La FSAV campe sur ses positions après l’accord entre Swiss/Sabre (Edition 2008-20)

De la poudre aux yeux, tel est l’avis de la Fédération suite à l’annonce de Swiss et du GDS Sabre.

Le brûlant dossier des tarifs préférentiels que Swiss et Lufthansa
veulent introduire le 1er octobre prochain a pris une tournure
étonnante il y a quelques jours: dans le cadre d’un accord «Full
Content» entre les deux compagnies Swiss et Lufthansa et Sabre, les
agences de voyages utilisatrices de ce GDS auront accès aux tarifs
publiés et aux disponibilités des deux compagnies sans avoir à
s’acquitter d’une taxe de CHF 8.- par segment de vol. Les agences
utilisant Sabre en Allemagne, en Suisse et en Autriche devront
toutefois signer le nouveau contrat relatif aux Preferred Fares.

Pour Swiss et Lufthansa, l’annonce faite il y a quelques jours
constitue une bonne nouvelle pour les agences de voyages. «Sabre est un
partenaire important au sein de notre structure de distribution et un
canal efficace pour la réservation de tous nos vols. L’accord avec
Sabre nous permet de renforcer notre compétitivité. Il nous permet
simultanément de mettre à la disposition des agences utilisant Sabre
tous les tarifs de Swiss sans compensation financière», explique Harry
Hohmeister, Chief Network & Distribution Officer de Swiss.

Même son de cloche chez Sabre où Martin Cowley, Senior Vice President
Network pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, estime que
l’annonce de la semaine dernière présente des avantages à la fois pour
la clientèle existante et pour de nouveaux clients que le GDS entend
fidéliser dans le cadre de son expansion en Europe: «Notre principe
directeur est de trouver des solutions répondant aux attentes de
l’ensemble du secteur.

Au sein de la Fédération suisse des agences de voyages (FSAV), c’est,
en revanche, la soupe à la grimace. Au vu des développements actuels,
la FSAV ne voit aucune raison de modifier son jugement et continue de
rejeter catégoriquement le modèle de tarification préférentielle
proposé par Swiss et Lufthansa.

«La communication de Swiss sur la percée dans les négociations menées
avec Sabre a malheureusement raté le coche. Le fait que sabre soit le
premier GDS à bouger constitue, certes, un geste aussi sympathique que
bienvenu aux yeux des agences de voyages. Le danger d’un traitement
abusif des agences n’est pas écarté pour autant. Et de nombreuses
questions demeurent sans réponse. A titre d’exemple, Swiss ne dit pas
si un utilisateur de Sabre a automatiquement accès aux tarifs
préférentiels sans avoir à signer le contrat. Car une fois le contrat
signé, Swiss et Lufthansa demeureront libres de redéfinir les montants
quand bon leur semblera. Nous savons en outre que l’accord conclu entre
Swiss et Sabre est limité dans le temps et qu’il devra être renégocié
au printemps de l’année prochaine. Pour nous, ces éléments prouvent que
l’enjeu va bien au-delà des simples taxes GDS. Dans l’attente du
verdict de la Commission de la concurrence, il n’y a pas lieu non plus
de céder à la pression du calendrier pour signer les contrats»,
commente Hans-Jörg Leuzinger, président de la FSAV.

Le président n’estime pas non plus que l’accord conclu entre Swiss et
Sabre mettra une quelconque pression supplémentaire sur les deux autres
GDS. Selon lui, Amadeus Allemagne se serait d’ailleurs exprimé de façon
très négative au lendemain de l’annonce d’un deal provocateur.
Quant au rôle joué par Lufthansa en Suisse, il reste extrêmement
obscur, ajoute le président: «Depuis le mois de janvier dernier, je
n’ai rien entendu de la part du directeur de Lufthansa pour la Suisse,
Mathias Pirkl. On peut vraiment s’interroger sur le jeu que joue
Lufthansa dans notre pays. De plus, aucun signe d’une solution suisse
n’a été donné à ce jour, ni par Swiss ni par Lufthansa.

Dominique Sudan

Amadeus et Travelport pris de court par Sabre

Amadeus attendra encore quelques jours avant de s’exprimer
formellement face à l’accord conclu par Sabre et le duo
Lufthansa/Swiss, explique Stefan Angst, Sales & Marketing Manager
pour la Suisse. Dans un premier temps, le siège madrilène du GDS a
pourtant laissé entendre que ce deal est très étonnant et qu’il est
discriminatoire. La situation, en fait, n’en est plus compliquée et
exigerait une analyse juridique dans la mesure où le Corde of Conduct
et d’autres prescriptions exigent un traitement d’égalité. L’on ne
croit pourtant pas que ce développement puisse avoir une influence
négative sur les agences utilisatrices d’Amadeus et l’on cherchera une
solution acceptable pour toutes les parties.

Chez Travelport (Galileo & Worldspan), Chris Dorner est d’avis que
la position des deux compagnies aériennes a désormais évolué. «Toutes
les parties sont étonnées du développement annoncé ce qui ne signifie
pas que nous resterons inactifs. Si des discussions de nature
commerciale ont toujours lieu, nous nous trouvons aujourd’hui dans un
nouveau contexte. Mais il est trop tôt pour en dire davantage. En
Suisse, le contrat Full Content court jusqu’en décembre 2009. Nous
comptons bien l’honorer.»

Chez Sabre, Anne Rösener, Vice President pour l’Europe centrale et
l’Europe de l’Est, ne peut pas se prononcer sur la teneur du contrat
passé avec Lufthansa et Swiss. «Les contrats en vigueur ont été étendus
et les agences de voyages qui participeront seront bel et bien exemptes
de taxes. Le contrat conclu est valable dès le 1er juillet pour une
durée minimale d’une année. Tous les autres détails demeurent
confidentiels. Dans l’optique d’un développement global et dans un
marché en pleine croissance, nous constituons un partenaire intéressant
et un canal de distribution attractif pour les agences de voyages et le
segment online. Il convient de considérer le tout comme un paquet
complet. Et il ne s’agit nullement d’un programme opt-in. Tous les
contrats nous liant aux agences de voyages conservent leur validité. Et
pour avoir accès aux tarifs préférentiels, il suffit simplement de
signer le contrat proposé par Swiss.»   

DS