«Le succès de Genève tient à la mixité du trafic» (Edition 2016-15)

Genève Aéroport affiche une croissance continue depuis des années. Entretien avec Robert Deillon, Directeur général depuis une décennie.

Robert Deillon, l’aéroport enregistre un nouveau record de passagers en 2015 et boucle le premier trimestre 2016 sur une hausse de 7,2%. Comment expliquez-vous cette croissance continue?

Les aéroports européens connaissent de façon générale des taux de croissance positifs. La Suisse affiche pour sa part une relative bonne santé en comparaison d’autres économies. Le succès de Genève Aéroport, en 2015, tient à la mixité de son trafic. Le segment de la clientèle diplomatique a été dopé par les nombreuses conférences organisées tout au long de l’année. Par ailleurs, le développement de la desserte a favorisé cet accroissement du nombre de passagers.

En termes de capacité piste et terminaux, où se situe la limite de saturation?

Malgré une piste unique, Genève Aéroport dispose encore d’une marge de développement qui lui permettra de répondre à l’évolution de la demande. Les nombreux investissements que nous consentons pour améliorer l’offre qualitative permettront d’accommoder ces vols supplémentaires de manière satisfaisante. Pour l’heure, nous flirtons avec la saturation à quelques moments de la journée, voire certains jours de l’année, mais des créneaux restent disponibles à d’autres moments de la journée. 

Les experts estiment que la trop forte dépendance à un seul acteur est risquée. Qui plus est lorsqu’il s’agit d’un Low Cost. Qu’en dites-vous?

A Genève Aéroport, le segment du Low Cost représente au total 47% du trafic total. C’est un chiffre conforme à ce qui se passe dans tous les autres aéroports européens spécialisés dans le point à point. Ce chiffre doit aussi rappeler que 53% du trafic est réalisé par des com-pagnies traditionnelles, et l’ouverture de nouvelles lignes long-courriers est là pour le rappeler. Les alliances y sont fortement représentées. Notre zone de chalandise est importante et notre segmentation de marché nous garantit des clientèles variées.

Swiss, vous l’avez dit, fait preuve d’une grande souplesse dans la gestion de ces lignes. Que dites-vous de son approche Low Fares à Genève?

Swiss s’adapte à un marché qui connaît effectivement des évolutions importantes. L’amélioration de leur compétitivité passe par l’augmentation de l’offre, de la qualité de ses produits, mais aussi par l’adaptation de ses prix. Force est de constater qu’ils sont très actifs sur ces différents fronts, ce dont il faut se réjouir. 

La capacité sur le Golfe sera bientôt énorme, avec une hausse de 65% du nombre de sièges au début juillet. Ne craignez-vous un problème de surcapacité?

Nous allons effectivement connaître une importante augmentation de la capacité, qui devrait contribuer à rendre encore plus compétitives les routes incluant un transfert via les hubs du Golfe. Cette augmentation de l’offre répond à une demande elle-même en augmentation. 

Il incombera aux grandes compagnies européennes de rester attractives pour résister à cette concurrence.

Pourquoi l’aéroport est-il intéressé à une entrée au capital de celui de Lyon?

Nous avons une collaboration de fait au plan opérationnel depuis longtemps.
La possibilité d’entrer au capital de cet aéroport voisin va donner un cadre officiel à cette collaboration. 

Si nous sommes en concurrence potentielle à la limite de nos zones de chalandises respectives, nous devons régulièrement parler d’une même voix avec nos interlocuteurs communs. Nous n’en serons que plus forts.

DS