Dans un passé récent, lindustrie touristique a toujours relevé la
tête, aussi dramatiques que furent les circonstances. Cette capacité de
résistance est un fait avéré. Les exemples ne manquent pas, qui
témoignent de cette facilité déconcertante à tourner la page. Quil
sagisse de faits de guerre ou de phénomènes naturels incontrôlables,
voire imprévisibles, le tourisme est souvent lexception qui confirme
la règle.
Depuis lautomne dernier, le tableau devient chaque jour plus noir. La
crise financière mondiale népargne nullement la Suisse mais,
visiblement, le citoyen lambda préfère encore et toujours renoncer à
dautres biens de consommation avant de revoir à la baisse son budget
vacances. Cette parenthèse annuelle, le Suisse continue de lestimer vitale malgré les vents contraires.
Sans fin ni cesse, les médias peignent le diable sur la muraille depuis
lautomne dernier. En matière de vacances, le Suisse y demeure
insensible. Tel est le constat que lon peut faire aujourdhui en
analysant létat des réservations des grands TOs et en prenant le pouls
de quelques agences de voyages indépendantes. Dailleurs, le résultat
est identique en Suisse francophone comme en Suisse alémanique: les
Suisses voyageront cette année même si le mode de réservation est
marqué par des confirmations plus tardives quauparavant. A ce jour, on
nobserve pas de changement frappant dans lapproche du Suisse moyen:
les familles réservent, les dossiers sont dun bon niveau et ce nest
pas forcément les offres bon marché qui ont la cote dans les agences.
Toutefois, il convient de relativiser. Deux semaines seulement se sont
écoulées depuis le début de lannée et chacun sait désormais que tout
peut rapidement basculer, dans un sens comme dans lautre. De plus, les
grands TOs ont mis cette année le paquet en termes de rotations
charters. Ces milliers de sièges, il faudra les remplir. Des
changements de programmation sont donc inévitables. Sans eux, les prix
devraient être tirés vers le bas avec tous les dangers que cela
représenterait pour la rentabilité des opérations.
Dun autre côté, le premier trimestre risque dêtre relativement long
pour les producteurs dans la mesure où les vacances de Pâques ne
tombent quen avril. Et les relâches de février risquent aussi de
souffrir puisque les conditions denneigement sont meilleures que
jamais et pourraient inciter le Suisse moyen à rester au pays. Enfin,
le gros des réservations de lété ne se fera que très tardivement,
précisément en raison du décalage des vacances de cette année 2009.
Ce nest quaprès quelques mois quun vrai bilan intermédiaire pourra
être tiré. Aujourdhui, lélément le plus réjouissant reste que la
branche se porte bien et sattend à un exercice pas aussi noir que
celui que daucuns prédisaient. Cest là lessentiel: le tourisme
serait-il vraiment anticyclique? Ou plutôt antidépressif?