Le coup de pied de l’âne (Edition 2007-51)

Dominique Sudan à propos de l’AVP vs Easyjet

C’est toujours à bon escient que les Agences de Voyages Privées (AVP)
montrent la voie à suivre. Dans l’affaire de taxes imposées par EasyJet
aux agences de voyages d’affaires, l’AVP se fait l’avocat de tout le
secteur. Contrairement aux grands tenus de suivre les directives émises
par leur direction européenne, les six agences de voyages genevoises
n’ont pas traîné pour réagir aux tarifs à deux vitesses appliqués par
EasyJet dans les GDS et sur Internet. Une réaction attendue puisque,
sur tous les marchés où le transporteur Low Cost s’est ouvert aux deux
GDS dans le segment des voyages d’affaires, l’application de taxes
variables a été considérée comme un parfait autogoal.

L’AVP, qui rappelle au passage qu’EasyJet snobait la distribution
classique il n’y a pas si longtemps, n’y va pas par quatre chemins: ses
agences ne joueront pas cette carte-là et préfèrent de loin le
partenariat transparent annoncé il y a peu par une Flybaboo. Bref, le
parfait coup de pied de l’âne.
Là où l’association genevoise pourrait être étendue au niveau national
voire international, c’est lorsqu’elle craint un précédent: en
prélevant de modestes taxes par leg, EasyJet pourrait donner des idées
pas forcément positives aux compagnies aériennes classiques. En effet,
rien n’interdirait Air France ou British Airways d’en faire de même à
court terme. Et les précédents dans l’industrie aérienne sont craints
comme la peste – voir l’abandon des commissions.

L’AVP n’a pas tort non plus lorsqu’elle ajoute qu’il lui est impossible
de défendre la différence tarifaire face à sa fidèle clientèle
d’affaires. Et en matière de productivité, elle n’avale pas les
couleuvres d’EasyJet et des deux GDS. Sans faire un procès d’intention
à EasyJet, l’association genevoise craint enfin qu’EasyJet ne cherche
qu’à avoir un accès direct à ce segment à forte valeur ajoutée pour
mieux le fidéliser dans une deuxième phase.

La décision prise par les six agences membres risque de faire boule de
neige. American Express, Carlson Wagonlit Travel, HRG Switzerland
devraient suivre l’AVP. Tout simplement parce qu’EasyJet aurait l’idée
de fermer l’accès à son contenu dans les systèmes internes développés
par les trois grands, à l’image du Webfares de Carlson. Quant aux
petites agences qui se disent «séduites» par cette ouverture sur les
GDS, elles devraient peut-être songer que le fameux précédent que
craignent six ténors du voyage d’affaires pourrait ne pas être qu’une
simple vue de l’esprit.

On le verra en 2008. Et puisque cette édition est la dernière de
l’année, toute l’équipe de TRAVEL INSIDE vous souhaite à tous de
joyeuses fêtes de fin d’année.