Le groupe de travail aérien de la FSAV veut le choix face au BSP (Edition 2007-20)

Le projet de règlement bimensuel du BSP est perçu comme une décision sans concertation, unilatérale et contre le bon sens

Claude Luterbacher, membre du groupe de travail aérien de la Fédération suisse des agences de voyages (FSAV) et directeur de l’agence Trans-Continental ne mâche pas ses mots: «Cette décision va à l’encontre du bon sens commercial et fait fi des partenaires que sont les agences de voyages. Il y a aujourd’hui une nécessité pour les compagnies aériennes de réaliser que les agences sont des partenaires importants et que bon nombre de leurs clients achètent leurs billets en agence.»
Le premier problème que la concrétisation de ce projet engendrerait serait celui de liquidités. «Les agences de voyages commerciales ont très souvent un accord avec leurs clients, une sorte de gentleman agreement, où le règlement se fait sur facture à trente jours. Exiger le paiement lors de l’émission d’un billet un mois à l’avance, cela n’a aucun sens commercialement parlant.»
Pour Claude Luterbacher. L’argument d’une baisse de la garantie bancaire demandée en cas de paiement bi-mensuel ou hebdomadaire n’est pas convaincant. «Si l’on en vient à un paiement généralisé tous les quinze jours, voir toutes les semaines, il est utopique de croire que IATA gardera ses exigences de garantie bancaire vers le bas. L’objectif est clairement d’encaisser plus d’argent, plus vite.»

A terme, une telle politique serait donc inévitablement un problème pour des petites agences, dont un certain nombre a déjà décidé de renoncer à la licence IATA. «Il est clair que cela va engendrer une sorte de nettoyage en ne permettant qu’aux agences les plus fortunées de continuer à alimenter IATA, au détriment des petits. C’est pour cela que IATA presse le citron tant que possible en prenant un maximum  d’argent, sans ne rien donner en contrepartie.» La solution de création d’un organisme parallèle entre diverses agences et les compagnies aériennes ne paraît pas probable. «Cela fait longtemps que le sujet est mentionné, mais personne n’a encore franchi le pas. Il est certain que l’on pourrait imaginer que plusieurs agences se désolidarisent du BSP, mais cela nécessiterait un engagement de la part des diverses agences concernées. Et les compagnies aériennes n’ont aucun avantage à délaisser un organisme qui protège leurs intérêts.»

Quant à l’argument d’une meilleure organisation ou d’une meilleure garantie, Claude Luterbacher n’y croit pas une minute. «C’est certainement un argument que IATA pourrait faire miroiter, mais il est totalement faux. Actuellement, avec le système du choix de règlement, IATA possède déjà des garanties suffisantes. Quant à la question d’un meilleur suivi, ça n’a aucun sens. Aujourd’hui, le BSP se fait avec un contrôle sur quatre périodes par mois. Si l’on passe à un règlement hebdomadaire, cela fera quatre contrôles pour quatre périodes.»
La situation actuelle est donc un système qui fonctionne bien et qu’il faudrait conserver. «Actuellement, les agences qui n’ont pas les moyens d’avoir une garantie bancaire peuvent faire partie de IATA en payant de manière hebdomadaire. Pourquoi faudrait-il changer ce système, si ce n’est pour engranger plus d’argent, plus vite?»

Cédric Diserens

Accepter n’est pas une solution viable

Dans le cadre des voyages commerciaux, il est fort probable que les grands tels que Carlson Wagonlit Travel ou American Express pourraient théoriquement jouer le rôle de banquier, réglant d’une part le BSP de manière hebdomadaire ou bimensuelle, puis refacturant le client mensuellement. Pour Claude Luterbacher, cela ne serait commercialement d’aucun intérêt. «Une telle pratique diminuerait considérablement le cash-flow de ces agences, ce qui n’est absolument pas dans leur intérêt. Je ne pense pas que cela soit une solution viable. Bien sûr, certains pourront faire face, mais il ne faut pas accepter n’importe quoi.»  

 CD