«La Tunisie est une voiture confortable» (Edition 2006-43)

Pour Raouf Jomni, directeur général l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), la Suisse est un marché de référence.

La délégation tunisienne au TTW est particulièrement importante. Pourquoi une telle «force de frappe» et que représente le TTW pour la Tunisie?
Il s’agit d’une histoire d’amour durable. Pour nous, la Suisse est un marché de référence, un vrai baromètre. Son impact réagit sur les pays voisins comme nous le constatons avec l’Italie pour la thalasso. Nos produits correspondent à la demande et la croissance, cette année, devrait atteindre 20% pour la Suisse. Mais je dirais surtout que là où se pose le drapeau suisse, la qualité augmente. C’est donc un phénomène porteur et sécurisant.

Comment la Tunisie est-elle ressentie dans les principaux marchés émetteurs?
Les touristes éprouvent un sentiment de quiétude en Tunisie. La stagnation après 2001 a permis de retravailler notre offre comme notre stratégie et cela paie aujourd’hui. Nous mettons l’accent sur l’ensemble de la formation touristique. La concurrence est vive, mais je peux dire que la Tunisie est un leader du tourisme en Afrique avec l’Afrique du Sud et l’Egypte.

Les résultats de l’année 2006 sont-ils conformes aux objectifs?
Ils sont légèrement supérieurs à la moyenne globale. Nous avons gagné 100000 touristes italiens depuis trois ans et la progression est également nette en France. En septembre, nous avons passé le cap des 5,3 millions de touristes et les recettes ont augmenté de 5%. Nous pouvons dire que la Tunisie est une voiture confortable en dépit des mouvances extérieures.

Les marchés émergents répondent-ils aux espérances?
La conquête de nouveaux marchés va de pair avec le développement des marchés traditionnels. Je pense à la reconquête du marché allemand qui souffre depuis 2001 et qui est une priorité vitale pour les professionnels tunisiens.  En revanche, nous sommes très satisfaits des résultats en Europe de l’Est. Nous avons reçu 120 000 Polonais à fin septembre (+10%), la croissance est très importante en République tchèque avec 140000 touristes par an. Pour la Russie, l’augmentation est de 11% (environ 100000 personnes). Nous avons un programme ambitieux sur la Chine où nous ouvrirons une représentation l’an prochain. Nous travaillons les marchés arabes. Le potentiel en termes de recettes y est très important.

Quelles seront les priorités de l’ONTT en 2007?
Nous poursuivons notre diversification des marchés comme des produits. Par exemple, le développement des niches comme le Sahara, la culture, la thalasso ou les seniors. Cela permet d’allonger les saisons. Nous ressentons un attrait plus fort pour le Nord-Ouest et le Sud où nous inaugurons le golf de Tozeur en novembre. Il n’y a pas seulement l’atout balnéaire même s’il demeure bien entendu l’essence même du tourisme tunisien.

Grande nouveauté, vous allez développer les offres touristiques en travaillant conjointement avec d’autres pays. De quoi s’agit-il?
C’est un événement majeur pour la commercialisation dans les marchés lointains. Nous travaillons dans le cadre du «5 + 5» qui regroupe d’une part France, Italie, Espagne, Portugal et Malte, d’autre part les cinq pays du Maghreb: Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie. C’est un exemple de coopération Nord-Sud. Sur le marché chinois, nous aurons un produit tuniso-italien avec quatre jours en Tunisie (Sahara, culturel, casinos) et quatre jours en Italie, soit dix jours avec le voyage. Nous étudions la même chose avec la France sur la Chine et le Japon.

Le développement de la croisière est manifeste en Tunisie avec une croissance de 30%. Les ports tunisiens sont-ils adaptés à cette nouvelle donne?
En 2006, les ports tunisiens auront reçu 100000 croisiéristes. Les ports (La Goulette à Tunis, Gabès ou Bizerte) s’adaptent à cette nouvelle situation. C’est un produit d’avenir pour nous.

Alain Bossu