Le partenariat, seule planche de salut (Edition 2008-20)

Dominique Sudan à propos de Baboo

Cinq ans auront été nécessaires à Julian Cook pour positionner un
nouveau transporteur aérien à Genève. La compagnie qui se veut «a
breath of swiss air» est aujourd’hui à un tournant: nouveau patron,
nouvelles destinations, nouveau nom, nouveau logo, nouveaux avions,
nouveau branding. On est loin de la petite compagnie dont le nom ne
manquait pas de faire sourire dans le petit monde de l’aviation suisse
qui se remettait à peine de la débâcle de Swissair et du décollage
chaotique de Swiss.

Si Flybaboo devenue Baboo a réussi à se faire une (petite) place sous
le soleil, c’est à Julian Cook et à plusieurs investisseurs qu’on le
doit. Sans ces derniers, Baboo n’aurait sans doute pas soufflé cinq
bougies et n’aurait pas résisté à l’environnement extrêmement
concurrentiel régnant dans le ciel européen. Car l’esprit jeune de la
compagnie et de sa mascotte canine Tofu ne suffit pas pour atteindre le
seuil de rentabilité qui est devenu l’objectif numéro un de la
compagnie.

Le principal défi que doit relever aujourd’hui l’équipe dirigeante
autour du nouveau CEO Jacques Bankir demeure la maîtrise d’une
croissance rapide et le meilleur positionnement possible. Il conviendra
aussi de digérer cette très forte prise de poids sans laquelle Baboo
n’atteindra pas l’équilibre. Simple problème de masse critique. Là,
Baboo se doit aussi de trouver le meilleur équilibre possible entre les
vols réguliers et les rotations charters estivales. Et fatalement, la
compagnie est condamnée à conclure le plus rapidement possible des
accords de partenariat avec d’autres transporteurs.

En effet, la structure actuelle de son trafic et le jonglage entre vols
affrétés, vols saisonniers et vols réguliers sur des axes parfois
chargés (Valence et Nice, par exemple) permettront difficilement
d’atteindre ce fameux seuil de rentabilité dont parle la direction de
la compagnie.
Ce d’autant que les nouveaux Embraer commandés génèrent des coûts opérationnels relativement élevés.

Baboo doit par conséquent s’unir à d’autres par des accords commerciaux
qui sont les instruments évitant de la classer définitivement dans la
catégorie des compagnies point à point, de surcroît dans une zone de
chalandise limitée autour de Genève. Car pour en avoir fait la
douloureuse expérience sur l’axe Genève-Zurich, Baboo sait que la
concurrence actuelle l’oblige à sceller rapidement des accords de
partenariat qui peuvent prendre la forme de «commercial agreements»
voire de codeshares. Sans s’unir à d’autres compagnies, Baboo peinera à
sortir des chiffres rouges, situation peu enviable dans cette aviation
civile fortement secouée par la flambée du pétrole.

De toute manière, la stratégie de croissance définie par la nouvelle
direction de la compagnie ne pourra être poursuivie que par la mise en
place rapide d’accords solides qui assureront à Baboo un bien meilleur
positionnement qu’aujourd’hui.

Le virage qui est pris aujourd’hui est importantissime pour la
compagnie genevoise. S’il est bien négocié, Baboo s’installera
durablement sur le marché.