Suisse-Mexico avec une airline du Golfe (Edition 2016-09)

Comme dans l’UE, un puissant lobbying sera activé

Jouir de la 5e liberté pour voler entre le golfe Persique et une destination d’outre-Atlantique n’est pas nouveau. Gulf Air l’avait fait entre sa base et New York JFK, via Genève, et Qatar Airways, à ses débuts sur le tarmac genevois, avait imité sa voisine de Bahreïn en lançant des opérations Doha-Genève-Newark.

Accusées de tous les maux par les compagnies américaines et par les deux grands groupes européens que sont Air France-KLM et Lufthansa, les compagnies du golfe Persique dérangent les plus hautes sphères politico-économiques d’Amérique du Nord et de l’Union européenne: elles mènent la danse de la consolidation de l’industrie aérienne, en particulier Emirates et le transporteur national des Emirats Arabes Unis (E.A.U.), Etihad Airways. Leur croissance est à deux chiffres depuis des années, contrairement aux autres airlines du globe qui reprochent aux deux compagnies «sœurs» de profiter des largesses de la puissante Abu Dhabi. 

Dans ce contexte lourd, aucune issue n’est possible en Europe pour un vol vers Mexico nécessitant une escale au retour: Londres ne fera pas cadeau de slots; Aéroports de Paris mettra les pieds au mur, comme Amsterdam; en Allemagne, point d’ouverture possible non plus face au groupe Lufthansa. Reste donc la Suisse où l’OFAC confirme le dépôt par les E.A.U. d’une demande de droits de trafic vers Mexico. Si le traitement du dossier est du ressort de la Confédération, un puissant lobbying ne manquera pas d’être activé pour empêcher, voire retarder, le feu vert des autorités compétentes. 

De plus, l’obtention de droits de trafic est une chose, celle de slots disponibles en est une autre – à ce jour, aucune demande officielle n’est parvenue aux responsables des slots dont la prochaine conférence aura lieu en juin à Hambourg. Et si l’on ajoute le fait que Berne veut prendre de plus en plus le contrôle des grands aéroports suisses, on se dit que le dossier «Emirates» risque fort d’attendre.

Mais tout peut s’accélérer si la Suisse (donc Swiss) trouvait son compte dans les contre-prestations liées aux accords bilatéraux. Wait and see.

Dominique Sudan