Kuoni Suisse doit se ressaisir (Edition 2007-35)

Dominique sudan à propos du départ de Roberto Luna

La restructuration du groupe Kuoni est en cours. Annoncée à la fin juin, elle arrivera à son terme d’ici le mois de juillet 2008. C’est long une année. Au plan opérationnel, le cahier des charges de Roberto Luna n’aurait pas changé. Du moins pas dans l’immédiat. Mais structurellement parlant, Kuoni Suisse a réduit sa voilure: la nouvelle Business Unit Switzerland née sur les cendres de l’ancienne Unité opérationnelle Suisse est directement subordonnée à la division stratégique «Smart» englobant Helvetic Tours, Reisen Netto et Apollo, ainsi que les compagnies aériennes Edelweiss Air et Novair. Et d’ici juillet prochain, toute la Business Unit Switzerland sera intégrée aux divisions «Smart» et «Style».

Après deux ans et demi qui n’ont guère été faciles, on sentait Roberto Luna fatigué. Son départ n’est guère surprenant. Communiqué dans le même document que les (mauvais) résultats de Kuoni Suisse, le retrait de Luna a immédiatement été mis en relation avec lesdits résultats. Erreur stratégique de la part du groupe puisque Luna lui-même explique que ce choix est dicté par la volonté de faire le point après vingt ans de fidélité à Kuoni. En communiquant de cette façon-là, Kuoni n’a fait que déstabiliser une très grande partie de son personnel suisse qui doute déjà.

Roberto Luna a peut-être surestimé l’impact de la restructuration en cours. N’aimant pas naviguer à vue, il s’est sans doute dit que le moment était idéal pour tourner la page. Mais s’il avait insisté à l’époque, il aurait eu sa place à la direction générale du groupe, la même qu’occupait son prédécesseur Thomas Stirnimann –  Luna aurait alors mieux perçu la fameuse restructuration de Kuoni. Le fait de ne pas y être a peut-être créé un certain complexe d’infériorité.  

En très peu de temps, Kuoni vit un véritable exode: la bande de jeunes formée par Hans Lerch a quitté le navire; d’abord Stirnimann, ensuite Brüllhardt, enfin Luna. Autant dire trois piliers que l’on jugeait inébranlables. Pour Luna, la situation est peu différente: l’homme jouit d’un immense capital sympathie auprès de ses troupes et sera difficilement «remplaçable». D’ailleurs ce n’est pas le but de Kuoni Suisse: cette unité doit au contraire profiter de l’occasion pour se ressaisir rapidement, notamment dans le segment de masse où des marques comme Helvetic Tours inquiètent, au même titre qu’une Edelweiss obligée de trouver des alternatives en hiver pour ne pas être clouée au sol. Or, dans ce segment qui concerne en premier lieu le balnéaire, seul l’esprit d’équipe permet de trouver rapidement les solutions idoines. Est-il encore là?

Stefan Leser est condamné à réussir. Il pourra bénéficier de l’appui de Luna jusqu’à la fin décembre mais sera ensuite seul. Là, il n’est pas sûr que la restructuration en cours l’aide pour mettre le marché suisses sur les bons rails.