de cause.
«Nous avons déjà été abordés par des tour-opérateurs qui voulaient établir une collaboration avec nous. Lorsquils ont réalisé le rapport entre la rentabilité et les coûts engendrés, ils ont renoncé.» Pourtant, Philippe Vignon reconnaît que loffre dEasyJet répond à un besoin. «Nous savons que le produit de notre concurrent Atlas Blue ne jouit pas dune très bonne réputation à lheure actuelle.»
La traduction prochaine en français du site EasyJet Holidays (http://holidays.easyjet.com) montre quil est tout à fait possible de créer des packages sans pour autant avoir de contingents.
CD
RAM prête à réagir face à EasyJet
Farid Mabtoul, nouveau directeur général pour la Suisse de Royal Air Maroc voit larrivée dEasyJet dun bon il. «Cest une bonne chose car nous allons pouvoir nous démarquer.» Pour Farid Mabtoul, Atlas Blue est une concurrence très sérieuse pour EasyJet. «Elle a aujourdhui sa propre flotte composée dA320 neufs acquis lannée dernière. Le seul point noir semble être le nettoyage de la cabine, mais cest un aspect qui devrait être réglé rapidement.»
Pour Royal Air Maroc, EasyJet nest pas un concurrent. «Nous navons pas la même clientèle. Nous transportons des touristes, certes, mais aussi une importante clientèle corporate régulière qui utilise également notre réseau en Afrique. Tout au plus, EasyJet va créer un marché nouveau pour la destination du Maroc.» La confiance de Farid Mabtoul vient de la situation sur des lignes comme MarrakechLondres ou CasablancaParis où des Low Cost opèrent déjà.
«Nous sommes très souvent plus avantageux, surtout pendant les périodes de haute saison. En effet, les tarifs des Low Cost se retrouvent fréquemment au-dessus de nos tarifs réguliers.» Royal Air Maroc reste donc à lécoute de ses partenaires. «Il est fort probable quAtlas Blue adapte ses tarifs si cela savère nécessaire.»
Pour le moment, Farid Mabtoul dit vouloir soccuper en priorité dun point faible de Royal Air Maroc: les taxes aéroportuaires. «Le vol via Casablanca pêche par des taxes trop élevées. Cest un problème que je compte régler au plus vite.»
CD